Wednesday, April 09, 2008

Du Merce Rock avec Jean Claude Galotta

Jean Claude Galotta, chorégraphe aimant le mélange des genres et la création débridée, propose à travers le spectacle « My Rock » une revue sonore illustrée par des séquences dansées. His « My Rock » présenté au public de Rabat le soir du mardi 8 avril 2008 was beautiful. Ce franglais de circonstance est dû au fait qu’il y a du Merce Cunningham dans les performances chorégraphiques que ses danseurs et danseuses ont exécutées avec brio en suivant ses consignes.
C’est un spectacle composite où la parole, la vidéo, la musique et la danse moderne s’interpénètrent tant dans l’espace que dans le temps. C’est à une sorte de recueil de morceaux choisis, et à un chapelet scintillant, qu’il nous convie et leur succession nous plonge doucereusement dans l’histoire jumelée du rock et de la danse moderne. De telles alliages étonnants et détonants ne sont pas inédits pour l’estrade du Théâtre National Mohamed V qui, on s’en souvient, en a vu de plus retentissants. En effet, au début de l’an 1990, cet espace a été investi par une formation ballettique provenant du Portugal (Ballet Gulbenkian) qui, pour compléter les pièces composant le puzzle ballettique, a proposé au public R’bati un fameux morceau intitulé « Mémoire pour Edit Piaf ». Nous en avons relaté la plus-value chorégraphique dans un billet artistique publié en temps opportun dans un quotidien marocain. Danser académiquement sur du Piaf, il faut le faire. Avec Galotta on assiste à un plébiscite mais qui est ontologiquement beaucoup plus éloquent et plus historiographique. Avec ce chorégraphe venu des Beaux Arts on assiste à un jumelage de lectures: lecture sonore d’un tube musical et lecture chorégraphique sous-jacente. Y a-t-il juxtaposition sémantique entre deux lectures? L’illustration est-elle mutuellement fécondée? Le rock’n’roll d’Elvis Presley, avec la vivacité de son rythme, pourrait aisément trouver une réplique chorégraphiée, pas comme on le fait dans les dancings où l’on se déhanche comme on veut dans l’exigüité du lieu, mais en y adjoignant habilement l’expressivité nécessaire. Le Presley chorégraphié auquel Galotta veut rendre hommage est finement ciselé. Selon Galotta l’histoire du rock interfère avec celle de la « modern dance ». Du coup, il se profile devant nous les silhouettes minces et élancées des pionnièrs: Martha Graham et Merce Cunningham, deux figures de proue de la danse contemporaine et dont les adeptes se trouvent aujourd’hui aux quatre coins du monde. C’était un spectacle plaisant baignant dans une lumière monochrome. L’on en retiendrait tout particulièrement la séquence dansée sur la chanson de Leonard Cohen. Elle est étonnamment subtile , car l’auteur de Suzanne et de Hallelujah est connu par sa voie mélancolique et tristement belle, mais Galotta y’a insufflé du tonus et la remarquable prouesse du duo qui l’a exécutée donne aux fans de ce grand chanteur canadien une jouissance spirituelle.
RAZAK
Rabat le 8 avril 2008

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