Depuis 2006, les organisateurs des iifa-awards (Oscars indiens) ont, à bon escient, intégré une section Fashion dans leurs festivités. De ce fait, la kermesse bollywoodienne sans chapiteau fixe est devenue une kermesse de haute couture et une estrade de démonstration pour exhiber à la fois les travaux d’aiguille et les talons aiguilles. Côté «Guest», les bollyphiles n'en regrettent cependant qu'une seule petite fausse note qui dérange la symphonie: le refus proche du boycott du « King » de Bollywood Shahrukh Khan. Sans la présence de cette méga star dont les fans se comptent par milliers non seulement au Bharat (nom historique de l’Inde) mais aussi dans les autres parties du globe, le festival paraîtrait imparfait. Le post-gandhisme vestimentaire où l’on fait fi de l’austérité, autrefois dictée par l’impératif de la décolonisation, connaît aujourd’hui un véritable boom. On rivalise d’ingéniosité, en se servant d’un fil et d’une aiguille. Les saris côtoient les blue-jeans. Et ce sont les célébrités du cinoche qui sont les porte-étendards de cette mouvance. On voit de jolis galbes, des silhouettes élancées et les actrices qui ont pris de l’âge et du poids dissimulent (par pudeur) leur corps derrière de jolis habillements traditionnels brodés avec minutie et amour. Ce qui différencie les iifa-awards des autres cérémonies de remise de trophées organisées de part le monde c'est leur spécificité qui fait partie intégrante de la structure filmique adoptée par les indiens depuis Alam Ara (Le Nouveau Monde) le premier film archétypique du cinéaste visionnaire Adershir Irani. Ce dernier eut la géniale idée d’introduire, en pionnier, des chansons dans son film. En Inde, l’avènement du cinéma lyrique a été concomitant avec l’avènement du cinéma parlant. La cérémonie organisée par l’Académie Internationale du Film Indien s’est «adershirisée» à son tour. Les acteurs et actrices auréolés se livrent à de remarquables performances chorégraphiées dont les chansons sont tirées de films hindis célèbres. Ce qui ajoute à l'événement plus de glamour, d'agrément et de gaîté.
Lors de l'édition de Dubaï, l'auteur de cette chronique cinégraphique, ainsi qu'un autre cinéphile, avaient eu l'honneur d’être officiellement invités par les organisateurs indiens, pour compléter la recherche documentaire sur la musique Filmi et ses soubassements anthropologiques, mais faute de moyens matériels (un billet aller retour Rabat-Dubaï-Mombai coûte les yeux de la tête) on avait raté l'édition émiratie où le film Black de Sanjay Leela Bhansali avait trôné agréablement. Nous en avions prédit la démarcation, des mois avant la délibération finale. Le livre que l'on voulait consacrer au cinéma indien aurait été achevé, il y a belle lurette, si les bons vents avaient soufflé en notre faveur et insufflé leur motricité bienfaitrice sur notre voilier. Mais la barque buta contre des flots insurmontables. L’idée d’un tel ouvrage n’est pas abandonnée.
Les iifa-awards, c’est aussi la participation massive des stars (tous calibres confondus) de Bollywood et une nuée de médias audiovisuels s'agglutinant autour d'elles. Un festival est synonyme de fête. Les indiens ont raison de penser ainsi. Car le mot festival renvoie au verbe copulatif festoyer qui signifie faire la fête. Mais faire la fête ne veut pas dire commettre des orgies dionysiaques ou des actes impudiques dont les relents se trouvent étalés le lendemain sur les tabloïds de faits divers et méfaits pervers. On n’a jamais entendu parler d’une veulerie poussée à l’extrême d’un des Bachchan ou des Rochan. Même les Khan de Bollywood (excepté le célèbre trublion musclé qui aime faire le pitre, d’ailleurs sans grande méchanceté) ont un nom à respecter. Bacchus ne leur tourne jamais la tête. On trinque entre amis, mais la lucidité reste de mise.
Qu'en est-il du Festival International du Film de Marrakech, la manifestation cinématographique la plus budgétivore de tout le Maghreb?
Les tensions du jour sont essuyées par les escapades alcooliques du soir. Les dérapages sont fréquents. L’on se rappelle de cette actrice «boujadia» qui, voulant jouer aux vedettes, cria : « Tournée générale » croyant que la boisson dans ce night-club de ralliement ne dépasse pas 15 dirhams l’unité (1,5 Euro). Elle se retrouve à la fin du festin devant une facture salée. La pauvre n’eut l’honneur sauf qu’en demandant de l’aide à sa maman. "Faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou" Jacques Brel avait dit vrai.
Ce festival franco-marocain souffre de sa structure bicéphale. Dans la partie marocaine, on retrouve le même bicéphalisme puisqu’on a deux têtes de vice-présidents dont celle qui se croit plus cinéphile vient d’être visée du doigt et discréditée par le fameux rapport de Midaoui le président de la Cour des comptes. Malgré le fait qu'il soit arrivé à sa 8ème édition, le festival continue à chercher sa voie dans le tâtonnement et l’incertitude. Les critiques fusent de toutes parts. Ledit festival manque de fair-play et de bonne humeur : des vigiles renfrognés, des propos orduriers à tout-va, procédés avilissants de mise à l’écart, ségrégation entre les festivaliers, discrimination entre les gens de la presse écrite et la presse électronique, des fonctionnaires qui se prennent pour les maîtres de cérémonie et le contrôle aux rayons X constituent une véritable torture. Pour voir un film ou assister à une conférence de presse, on doit impérativement s'exposer aux rayons X, une manière de marquer les pauvres os des festivaliers, comme faisaient autrefois les cow-boys qui marquaient au fer leurs veaux. N’est-ce pas suicidaire que de se soumettre à cette zoo-cinéphilie abrasive? Il faudrait avoir un organisme en métal pour pouvoir y résister. On sait que ce "bombardement radioactif" s'immisçant à travers le cinoche n'est pas une exception marocaine. Même à Cannes cet assassin invisible nommé X opère dans l’impunité, mais à Marrakech on force la dose. Sur le plan évolutif, le festival n'a toujours pas trouvé les attributs thématiques et autres qui favoriseraient sa relance. La date de sa tenue a subi d'incessants changements à cause de la concurrence sévère des deux festivals de Dubaï et du Caire.
Personnellement, j'ai assisté aux premières éditions du FIFM mais depuis 2006, je n’éprouve plus l’envie d’y aller car la lassitude et la monotonie m’en empêchent. Etant Holly-Bollyphile convaincu, seuls ces quelques noms me feraient changer d’avis, si un jour on s’avisait de les inviter, côté Bollywood : Chahrukh Khan, Leela Sanjay Bhansali, Lata Mangeshkar, A.Rakha Rahman, Madhuri Dixit, Alka Yagnik, Udith Narayan, Nana Patekar, Naseeruddin Shah, côté Hollywood : Robert de Niro, Richard Gere, Kevin Costner, Morgan Freeman, Emma Thomson , Clint Eastwood, George Clonney, Robert Redford, Sean Penn, Al Pacino, Samuel Lee Jackson, Jane Fonda.
Sans le vouloir peut être, le FIFM commence à sombrer dans un exhibitionnisme stupide. Le cirque débilitant des M’as-tu-vu a tué la cinéphilie. A titre anecdotique et compte tenue des bizarreries de basse couture que les «stars» marocaines ont exhibées aux médias lors de la 8eme édition de ce «vestival» où aucun film marocain n’a eu (ne serait-ce qu’une fois) le privilège de la distinction, nous suggérons aux organisateurs d’imiter les indiens en insérant dans la programmation un défilé de mode afin d’effacer l’image humiliante qu’ont captée les invités étrangers du fameux tapis rouge. Une ceinture large de 15 centimètres, une sandale en faux cuir montant jusqu’aux genoux, des burnous draculesques , on se croirait dans un mauvais péplum des années 60 ou dans une cérémonie de circoncision. Où’ est-elle la finesse qui distingue l’artiste du néophyte ?
A proprement parler, le cinéma marocain n’est pas encore né. Les films d’importation ne trouvent plus regardeur. Mais qui s’en soucie? Autrefois le pays disposait de plus de 270 salles de cinéma, aujourd’hui il en a perdu plus de trois quarts et l’on continue de dire « il fait beau ». Figurez-vous qu’à Rabat la capitale du pays, il n’y a plus de cinéma qui présente les nouveautés du 7eme art et l’on se demande comment les nombreux prétendus critiques de cinéma font pour analyser les films.
Lors de l'édition de Dubaï, l'auteur de cette chronique cinégraphique, ainsi qu'un autre cinéphile, avaient eu l'honneur d’être officiellement invités par les organisateurs indiens, pour compléter la recherche documentaire sur la musique Filmi et ses soubassements anthropologiques, mais faute de moyens matériels (un billet aller retour Rabat-Dubaï-Mombai coûte les yeux de la tête) on avait raté l'édition émiratie où le film Black de Sanjay Leela Bhansali avait trôné agréablement. Nous en avions prédit la démarcation, des mois avant la délibération finale. Le livre que l'on voulait consacrer au cinéma indien aurait été achevé, il y a belle lurette, si les bons vents avaient soufflé en notre faveur et insufflé leur motricité bienfaitrice sur notre voilier. Mais la barque buta contre des flots insurmontables. L’idée d’un tel ouvrage n’est pas abandonnée.
Les iifa-awards, c’est aussi la participation massive des stars (tous calibres confondus) de Bollywood et une nuée de médias audiovisuels s'agglutinant autour d'elles. Un festival est synonyme de fête. Les indiens ont raison de penser ainsi. Car le mot festival renvoie au verbe copulatif festoyer qui signifie faire la fête. Mais faire la fête ne veut pas dire commettre des orgies dionysiaques ou des actes impudiques dont les relents se trouvent étalés le lendemain sur les tabloïds de faits divers et méfaits pervers. On n’a jamais entendu parler d’une veulerie poussée à l’extrême d’un des Bachchan ou des Rochan. Même les Khan de Bollywood (excepté le célèbre trublion musclé qui aime faire le pitre, d’ailleurs sans grande méchanceté) ont un nom à respecter. Bacchus ne leur tourne jamais la tête. On trinque entre amis, mais la lucidité reste de mise.
Qu'en est-il du Festival International du Film de Marrakech, la manifestation cinématographique la plus budgétivore de tout le Maghreb?
Les tensions du jour sont essuyées par les escapades alcooliques du soir. Les dérapages sont fréquents. L’on se rappelle de cette actrice «boujadia» qui, voulant jouer aux vedettes, cria : « Tournée générale » croyant que la boisson dans ce night-club de ralliement ne dépasse pas 15 dirhams l’unité (1,5 Euro). Elle se retrouve à la fin du festin devant une facture salée. La pauvre n’eut l’honneur sauf qu’en demandant de l’aide à sa maman. "Faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou" Jacques Brel avait dit vrai.
Ce festival franco-marocain souffre de sa structure bicéphale. Dans la partie marocaine, on retrouve le même bicéphalisme puisqu’on a deux têtes de vice-présidents dont celle qui se croit plus cinéphile vient d’être visée du doigt et discréditée par le fameux rapport de Midaoui le président de la Cour des comptes. Malgré le fait qu'il soit arrivé à sa 8ème édition, le festival continue à chercher sa voie dans le tâtonnement et l’incertitude. Les critiques fusent de toutes parts. Ledit festival manque de fair-play et de bonne humeur : des vigiles renfrognés, des propos orduriers à tout-va, procédés avilissants de mise à l’écart, ségrégation entre les festivaliers, discrimination entre les gens de la presse écrite et la presse électronique, des fonctionnaires qui se prennent pour les maîtres de cérémonie et le contrôle aux rayons X constituent une véritable torture. Pour voir un film ou assister à une conférence de presse, on doit impérativement s'exposer aux rayons X, une manière de marquer les pauvres os des festivaliers, comme faisaient autrefois les cow-boys qui marquaient au fer leurs veaux. N’est-ce pas suicidaire que de se soumettre à cette zoo-cinéphilie abrasive? Il faudrait avoir un organisme en métal pour pouvoir y résister. On sait que ce "bombardement radioactif" s'immisçant à travers le cinoche n'est pas une exception marocaine. Même à Cannes cet assassin invisible nommé X opère dans l’impunité, mais à Marrakech on force la dose. Sur le plan évolutif, le festival n'a toujours pas trouvé les attributs thématiques et autres qui favoriseraient sa relance. La date de sa tenue a subi d'incessants changements à cause de la concurrence sévère des deux festivals de Dubaï et du Caire.
Personnellement, j'ai assisté aux premières éditions du FIFM mais depuis 2006, je n’éprouve plus l’envie d’y aller car la lassitude et la monotonie m’en empêchent. Etant Holly-Bollyphile convaincu, seuls ces quelques noms me feraient changer d’avis, si un jour on s’avisait de les inviter, côté Bollywood : Chahrukh Khan, Leela Sanjay Bhansali, Lata Mangeshkar, A.Rakha Rahman, Madhuri Dixit, Alka Yagnik, Udith Narayan, Nana Patekar, Naseeruddin Shah, côté Hollywood : Robert de Niro, Richard Gere, Kevin Costner, Morgan Freeman, Emma Thomson , Clint Eastwood, George Clonney, Robert Redford, Sean Penn, Al Pacino, Samuel Lee Jackson, Jane Fonda.
Sans le vouloir peut être, le FIFM commence à sombrer dans un exhibitionnisme stupide. Le cirque débilitant des M’as-tu-vu a tué la cinéphilie. A titre anecdotique et compte tenue des bizarreries de basse couture que les «stars» marocaines ont exhibées aux médias lors de la 8eme édition de ce «vestival» où aucun film marocain n’a eu (ne serait-ce qu’une fois) le privilège de la distinction, nous suggérons aux organisateurs d’imiter les indiens en insérant dans la programmation un défilé de mode afin d’effacer l’image humiliante qu’ont captée les invités étrangers du fameux tapis rouge. Une ceinture large de 15 centimètres, une sandale en faux cuir montant jusqu’aux genoux, des burnous draculesques , on se croirait dans un mauvais péplum des années 60 ou dans une cérémonie de circoncision. Où’ est-elle la finesse qui distingue l’artiste du néophyte ?
A proprement parler, le cinéma marocain n’est pas encore né. Les films d’importation ne trouvent plus regardeur. Mais qui s’en soucie? Autrefois le pays disposait de plus de 270 salles de cinéma, aujourd’hui il en a perdu plus de trois quarts et l’on continue de dire « il fait beau ». Figurez-vous qu’à Rabat la capitale du pays, il n’y a plus de cinéma qui présente les nouveautés du 7eme art et l’on se demande comment les nombreux prétendus critiques de cinéma font pour analyser les films.
RAZAK
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