Monday, November 23, 2009

Le road-movie entre érrance et quête identitaire




Le road-movie entre errance
et quête identitaire
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Par RAZAK
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1e partie
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« L'immobilité, ça dérange le siècle», disait Léo Ferré dans une de ses chansons. A la fin d’une autre il crie: « Hé, Monsieur Richard, le dernier pour la route». Nous voila ramené lyriquement vers le sujet qu l’on voudrait débattre: le road-movie. Mais avant le décryptage de ce genre de cinéma au contour sémantique mal défini, l’on aimerait en rappeler les lointaines prémisses et les soubassements qui ont précédé l’avènement du cinématographe de plusieurs dizaines de siècles. L’exode humain a été mis en évidence dans de nombreux récits religieux (ancien et nouveau testament, le talmud, le coran…). Dans le Mahabharata (plus long poème épique hindou) on trouve des mentions se rapportant à ces migrations humaines qui d’ailleurs n’étaient pas inconnues chez les anciens grecs. Noé et Bouddha faisaient partie des grands voyageurs les plus mythiques et atypiques. L’homme primaire bien qu’il soit acculé à vivre dans les grottes était un errant.
La mobilité sur terre n’a pas eu de répit. Le globe terrestre lui même est en perpétuel mouvement giratoire. Avec l’essor des Sciences et technologies spatiales, l’homme a fait le grand saut vers le cosmos . Cinématographiquement, la conquête de l’espace a fait l’objet de moult space-movies. Entre la cinématique (étude physique du mouvement d'un point matériel) et le cinématographique, il y a un lien de consanguinité incontournable : le mouvement.
Les migrations humaines qui se sont déroulées sur terre entre méridiens et parallèles avaient une multitude de raisons et une foultitude de motivations. Les plus simples à saisir sont celles qui ont été dictées par l’impératif végétatif. On se déplace des zones arides vers les zones prospères où poussent de l’herbe et des céréales. Les caravanes du désert étaient mobilisées, tantôt à cause de l’austérité (recherche des oasis de subsistance), tantôt par le commerce. Ainsi, la Route du Sel et les Routes de la Soie avaient dépassé le cadre étroit des échanges commerciaux pour servir, par brassage, le linguistique et le culturel.
Les routes maritimes et fluviales assuraient la liaison entre différentes nations et divers continents. La parole et les coutumes voyageaient avec ces itinérants. Même les plantes comme le fameux Ginkgo Biloba (arbre aux mille écus) prenaient la route avec les hommes. D’ailleurs, comme tout un chacun peut le constater, le nomadisme végétal est toujours de rigueur. Il n’y a qu’à voir le nombre d’arbres fruitiers exotiques importés de loin et que l’on a plantés dans les serres du parage. Les botanistes en tant qu’explorateurs voyageaient beaucoup. De même, les archéologues n’étaient pas des casaniers sédentaires. Autrement, on aurait eu moins d’égyptologues si on s’était fixé définitivement dans le canton où on est né. Un autre fait mérite d’être signalé en passant : certains tissus ont effectué de grands périples planétaires. Le plus célèbre est le blue-jean. Parti de Genova (Italie), il fait un escale en France (ville de Nîmes d’où le nom Denim) avant de traverser l’Atlantique. Mais quand il avait réuni tous les attributs qui lui sont propres (rivetage …), il va faire un come-back spectaculaire en Europe et de là il va conquérir la populeuse Asie (lire notre condensé sur l’histoire du blue-jean que nous présentons à travers une Dardacha-Chatt toujours online dans le blog Bouzghiba-Awards sous le titre : «Jeanération»).
Les croisades, la guerre de Troie (penser au fameux cheval de Troie), la découverte de l’Amérique, les expéditions portugaises et espagnoles du XVe siècle vont éveiller les esprits pour la grande aventure coloniale. Cela a induit de grands flux migratoires humains. Les italiens tout comme les hollandais avaient très tôt pris le large pour aller vivre dans ces nouvelles contrées. L’art n’était pas en reste. L’orientalisme avec Delacroix, Charles Dinet et Fromentin en témoigne. Le théâtre de Molière était un Travel Show, c’est à dire un spectacle ambulant. Le mondialisme artistique ne date pas d’aujourd’hui, qu'on rectifie les préjugés.
Revenons au fief naturel du road-movie : l’Amérique. La découverte de l’or et du pétrole dans cette région va attirer les aventuriers de tous poils, notamment des émigrants de l’ancienne Europe auxquels s’ajoutent les anglais, les irlandais et les africains entraînés jusque-là , non pas de leur propre gré, mais en tant qu’esclaves déplacés dans le cadre de ce qu’on appelle communément «Commerce Triangulaire». L’essor des chemins de fer a également favorisé cette mobilité démographique et géographique. Les cow-boys et les trappeurs qui sillonnaient le vaste territoire américain étaient des itinérants d’un genre spécial. Chacun devait porter avec lui un pistolet ou un fusil et des cartouches s’il voulait survivre. Les cow-boys sont des gens indépendants, poussifs et jouissifs à la fois, mais ils étaient des individualistes difficiles à apprivoiser. Ce sont eux qui vont inculquer à leurs descendants cette envie effrénée de changer constamment de place et d’aller chercher l’aventure dans des régions lointaines, quitte à y laisser leur peau.
RAZAK




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