Ciné-Répliques à méditer: Opération Espadon
Réalisateur: Dominic Sena
Scénario: Skip Woods
Idée saillante: Les mots ridicules que Hollywood ose appeler prose
Le richissime espion Gabriel Shear (John Travolta) fait un speech sur les prises d’otages traités par le cinéma, mais le super-hacker Stanley Jobson (Hugh Jackman) et l’agent fédéral Roberts (Don Sheadle) s’opposent à sa manière de concevoir les choses. Après le speech, il passe aux actes.
-Gabriel: Le gros problème à Hollywood, c’est la merde qu’on y fait. Une merde terrible et absolument sans intérêt. Je ne suis pas un petit réalisateur de films crasseux qui entrevoit l’existentialisme à travers les brumes d’une pipe à eau. C’est facile d’avoir les mauvais acteurs, l’absence de direction, l’alignement absurde et tout a fait ridicule de mots que plusieurs studios osent appeler prose. Moi, je parle du manque total de réalisme. Le réalisme. Ce n’est pas un facteur très percutant dans la vision filmique qu’ont les Américains de nos jours. Prenons «Un après midi de chien», par exemple, meilleur film de Pacino pour plusieurs, sauf pour «Scarface» et «Le Parrain» 1e partie. Si Lumet est à son meilleur, un chef-d’œuvre, il n’y a pas de doute. La cinématographie, le jeu des acteurs, le scénario, tout est parfait, mais ils n’ont pas repoussé les limites. Oui, mais si en fait, dans «Un après midi de chien»,le héros avait voulu s’en tirer, s’il avait vraiment voulu s’en tirer… mais si… et c’est là que ça se complique, mais s’il avait tué les otages au commencement, pas de pitié, ni quartier. «Faites ce qu’on vous demande ou la blonde en pantalon patte d’éléphant reçoit une balle dans la tête» Pan, Pan, Pan! Pas encore d’autobus. Très bien, mais combien d’innocentes victimes éclabousseront les vitrines, faudra-t-il, avant que la ville ne revoie sa politique concernant les prises d’otages et en est en 76, il n’y a pas de CNN, il n’y a pas de CNBC, il n‘y a pas non plus Internet. Avançons jusqu’à aujourd’hui, maintenant et même situation. Combien de temps faudrait-il aux médias pour provoquer une frénésie dans toute la ville en l’espace d’une heure ou deux, ce serait la plus grosse affaire de boston Budapest. 10 otages sont tués, 20 otages, 30 otages sans arrêt, Pan, Pan, Pan! Un après l’autre, servis en haute définition. On pourrait goûter la cervelle des victimes. Tout ça pourquoi ? Un bus, un avion, un ou deux millions de dollars que le fédéral a garantis. Je n’ y crois pas trop, mais ce n’est qu’une idée. Enfin, ce n’est pas dans l’esprit du cinéma conventionnel, je sais bien … mais si…
-Roberts: Il y a un problème avec ce film.
-Gabriel: Tu crois ?
-Roberts: Ça ne marcherait pas.
-Gabriel: Pourquoi?
-Roberts: Le public aime les dénouements heureux
-Gabriel: Pacino s’échappe avec le pognon. Le petit ami change de sexe. La vie est belle pour toujours, non?
-Roberts: Non
-Gabriel: Ah, l’homophobie
-Stan: Le vilain ne gagne pas. Question moralité. D’une façon ou d’une autre il doit mourir.
-Gabriel: Bien, la réalité dépasse la fiction parfois. Écoutez, je dois y aller. Il est tard. Merci pour le café.
L’intérêt pour cette réplique trouve sa justification dans l’insertion de la critique cinématographique dans le socle narratif. Évidemment Shear fait son exposé dans l’unique but de «repousser les limites» c’est à dire procéder au massacre collectif des otages.
Dominic Sena qui a réalisé ce film s’est montré beaucoup plus industrieux dans la séquence qui vient juste après cette réplique. Le making-of de l’explosion le prouve. L’alignement d’une série de cameras en a donné l’enchaînement stroboscopique. Aussi la séquence du bus aéroporté a exigé pas mal de prouesses et d’habileté. RAZAK
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