Réalisateur:
John Ford
Scénario:
Nunnally Johnson
D’après
une nouvelle de John Steinbeck
Titre de la réplique: Je serai
là où les gosses rient quand ils ont
faim
Recherché par la police, Tom Joad (Henri Fonda) est obligé de
quitter le campement avant l’aube. Dans
sa tête les idées progressistes de son ami
Casy (John Carradine) résonnent. Alors
que la famille sommeille, sa mère madame Joad (Jane Darwell) est la seule à lui
faire les adieux.
-Madame Joad: Assieds-toi une minute.
-Tom: J’aimerais rester maman. J’aimerais être près de toi et voir
ta tête quand papa et toi vous vous serez fixés dans un beau petit coin. J’aimerais
bien vous voir alors, mais je crois que je n’aurais plus jamais cette chance
maintenant.
-Madame Joad: Je pourrais te cacher Tommy.
-Tom: Je sais que tu le feras, mais je ne te laisserai pas le
faire, parce que si tu caches quelqu'un qui a tué un type, tu as de l’ennui
aussi.
-Madame Joad: Très bien Tommy et alors qu’est-ce que tu as l’intention
de faire?
-Tom: Tu ne sais pas à qui
je viens de penser? A ce pauvre Casy, à tout ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, comment
il est mort et je me suis souvenu de tout.
-Madame Joad: C’était un brave homme!
-Tom: J’ai pensé à nous aussi et aux nôtres qui vivent comme des
porcs et à cette bonne terre laissée en friche,
ou peut-être à un type qui a un million d’arpents,
alors que cent milles fermiers crèvent de faim et je me suis dit que si tous les nôtres s’unissaient
et gueulaient…
-Madame Joad: Oh tommy, ils te pourchasseraient et ils t’écraseraient
tout comme ils ont fait à Casy.
-Tom: Ils me pourchasseraient de toute façon. Tôt ou tard, ils
finiraient par m’avoir pour une chose ou pour une autre. D’ici-là …
-Madame Joad: Tommy tu n’as pas dans l’idée de tuer quelqu’un ?
-Tom: Non maman, pas ça. Ce n’est pas ça, seulement, mais puisque
je suis hors-la-loi de toute façon, peut-être
que je peux faire quelque chose. Peut-être que je pourrais trouver une réponse.
En fouinant partout, peut-être que je
trouverais ce qui ne va pas et puis voir s’il y a quelques chose à faire pour ça.
Je n’ai pas tiré ça au clair maman. Je ne peux pas. Ce n’est pas assez…
-Madame Joad: Mais comment j’aurais
de tes nouvelles Tommy? Mais Ils pourraient te tuer. Je n’en saurais rien. Ils
pourraient te faire mal, comment je le saurais?
-Tom: C’est peut-être, comme Casy disait : «un homme n’a pas
une âme à lui tout seul, mais rien qu’un
petit morceau d’une grande âme. La grande âme commune qui appartient à tout le
monde », alors…
-Madame Joad: Alors quoi Tom ?
-Tom: Alors ça ne fait rien. Je serai partout, dans l’ombre. Je serai
partout. Partout où tu seras. Partout où il y aura une bagarre pour que les gens
puissent bouffer je serai là. Partout où il y aura un flic qui frappera un gars,
je serai là. Je serai là où les types gueulent quand ils deviennent enragés et je
serai là où les gosses rient quand ils
ont faim et qui savent que la soupe est prête. Et quand les gens mangeront les
choses qu’ils font pousser et vivront
dans les maisons qu’ils construisent , je serai là aussi.
-Madame Joad: Je ne comprends pas tout ça Tom.
-Tom: Moi non plus maman. Mais c’est une chose à laquelle j’ai réfléchi.
Donne-moi ta main maman. Adieu!
-Madame Joad: Adieu Tommy ! Plus tard quand tout seras passé, tu reviendras?
-Tom: Bien sûr, maman.
-Madame Joad: Tom, nous ne sommes pas de ceux qui s’embrassent,
mais…
-Tom: Adieu maman!
-Madame Joad: Adieu Tommy!...Tommy
Un grand écrivain (John Steinbeck), un grand réalisateur (John
Ford) et un grand acteur (Henri Fonda), voilà ce qui se dégage de ce film néo-réaliste à l’américaine. Même les
seconds-rôles sont excellents. La mère et le pasteur Casy qui a perdu la foi
pour se dévouer à la cause des opprimés sont des personnages-clefs de cette merveilleuse histoire. Juste après les
adieux, le son de l’accordéon illustre la lourdeur de la tristesse que l’on a dans
le cœur. Il gémit comme dans une oraison funèbre. Ces notes attristées résument
les déceptions et l’absurdité du sort de
cette faille chassée de sa terre et puis condamnée au nomadisme routier. Un
road-movie d’une poignante réalité. Un film à voir et à revoir.
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