L'or fané de l’offshore et le
cinéma
1ère partie
L’or dont il est question est d’une autre nature. Il ne s'agit pas du métal
jaune dont la formule chimique (Au) occupe une place confortable dans la
classification de Mendeleïev et dont l'Histoire universelle a immortalisé les
ruées folles chez les humains, (pensez aux nombreux films westerns) mais des
sommes colossales gagnées par les sociétés-écrans n'existant que sur du papier
et par les coursiers chargés du transfert de fonds entre une frontière
contrôlée par le fisc local et une autre, poreuse, laxiste ou adoptant
carrément un système d'imposition de type Zéro-Impôt.
Ainsi, profitant d'une situation exceptionnelle, ces coursiers gagnent
plus que les Golden-boys de Wall Street. Ces territoires où la taxation est
absente ou tendant à l'être s'appellent: ''paradis fiscaux''. Il en existe une
bonne panoplie sur notre pauvre
planète. L'expansion coloniale en a légué quelques uns comme Samoa, les Iles Marshall et les Iles Vierges
britanniques.
L'offshoring transactionnel est
devenu une manne pour certains, mais pour d'autres une dépravation et ils militent
ardemment pour qu'elle cesse pour de bon, ou du moins que l’on procède à sa
régularisation et à sa conformité. Cependant, il y a un hic: le flou artistique
enveloppant la domiciliation, sans oublier aussi que des personnages haut
placés que l’on croyait au delà de tout
soupçon participent en bons cabotins à ce vaudeville obscène, en soutenant ce
système qui les convient.
Même les pays qui ont mené une révolution sanglante pour assainir les
rouages sociétaux se retrouvent devant le fait accompli, incapables de changer
quoi que ce soit. Mais sur le plan cinématographique on est sûr que compte tenu
de sa sophistication et des ramifications secrètes où elle se déploie, il y aura dans les décennies à venir, des
cinéastes qui y trouveraient matière fluidique et capricieuse pour leurs films.
Comme pour les guerres de Césséssion, du Golfe et du Vietnam, le documentaire
précédera la fiction. La guerre du fisc va bientôt commencer. Les
documentaristes les pus chevronnés ont déjà donné le signal du déclenchement via le Net.
Ainsi, ceux qui croient que le phénomène
sera vite oublié se trompent de prévision.
Un des signes avant-coureurs qui corroborent cette vision
ciné-moralisante, c’est le retour aux sujets tabous de jadis dont le
maccarthysme liberticide avait tracé les frontières. Ce ne sont pas des Russes
qui le font, mais des Américains de pure souche. Ils veulent régler leur compte avec une page noire
de l’Histoire culturelle de cet immense pays formé de plusieurs pays. Ainsi, bien
rattachés à la mémoire collective, ces faiseurs d’images veulent aujourd’hui
rendre hommage à leurs aînés, victimes de la répression conservatrice, avec à
leur tête le scénariste prolixe Dalton Trumbo.
La répression n’est pas aussi aveugle qu’on le croit. Ce sont ceux qui
réfléchissent bien qui sont visés, quant aux bêtes, on les laisse paître dans
des pâturages arides cernés de fils barbelés. Trumbo voulait défendre ses
droits de travailleur hollywoodien, on en a fait un subversif. Après les
sévices qu’on lui a infligés, le temps lui a donné raison en léguant son nom à
la postérité, après avoir souffert le martyre à le porter.
Il ne s’est rien passé et la guerre froide dans sa cruauté antagonique a
cessé avec la chute du mur de Berlin. La Perestroïka en a balayé les derniers
débris. Mais les camarades de Trumbo en ont payé cher leur engament.
Les paradis fiscaux, feront l’objet de nombreux films, car de par leurs
sinueuses structures, le suspense est garanti. Déjà dans le mot ''offshore'',
on trouve le handicap frontalier et le superflu géographique qui facilitent
l'évasion fiscale. Son antonyme ’’onshore’’ signifie: dedans le territoire. On
peut facilement y maîtriser les flux. Par contre, l’offshore ne dépend que de
la bannière qu’il arbore. Quand il s’agit d’une république bananière, ça
devient une source de gâchis et d’effusion fiscale.
Les îles isolées des continents s’offrent impeccablement à l’offshoring
frauduleux. Pour donner un semblant de légalité à ces transactions, il faut un
peu de diversion et de doigté juridique. Les érudits de la loi
transcontinentale entrent en action, pour déblayer le terrain, baliser les
pistes et fortifier les passerelles. Y a-t-il un investisseur de gros calibre
qui agit sans l'aide de ces auxiliaires en affaires? Celui qui avait dit que
les fiduciaires malhonnêtes et les experts juridiques mal intentionnés sont la
source de toutes les abominations et calamités, ne s'était pas trompé de
constat. Car ce sont eux qui connaissent les ficelles, les trous et les failles
des textes de loi. Autrefois, on parlait de francs-maçons, aujourd’hui, les as des
affaires juridiques cherchent à leur damer le pion sur un terrain qui leur est
étranger.
RAZAK
No comments:
Post a Comment