Thursday, December 06, 2012

Les Eros, Pathos et Dionysos du FIFM




Qu’est-il arrivé au patron de la SNRT et vice-président de la fondation du FIFM? Tout le monde (y compris ses nombreux subordonnés dont les frais de déplacement sont payés par la boite) désire le voir, comme nous d’ailleurs. Mais le Meknassi, qui trône sans partage sur l’audiovisuel marocain, semble introuvable, contrairement à son homologue: le directeur du CCM et qui  en arborant, lui aussi, la même casquette de vice-président, joue au «populaire», au piano-bar du palace de la RAM, qui perd de l’espace à chaque tombée de la nuit. Dans ce nid douillet où les lourds fauteuils jaunes s’offrent aux plus offrants et qui grâce à la maestria des trois musiciens (bienvenue au Sax) on y trouve un peu de cosmopolitisme et d’exotisme, allant de l’avocat bon-vivant qui vient se défouler après les joutes oratoires du tribunal, à l’homme d’affaire, attentionné ou misanthrope incorrigible.
Pour  schématiser à l’hellénistique, je dirais qu’il y a du Pathos, de l’Eros et du Dionysos, au sein de ce «vestival». Le Pathos se réserve aux jérémiades des acteurs et actrices en mal de renommée et puis qui savent qu’après quatre jours, ils seront priés de plier bagage, pour laisser la place aux nouveaux arrivants. L’Eros n’a pas besoin d’être ébauché, puisque dans les quatre entités alphabétiques que forme le sigle monosyllabique FIFM, il y a deux «F», (Effe, Eve…) d’où la dominance du côté féminin au sein de cette agora multiraciale, aux origines et chemins cloisonnés. Chaque année, à pareille époque, on se réunit comme dans des retrouvailles. La Libanaise du FIFM a pris du poids au point de paraitre légèrement obèse et sa chevelure en a pris du roux. Celle du début du FIFM était plus attirante, mais en faisant un petit tour d’horizon, où est passée la petite asiatique qui se faisait appeler justement: Celine Petit? Elle est de petite de taille, mais grande dans sa dynamique et sa serviabilité. La carte de visite, qu’elle m’avait remise en 2006, me fait souvent penser à elle. Cette femme communiquait mieux que nos lourdaudes jacasseuses officielles ou semi-officielles.
Le FIFM ne manque ni de paradoxes, ni d’émanations anecdotiques. La plus drôle concerne un journaliste qui vient au FIFM 2012 avec sa femme et le frère de sa femme. Mais ces hôtes sont sympathiques et aiment se faire plaisir, pas comme le «mâcon» du journal  casablancais qui vient plus pour les petits potins, que pour commenter les films. Le handicap linguistique (il ne connait que l’arabe) fait de lui un journaleux d’une piètre nuisance. Les fonctionnaires du ministère de l’information sont de la partie. On les voit sillonner les couloirs labyrinthiques du Palais des Regrets (je m’excuse je voulais dire des Congrès).
Soit, les «congressistes» parlent peu de cinoche, mais de débauche nocturne, de faux-gestes et de vexants lapsus. Comme on l’a déjà signalé dans d’autres chroniques, certaines sentinelles manquent d’éducation et de fair-play, tout comme ce pseudo-cinéaste aviné à l'excès   qui a brisé un verre, sans dire: «pardon» à la jeune serveuse qui a ramassé les bris et essuyé le sol du liquide déversé.
Retour au piano-bar, qui au soir devient si vivace, tout le monde picole, même le directeur de l’hôtel prend le plaisir de siroter de l’eau de vie, de précieuse qualité, avec ses amis. Une surprise en cache une autre: on commence à tolérer les flash-photos, alors qu’en 2010, on m’avait, manu militari, vidé mon appareil, comme si j’étais un paparazzi en quête de «têtes» à brûler. Caméra-Razak, out. Caméras-Hôtel, OK. Un poids, deux mesures. Il y en a toute une panoplie dans les couloirs de l’hôtel. Souriez, on vous filme. Soignez votre conduite, la RAM fait son cinéma documentaire. Cette magnanimité mérite d’être saluée, même humoristiquement.
Mardi soir, voulant rendre hommage à l’écrivain marocain Driss el Khouri, j’ai demandé à Youssef, le Phill Collins du trio musical de dédier une chanson à Ba-Driss. Ce fut la pathétique chanson du groupe Lemchaheb: «Rssami». Mais, se sentant un peu dépaysé et prenant le micro-baladeur, l’écrivain a dit: «Seul, Razak se souvient de moi». Un message subtil lancé à qui de droit.
L’on espère que Sail pense à cet écrivain qui constituait avec Choukri et Zefzaf un trio infernal de la littérature marocaine d’expression arabophone. Les écrivains de langue française ont le leur.
Mercredi soir, même endroit, même ambiance, je remets à un journaliste de TV5 une copie de mon livre. J’espère qu’en dehors de l’encombrement du programme, il aura le temps d’en lire quelques bribes.
RAZAK             

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