«Pauvre riche
FIFM»: il n’y a pas meilleur oxymore que celui-ci, pour entamer cette chronique
de synthèse. Pourquoi pauvre riche? La pauvreté réside dans l’esprit de
certains protagonistes, qui ne veulent pas évoluer. La richesse se trouve dans
les liasses des subvenions allouées, tant pour son fonctionnement, que pour son rayonnement.
A la misère des idées, s’ajoutent les aléas
climatiques, qui cette année, ont eu de l’incidence en perturbant son déroulement naturel. Le mois de
décembre n’est pas le mois idoine, pour
la tenue de cette manifestation cinématographique qui rêve d’une gloire
impossible. Ce n’est pas la première fois qu’on le dit, de cette manifestation qui pourtant étant prédisposée, dès son lancement,
à un avenir bien meilleur. Un froid sibérien, venant des cimes du Grand Atlas, a submergé
la ville où il s’est tenu.
Ainsi, si l’on
croit les paroles d’un des vice-présidents, 6 milliards seraient engloutis dans
l’organisation de cette manifestation. Si on m’avait accordé le droit de parole,
à l’instar des autres chroniqueurs culturels accrédités, j’aurais demandé plus
de détails sur les chiffres avancés. Est-ce que les billets de la RAM sont inclus ou non? Un billet
aller-retour
Mumbai-Marrakech couterait l’équivalent de six nuitées dans un grand
palace. Le transfert des bagages coûtent cher dans le transport aérien. Les observateurs avertis pensent que la facture réelle
du 12e FIFM en serait au double.
Soit, admettons que ce ne soit pas un mensonge d’Etat (lire Dérida) et que le patron du CCM dise la vérité, la sommation
des autres factures (12 éditions) donnerait un chiffre ahurissant, qui
ferait frémir et frissonner même les endurcis de la race humaine. De grandes
ressources mobilisées, sans pour autant, parvenir à des résultats probants. 12 éditions se
sont écoulées, mais le film marocain est toujours out. Cela prouve que notre
filmographie n’est pas au niveau. Qui est le responsable de cette situation désastreuse?
En tout cas, bravo au jury. On avait pensé qu’on allait soudoyer ses membres pour déroger à la règle et donner crédit à un navet issu de notre pauvre pépinière. Le «Zéro» de Lakhmari doit son rejet aux dialogues mal écrits et à la redondance de certaines scènes. Ayouch se perd dans le «trop-suggestif» dont il a usé dans son dernier film en compétition. Cela nous replonge à nouveau dans la problématique de la rareté des vrais scénaristes au Maroc. Ceux qui s’y connaissent se comptent sur les doigts d’une seule main et ils sont marginalisés parce qu’ils ont osé critiquer les gestionnaires du secteur.
En tout cas, bravo au jury. On avait pensé qu’on allait soudoyer ses membres pour déroger à la règle et donner crédit à un navet issu de notre pauvre pépinière. Le «Zéro» de Lakhmari doit son rejet aux dialogues mal écrits et à la redondance de certaines scènes. Ayouch se perd dans le «trop-suggestif» dont il a usé dans son dernier film en compétition. Cela nous replonge à nouveau dans la problématique de la rareté des vrais scénaristes au Maroc. Ceux qui s’y connaissent se comptent sur les doigts d’une seule main et ils sont marginalisés parce qu’ils ont osé critiquer les gestionnaires du secteur.
La ville de Marrakech
manque d’urinoirs et d’infrastructures socioculturelles de base, mais on
continue à dilapider les deniers publics, de manière hautaine , arrogante et provocatrice. Figurez-vous
qu’à Marrakech les touristes trouvent des difficultés à soulager leur vessie, puisque les urinoirs à Guéliz sont pratiquement
inexistants et les Chleuhs des cafés sont atteints par cette fâcheuse habitude
de cadenasser les sanitaires. Si on avait consacré, ne serait-ce que 10 % des milliards dépensés, au WC de la
ville ocre, on aurait fait d’une pierre deux coups. Ainsi, quand le FIFM a démonté
ses lourds échafaudages et ses grands projecteurs, gros bouffeurs de kilowatts,
les clochards, les oisifs et les désœuvrés,
chassés pendant le festival, ont repris leur place habituelle. Comme je suis
resté deux jours après la fin des dites «festivités», pour éviter l’encombrement
du train, je fus assailli par une horde de vagabonds, à quelques pas de l’hôtel
où je résidais. Si je n’avais pas froncé les sourcils et haussé le ton, on m’aurait
dépouillé en plein-jour. Les mendiants, avec toutes les misères du monde, se
sont remis à importuner les touristes, notamment ceux qui veulent prendre leur lunch à la terrasse.
Revenons au
FIFM pour parler de ses FAFM, c’est-à-dire: ses Fautes, Anomalies, Futilités et Maladresses. Le
célèbre acteur égyptien Nour Echerif en a révélé quelques unes. Ainsi, contrairement
à la «trop-revenante» Yousra, Echerif a eu l’audace de dire le non-dit. Il s’est
plaint du «luxe inhospitalier» et impopulaire dans lequel on l’avait largué. La
tour d’ivoire, où on a placé les hôtes les plus en vue, commence à agacer. Je
suis sûr que Nour Echerif serait
contenté d’une petite chambrette, équipée du juste nécessaire, si celle-ci se
trouvait à proximité des salles de projection. Cet acteur qui ne jongle pas
avec les mots voulait parler aux cinéphiles
marocains, aux journalistes et aux critiques de cinéma, mais on a dressé des barrières
entre lui et ces derniers. Tout cela est une fabrication française, étant donné
que la paternité de l’idée du festival reviendrait à Toscan Duplantier. Après sa
mort, sa femme en a pris les rennes. Les Marocains se chargent de la logistique
et assurent le financement. Mais les invités ne sont pas accueillis de la même manière. Qui mérite l’emblème du FIFM Amitabh Bachchan ou Catherine Deneuve, qui malgré le respect que j’ai pour elle, n’est plus neuve? Les Indous, dont on dit qu’on les avait bien accueillis,
n’étaient pas eux aussi ravis de cette «réclusion bourgeoise» et de ce «Glass-house»
sous haute surveillance, eux qui dans leur pays natal se sont habitués à des
festivités plus ouvertes et délassantes à l’extrême. Il n’y a qu’à voir les
Filmfare et les IIFA-Awards sur Youtube, pour en avoir une idée.
Pauvre Mamounia,
le palace en a, lui aussi et sans le vouloir, pris un sacré coup d’impopularité.
Les festivaliers de deuxième et dernière classe ne pouvaient pas y entrer. Durant
les 9 jours du FIFM, il se transforme en un arrondissement, en perdant ses
attributs hôteliers et hospitaliers. 3 vigiles au regard pestillent par mètre carré. Une telle
densité fait peur, sans oublier les dizaines de
«caméras-live» qui enregistrent même les hoquets, les toux et les
soupirs des gens.
RAZAK
(La suite
dans le prochain post)
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