L’hermétisme
sécuritaire imposé par les Français du FIFM (avec la bénédiction des locaux) a
pour but de veiller à la sécurité physique des “stars” invitées, mais il y a un
quiproquo: les soins en surplus et
l’overdose peuvent laisser des séquelles psychiques chez la personne concernée, qui avant de fouler du pied le sol marocain croyait qu’on l’aimait. En
pleine guerre froide, Mitterrand et Willy Brandt marchaient à pieds, sans
gardes-du-corps et sans escorte, eux qui étaient des politiciens ayant des
émules et des adversaires coriaces qui leur en voulaient.
Que dire des
starlettes de cinéma qui ont depuis jadis quitté les plateaux de tournage? Sûrement,
au crépuscule de la vie et par narcissime, l'on continue à se faire des illusions. Est-ce que
Deneuve et Delon d’aujourd’hui ont les mêmes degrés de popularité que ceux de jadis.
À une certaine époque, où Delon faisait tandem avec Belmondo, les teen-agers se
mettaient en transe à la vue du "plus beau acteur français". Aujourd’hui,
les ans ont fait leur effet. On est plus sage , certes, mais on vit le cinéma
au passé composé. Les stars d'aujourd'hui se nomment: Brad Pitt, DiCaprio, Keanu
Reeves, Nicole Kidman, Matt Damon, Ben Affleck, Tom Hanks, Tom Cruise, Johnny
Depp. Ces acteurs sont toujours en activité et ne répondent aux sollicitations
que sous des conditions bien précises, parce qu’ils n’ont pas de temps à perdre
dans des mondanités stressantes et exhibitionnistes.
Certes, il arrive que des
fans, fous de leur idole, commettent ce que j'appelle des petites “fautes
d’amour”, mais pas au point de nuire à leur intégrité physique. Ce serait
absurde. Ainsi pour éviter les petits dérapages de comportement, on a appliqué la
totale (entendre par ce terme: coller aux fesses des starlettes, au point de
leur voler leur intimité). Cette surveillance trop rapprochée et la sévérité de
la démarche sécuritaire donnent à la personne escortée l'impression qu’elle est visée par des malfaiteurs et qu'à
la moindre occasion d'inattention, elle serait liquidée.
Trop c'est trop. Avec ce style de surveillance mal pensé, on donne une mauvaise image du pays. Pourquoi Shah Rukh Khan dans ses deux visites-éclairs n'est pas resté longtemps au Maroc, alors qu'on France il a passé plusieurs jours? Est-ce la peur de ceux qui l’aiment follement?
Trop c'est trop. Avec ce style de surveillance mal pensé, on donne une mauvaise image du pays. Pourquoi Shah Rukh Khan dans ses deux visites-éclairs n'est pas resté longtemps au Maroc, alors qu'on France il a passé plusieurs jours? Est-ce la peur de ceux qui l’aiment follement?
Vous voulez pousser
l'hermétisme à son paroxysme, rien de plus simple et pratique: organisez les
séances de projection dans la salle de l'hôtel qui porte un nom abbasside et où ces surhumains sont casés sans
avoir la possibilité de communiquer entre eux. Cela les aiderait à se faire connaissance, parce que l’on
a remarqué de visu que les uns ignorent ce que font les autres.
Il est temps de revoir la vision, le philosophie du festival, les
normes d'hospitalité et les assises sur lesquelles on a bâti la fondation en apportant les équilibrages
et les réajustements nécessaires. Les Français du FIFM se resservent la part du
lion, les meilleures places et les grands palaces, les gros salaires, alors que les Marocains et les
Arabes de manière générale sont relégués au second plan. On a fait venir de
nombreux réalisateurs célèbres et d’autres moins célèbres, mais aucun d'eux n'a
donné la chanse et l'opportunité à un acteur ou une actrice marocaine pour figurer aux génériques de leurs films. Les clivages Nord-Sud
semblent ancrés dans la durée. Cette situation paradoxale me fait penser à un
poète que j’aime beaucoup: William Black:
«Chaque
nuit et chaque matin, certains naissent pour le chagrin. Chaque matin et chaque
nuit, certains naissent pour le délice exquis. Certains pour le délice exquis.
Certains pour la nuit infinie». En
écrivant ces vers pleins d’éloquence et de vérité, ce grand poète visionnaire voulait mesurer les distances, les écarts et
les disparités entre un fils de peuple n’ayant que sa dignité à faire valoir et
ceux qui naissent avec une cuillère en or dans la bouche , comme on dit
communément des fils de bourgeois et des notabilités ayant, en plus du
pouvoir, la richesse matérielle qui les rend deux fois plus puissants, par
rapport aux autres.
Ceux qui
naissent pour la nuit infinie ne vivent pas, mais vivotent. Une mort lente les
accompagne le long du trajet. Leur mauvais destin les largue dans
l’interminable déprime. Méprisés par ceux qui naissent pour les délices, ils ne
peuvent pas changer leur vie, même en reniant leurs principes, ou en montrant un
peu de docilité non-coutumière dans leur conduite et du respect envers ceux qui
détiennent les rennes du pouvoir, parce que le jeux sont ainsi faits. Il faut
qu’il y ait des pauvres pour que les riches savourent le plaisir de la
distinction. Il faut qu’il y ait des reclus fichés et cités dans les listes
noires et puis des marginaux périphériques
pour que ceux qui se trouvent au centre ressentent la différence. Bien
sûr, tout cela est factice et vicieux, car la société idéale est celle qui
donne à chacun sa chance, sans exclusion, sans préjugés réducteurs ni
favoritisme et que le meilleur gagne.
Qu’ils
soient écrivains ou artistes de génie, le chemin des « nés pour la nuit
infinie » est jonché de cailloutis anguleux, de clous rouillés et d’épines.
Seule alternative: changer de contrée et de pays, pourvu que les conjonctions
zodiacales favorisent la migration, sinon, c’est la nuit épaisse qui submerge
tout. On n’a qu’à souffrir en silence et regarder les autres jouir et profiter
des richesses du pays.
Nous vivons
dans une société intolérante et revancharde. Il n’y a qu’à voir les tribunaux
du pays et les banalités pour lesquelles on se dispute. Un mot mal déplacé et
voilà le crâne fracassé. On ne discute pas, on agit avec violence, alors que le festival poursuivait ses activités deux journalistes qui ont fait la prison racontaient leur calvaire carcéral. Il y a de quoi faire des polars hollywoodiens.
Et comme on
a peur de l’intelligent, l’administration préfère les cancres. On a le malheur
de les voir s’accaparer tout: la télévision, les poste-clefs des offices et des
grosses banques, les festivals et les espaces mondains. Ils ne lisent pas, ils ne répondent pas aux doléances et
requêtes des citoyens et quand par hasard ils sortent de leur cocon de soie et
de cristal et que vous avez l’opportunité de leur parler en aparté, ils se
métamorphosent et se montrent d’une
affabilité qui suscite l’étonnement. Tout çà c’est de la malice. Les rouages de
gestion exigent un peu de diversion, de théâtre et de simulation. Les honnêtes
gens appellent ça: hypocrisie, mais le
pire c’est que cette vicieuse tare a trouvé tous les ingrédients pour perdurer à l’infini.
RAZAK
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