Le journalisme
de petite besogne
et la
contagion suicidaire
C’est un
journalisme mercantile où l’on va doit au but matériel recherché et au diable
la vérité historique. S’offrant aux plus offrants, il fait du décousu de belles
étoffes. Les journaleux qui s’y adonnent à cœur joie ou à contre cœur sont des
costumiers de mauvais vaudevilles. Des farceurs impénitents. D’abord ils
ne respectent ni l’intimité des mots, ni la déontologie en vigueur. De
l’adverbe muet on fait un ourlet et de
la majuscule une dentelle. Ensuite comme des écervelés amnésiques, ils ne se rendent même pas compte
des méfaits commis. Comme ils sont incultes, ils sautent du coq à l’âne et du
lièvre à la vache avec une aisance inouïe. Chez eux tout est galvaudé à
outrance. Cependant, c’est l’autre côté de cette miteuse cavalcade qui inquiète.
Comme par paradoxe , cette désinvolture mesquine plait aux magnats outrageusement
argentés, imbus de leur personne et plus
que Narcisse ils sont fous de leur piètre parure. Les portraits que l’on brosse d’eux avec
de la cannelle alphabétique et que l’on
épice avec du girofle-somnifère sont en réalité des caricatures. Ces tatoueurs de
pacotille qui (ô malheur !) ont une carte de presse se moquent de
l’imbécile crédulité des demandeurs. Le
but est de gagner de l’argent en écrivant des sottises. Les commanditaires de
cette loto-rature qui misent sur des chiffres poisseux tombent dans le gouffre
qu’ils ont creusé de leurs propres poches. Ce qu’il y a de tentaculaire dans cette
pratique journalistique sans
ennoblissement, c’est qu’elle est contagieuse et fâcheusement exhibitionniste.
Avant la
duplication sonore et visuelle, elle a gâché
l’écriture. L’odieux visuel qui a avachi le peuple est plein de ratures, de fanfaronnades , de sornettes et d’histoires à dormir debout.
Autre lacune
misérabiliste, ces petits capitalistes de la presse vendue sont incorrigibles
et indomptables. On ne peut pas les dissuader par une quelconque argumentation,
car ils s’associent avec le diable. Ne
demandez pas à Marx de corriger leurs erreurs, c’est inutile. Le pavlovisme le
plus castrateur les a formatés à jamais. Ne dit-on pas: « affamez votre
chien il vous suit ». Ce pauvre Marx a été exploité par des demandeurs de
profits rentiers. Ils ont fait de ce philosophe de l’économie une passerelle pour
accéder à des postes rémunérateurs.
Monsieur le
gauchiste est devenu ambassadeur, Bravo pour l’ascension. Mais où sont vos
diatribes et vos tonitruants coups de
gueule ? Qu’est-ce qui a changé pour changer le fusil d’épaule ? La
lutte des classes a fini par de gros billets
de banque. Marx devrait s’arracher la barbe dans son caveau. Les Retourne-vestes
veulent rattraper le temps perdu. Il faut profiter du système avant que ce ne
soit trop tard. C’est une nouvelle doctrine plus forte que la religion et comme
elle est contagieuse elle est devenue l’apanage de ceux qui jonglent avec les
mots complaisants et qui acceptent de faire le singe dans cette jungle urbaine
où le plus riche dicte la ligne à suivre au
plus pauvre.
Chez les journaleux
carriéristes, il n’y a pas de place au militantisme. Il faut nourrir la
progéniture d’abord, en vendant aux magnats publics ou privés des mots tirés
par les cheveux et griffonnés à la hâte, mais bien astiqués et alambiqués pour
ne vexer personne. Comme la multitude n’aime pas les loosers, ces crieurs de la
presse ne chôment pas. Ils vivent à la merci de ceux qui gagnent.
«Démocratie
religieuse, unanimité électorale, guerre propre, générosité bancaire…» il faut être
dans un état d’ébriété excessif pour pondre de telles difformités langagières.
Ainsi quand l’ivresse s’empare des mots lucides, ce n’est pas la peine d’aller fouiller
dans les dictionnaires. Les mots insalubres ont souillé leurs pages. Tout va à
la trappe. Avec ces cafouilleurs la vérité est et sera toujours en détresse.
RAZAK
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