S-EAU-S DE JEAN MICHEL JARRE A MERZOUGA
Jovial , généreux , féerique ,
frissonnant , ingénieux, magnétique, n'ayons pas peur des mots , le dernier
show de Jean Michel Jarre (samedi 16 décembre 2006)restera à jamais gravé sur
chaque grain de sable de Merzouga . Bien qu'il soit dédié à l'eau et à sa problématique , le spectacle fut un carrefour des sciences , des techniques et
des genres artistiques. Il y' avait de la poésie , du chant , de la danse , de
l'électricité, de la musique savante et de l'ethno-musique , le tout mêlé aux
sonorités typiquement "jean-michel-jarriennes" . Il y'a longtemps que
je n'ai pas commenté un spectacle qui vaille la peine d'être commenté. Le jeu
n'en valait pas la chandelle , car il n'y avait rien de savoureux à mettre sous
le tympan . Merzouga-JMJ fut un régal pour les yeux . Merci à l'UNESCO de nous
avoir gratifié d'une telle soirée . Merci à Jean Michel Jarre d'avoir mis de
l'eau fraiche dans notre jarre. On ne se lassait pas de voir toutes ces cascades
scintillantes , ces jets de lumière que des mains expertes avaient synchronisés
aux coups de synthé.
"Le désert est un paradoxe" ainsi
disait le grand compositeur entre deux "Labass" . Le show fut une
attachante succession de paradoxes : Gagarine le cosmonaute redevient -hommage
oblige- Gagarine l'aquatique .Les bulles d'oxygène de JMJ ressuscitent son
exploit céleste .Les gnaouis font cause commune avec les instrumentistes
cravatés d'un orchestre philharmonique . JMJ l'agile veillait au bon déroulement
du spectacle .Soudain, c'est Leo Ferré qui se profile à l'esprit avec sa
crinière argentée .Celle de JMJ est noire comme une nuit d'hiver . « C'est la
vie » , JMJ avec des NRJ plein le sillon fait l'éloge d'une source de vie:
l'eau .En bon samaritain il nous conseille d'en prendre soin et d'en faire bon
usage . Il a raison de le faire, car le message d'un artiste doué de sa carrure
a une résonance particulière . Ainsi , sautant d'une estrade à l'autre et d'un
morceau à l'autre, JMJ n'a pas eu le moindre faux pas ni le moindre lapsus hors
texte .Il a dirigé ses orchestres avec maestria et jovialité ludique. Il a
réuni tout ce beau monde sur une dune de la région de Ouarzazate . Pourtant la
tache n'était pas mince de jongler avec les paradoxes aussi inhabituels que de
faire côtoyer sur un même plateau un gnaoui avec un violoniste qui joue d'après
partition musicale .Un alliage réussi entre l'art musical et le multimédia .Les
projections vidéo , les jeux de lumière et les feux d'artifice ont permis à
notre adorable saltimbanque d'ajouter une autre prouesse à son riche palmarès .
Ce que l'on retient de ce beau spectacle , c'est la joie de se produire devant
un public composite dont certains sont venus de l'étranger. JMJ a tout dit et
expliqué sauf une seule chose: il a omis de nous communiquer le nom des
instruments bizarroïdes qu'il a utilisés : un clavier en forme de guitare, un
segment à rayons de laser qui émet des sons fantastiques ,une sorte de harpe
fluorescente qu'il manie avec la paume de sa main et une flute digitale . Grâce
à H2O le compositeur d'Oxygène n'avait d'ambition que de nous avertir des
dangers que la pénurie d'eau potable causerait aux populations si on ne prenait
pas conscience des aléas climatiques et écologiques que les experts et environnementalistes
n'ont de cesse de rappeler . Son S-EAU-S a été reçu 5 sur 5.
RAZAK
(Samedi 16 décembre 2006)