Wednesday, May 09, 2018

Nouveau florilège de Razak (article L'Opinion)

Nouveau florilège  de Razak
 Ce sera le deuxième recueil, après « Au delà de l’Artifex, je dis »,  paru au Canada en 1995 et le 12e  livre de toute sa bibliographie. Il sera publié en France, sous le titre : « Présence des sens et de l’esprit, Recueil de nouvelles et de textes choisis ». Razak vient d’en signer le contrat d’édition, le mardi 17 avril. Lequel recueil comporte des textes inédits et d’autres qui ont été publiés dans les journaux. Diversité d’approches, de tons et de styles d’écriture. « La Maison du Baobab » relève du fantastique, « Rêve technicolor »  et «Absensulalité ! » sont deux nouvelles inspirées de la réalité vécue, « De Philosophin à Sophié » et « Fable écologique » sont en prose. « Le Mur » est  un récit autobiographique.Un bouquet de mots et d’histoires insolites.
En avant-goût, voici une sélection de passages et de citations, tirée de cet ouvrage littéraire , qui sortira à deux mois d’intervalle de son dernier roman « Ok, on ira voir ta sœur ! ». Le deuxième semestre de l’année 2018 connaîtra d’autres surprises. L’auteur cherche à battre son propre record personnel d’avoir publié 4 livres en une année (bilan 2012). La presse marocaine a unanimement salué cette performance.
Citations et extraits choisis :
-La Maison du Baobab: « Il savait que quelque chose d’étrange venait de franchir insolemment sa limite. C’était en physicien intéressé, qu’il abordait cette situation métaphysique. Il déploya toutes ses armes d’investigation que l’esprit de veille réactualise en cas de besoin. Comme il avait appris le code morse, il y revint pour tenter de décrypter ces sons étranges, qui malgré sa présence, n’avaient pas cessé pour de bon. »
-Une année qui s’en va : « L’être humain, devant  la suprématie de la  nature, n’est qu’une feuille d’éphéméride, une graduation d’une horlogerie, un grain de sablier, circulent d’urne en urne. Le moindre compte à rebours le fait tressaillir. A la veille de chaque nouvel an, le pas de l’homme, même le plus heureux du monde, raisonne lourdement. Son passé et tout le chapelet de souvenirs, qu’il a vécus, deviennent tout à coup si pesants. Le bonheur devient un fardeau. Formidable paradoxe. »
-Fable écologique : « Entre le Jasmin et Casanova de la flore, il y a  comme un gouffre abyssal. Casanova du monde végétal n’est autre que le vent pollinisateur. Il féconde tout ce qu’il frôle ou caresse sur son chemin. »
-Les chemins spiralés : « Les enfants de la malchance, à 18 ans, ils ont visité toutes les geôles. Ils ont la peau tatouée et pleine de cicatrices. Le cœur ébranlé par les malheurs, ils n’ont d’amour que pour le désordre. Les plus sensibles d’entre eux cèdent sous le poids de la frustration et du manque. Ils vivent l’exil intérieur ou se retrouvent égarés dans un asile, sans famille, sans amis, sans ancêtres valeureux et sans descendants. Ils n’ont à perpétuer aucune légende et n’astiquer aucun piédestal identitaire. »
 -Vision  transcendantale : « Quelle signification peut-on donner à un art sans finalité où le goût de l’éphémère et du gain matériel immédiat l’emporte sur celui de la pérennité? Le clivage et les motifs de séparation sont immenses. Il en est de même, pour les chanteurs ayant une voix à l’envers et pour certains édiles jonglant frivolement avec les textes de loi. Leurs dégâts désastreux jonchent les étagères des tribunaux et fissurent  le substrat  de  la société. Il leur faudrait beaucoup de justesse et de sagesse, pour que le cercle vicieux où ils se sont engouffrés, puisse redevenir une spirale transcendantale. »
-Les chats de minuit : « Les chats errants semblent chercher une étrange peste. Désormais, les quartiers qu’ils serpentent et où ils végètent ne leur jettent que du papier froissé et du chewing-gum usé, mâché et remâché, sucé de son saccharose. C’est pour cela, qu’on les entend toujours préluder des airs de complainte, à chaque fois qu’on les chasse de chez-soi, avant de cadenasser et verrouiller sa porte, en souhaitant nonchalamment leur perte. Alors, leurs miaulements, presque humains de consonance, ne s’achève  que lorsque l’aube les dénonce. »
-De Philosophin à Sophié : « De ses voltes-faces, il faut que je prévienne. Bons venants te viennent, mais les grimes sont les grimes. Bons bavards te contiennent, avec de matinales promesses, ils font des  collines. D’écriteau en écriteau, va le  train du monde. Il déraillera quand sa sombre fumée aura couvert l’horizon et la face de l’azur. »
-Debout les miroirs ! : « Première question du discret,  projetée sur un écran concret, première source de confiance ou de  dégoût et de méfiance et puis timidement curieux, il fait de l’optique. Tant mieux, ça ne gène aucun aveugle. »
-L’ultime chapitre : « Reprenons par petits tronçons le chemin de ta vie, toi jeune arrivant mal arrivé. Après la pénible grossesse, te voilà enfin sorti du ventre de ta maman les yeux embaumés  et le sourire vermoulu. Tes minuscules mains de petit nageur s’agrippent à tout ce qui est rugueux et nébuleux. Seul, le cactus les fera reculer. Ton petit crâne dégarni bouge alternativement de gauche à droite et de droite à gauche, comme s’il voulait dire, par ce mouvement pendulaire itératif, non aux premières odeurs reniflées à la sortie des entrailles maternelles. Sois le  bienvenu au nouveau monde, ô  petit homme, venu  après les 100000 nés cette année. Ceux qui te dépassent d’une semaine sont déjà baptisés et enregistrés dans des carnets dits d’état civil.  Si tu m’avais  demandé conseil, je t’aurais dit de  rester là où tu étais. Le monde où tu débarques  est barré d’interdits et bourré de contradictions,  de choses horribles. »
-Le Mur : « L’ingratitude de quelques uns qu’il a aidés à se faire un nom le rendait morose. L’un d’eux est devenu un magnat plein aux as. Du pauvre étudiant en quête d’embauche, il est devenu un richard qui a sa propre chaine télé.  On ne sait pas comment il a fait, pour cette ascension sortant de l’ordinaire. Est-ce par sorcellerie ? Cette pratique est très courante et largement répandue  dans un pays où même les ministres  et les chefs de partis fréquentent  les sorciers et les marabouts. »
-Rêve technicolor : « Les cinéphiles avertis savaient, avec preuve irréfutable à l’appui, que le vrai Eldorado se trouvait ailleurs. Le reste n’était que du slogan enrubanné dans du bluff bureaucratique.  »
-Absensualité ! : « Des fois, pour ne pas dire fréquemment, elle sombre dans une sorte d’absence funeste où sa sensibilité est vouée à l’errance non tactile, que les médecins, en gentils douaniers du corps humain, spécifient d’état comateux et que moi en toute simplicité je dénomme: Absensualité, c'est-à-dire: absence de sensualité. »
-Le clown se meurt : «On ne cache pas une fièvre avec des gants».
-Les dessous de la mer : « Cette immense émulsion  iodée où le sel gemme fait dissoudre ses saumures, a horreur des gens pressés ou vivant sous la contrainte. Elle n’a que deux graduations dans son cadran astral : le flux et le reflux. C’est cet interminable  va-et-vient cosmique  qui lui assure une certaine propreté  naturelle, car les  eaux  qui stagnent deviennent  putrides. »
-Le Labo : « Il y a des bêtises qui finissent en happy-end, comme dans les films hollywoodiens qui alimentent  le cinéma commercial. »
-Haro sur la ville : « Quand la liberté est circonscrite et proscrite, on ne fait que vivoter, comme des rats, avec l’impérieux impératif de savoir se faufiler entre les épines et les fils barbelés. »