Tuesday, November 28, 2017

Ainsi parla Laâlej au sein du FIFM Par RAZAK ( journal L'Opinion )


Ainsi parla Laâlej au sein du FIFM
Par RAZAK

Le FIFM, un des festivals de cinéma les plus budgétivores du Maghreb est actuellement à l’arrêt. Provisoire ou définitif ? Seul le futur nous le dira. Un prédicateur proche de la fondation qui le finance continue à rêver d’une résurrection sous d’autres allures et parures, pour perpétuer le profit. On est passé de l’euphorie du nouveau-né, à la désolation de l’homme d’affaires ruiné. La chute était prévisible, car l’effusion des sommes d’argent allouées à son organisation a atteint le seuil de l’inadmissible, sans pour autant récolter les plus-values escomptées, exaucer les vœux et promesses.
Pourtant , on aurait pu rectifier le tir et réparer , en temps opportun, pas mal de dysfonctionnements révélés par les critiques intègres, dont les plus débonnaires préféraient dormir dans un hôtel modeste de l’ancienne médina , la nuitée payée de leur poche, que de faire les pique-assiettes bourgeois dans un grand palace de Marrakech , avec les festins gargantuesques sous-jacents, payés par les organisateurs .

Si on avait la perméabilité enchanteresse d’écouter ce que disaient, à bon escient, ces diseurs de bonne vérité et dont personne ne voulait, on n’en serait pas arrivé là. ( lire nos articles intitulés respectivement : «  Les FAFM du FIFM », « Les Eros, Pathos et Dionysos du FIFM  », et « Le festival de Marrakech, l’être et le paraître ». )

                C’étaient enfin cette ruée cabalistique dans une gestion hasardeuse et bicéphale et puis cette fuite en avant qui avaient mené à l’impasse. Maintenant, l’ère semble enfin venue de tout révéler et tout dire, sans avoir froid aux yeux, puisque par bonheur, un esprit critique et débonnaire anime le sommet de l’Etat. C’est bon signe. Mieux vaut tard que jamais. Ce que l’on souhaiterait, ce serait d’aller jusqu’au bout dans cette purge salutaire. Il y a beaucoup de bras cassés et de fainéants qui attendent le coup de balai salvateur.
Ainsi, en rendant hommage à la méga-star indienne Amitabh Bachchan ( Mamounia 2003 ) nous voulions apporter notre pierre à l’édifice et surtout insister qu’à Marrakech, ville hindiphile jusqu’à la moelle , un festival international sans le cinéma indien, serait une myopie socioculturelle . On avait compris le message : on avait invité toutes les stars indiennes que l’on avait évoquées dans nos chroniques cinématographiques ( Chah Rukh Khan, Hrithik Roshan, Aichwarya Rai, Madhurit Dixit , Priyanka Chopra , Farah Khan … ) , mais de manière absurde et irrévérencieuse , on nous avait empêché de les rencontrer , pour leur offrir une copie de notre livre sur le cinéma indien intitulé : « Le Cinéma indien entre Nirvana et Navarasas » et dont des exemplaires sont déposés à la Bibliothèque Nationale . Où est la galanterie que le festival était sensé mettre en partage et favoriser ?
Pour rapprocher davantage les acteurs et comédiens marocains de leurs homologues indous , nous avions fait au sein du FIFM-2006 un travail exceptionnel, bénévolement et dans l’enthousiasme le plus magnanime, moi en tant que chroniqueur bloggeur et Essafi Khammar en tant que photographe. Un autre cinéphile de la SNRT, se sentant marginalisé par sa direction, s’était joint à notre duo. Parlant l’anglais, il avait participé à la rencontre amicale avec la délégation indienne qui comprenait entre autres : le réalisateur Vishal Bhardwaj (Omhara ) et le scénariste Robin Bhatt. Nous avions interviewé les comédiens marocains les plus en vue. Ils étaient presque tous des hindiphiles, chose qui prouvait que l’on ne s’était pas trompé ni de vision ni de pronostic. Essafi a immortalisé ces moments insolites avec des clichés d’une rare préciosité. Hélas,  bon nombre d’artistes interviewés sont morts. (Hassan Skali, Tayeb Laâlej, Afifi et tout récemment Abdellah Chakroune… ). Dans les archives conservées par ce photographe d’art , on trouve des traces sonores où Afifi chante en hindi et où Tayeb Laâlej, Habiba Madkouri, Abdellah Chakroune , Nabil Lahlou et Brahim Essaih (le père du doublage des films hindis ) disent ce qu’ils n’ont jamais confié à personne .
Nous leur rendons hommage tous, à travers cet extrait de la causerie avec le défunt Tayeb Laâlej : « Si vous voulez que les gens vous aiment et disent du bien de vous, alors mourrez, pour qu’ils vous célèbrent cérémonieusement. Les gens adorent les morts et détestent les nouveau-nés. »

 


Un remède contre le piratage vidéographique (article de Razak paru dans le journal L'Opinion )


Par RAZAK
Le piratage vidéographique c’est du vol. Tout le monde est d’accord sur la criminalisation de l’acte, mais l'on déplore que l'on se préoccupe peu de la manière et de la fermeté d’y mettre un terme. Hormis l’impératif de combattre cette pratique délictueuse, il ne faut pas oublier qu’au Maroc il y a des gens cupides qui en profitent et font tout pour que ce phénomène dévastateur perdure, s’amplifie pour le rendre plus complexe et difficile à éradiquer. A Rabat  (Souika de Bab L’Had ) et à Casablanca  (derrière l’hôtel Regency  et Joutiya de  Derb Ghallef )  on  trouve de grands stocks de films-DVD piratés, mais on ne touche pas à ce marché ,  comme s’il s’agissait d’un commerce légal. Avant de terminer le tournage de son film, Ridley Scott fut étonné de trouver au souk de l’ancienne  Médina de Rabat des ruches, chez ces vendeurs aussi futés que les renards. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’est plus revenu au Maroc, pour y tourner ses films .
 Avant l’avènement du digital, comme support de communication universel, on ne parlait que de contrefaçon ( cosmétique, marques vestimentaires signées, montres, lunettes …) et de tableaux imités ou plagiés. La nouvelle ère numérique, dont nous assistons aujourd’hui à sa flamboyante apogée et à sa spectaculaire épopée , a affecté tous les domaines et tous les secteurs de la vie courante. Le réseau des réseaux ( Internet ) en est le summum des summums. Les fruits qu’il nous offre ont, eux aussi, leurs pépins. Ainsi, la vente accrue des ordinateurs équipés de lecteurs DVD a poussé les gens à faire du « home-cinema » à faible coût. En réalité il s’agit de « home-DVD », car pour le cinéma il faut des salles équipées de projecteurs.  Les duplicatas illégaux de vidéogrammes légaux  se vendent comme des petits pains. Les hackers sont constamment branchés sur les fréquences ciné, via Internet. Il suffit de quelques clics seulement pour s’approprier l’œuvre d’autrui . Inutile d’en citer les longueurs d'onde. Parfois on trouve dans le disque compact la trace digitale du crime: le sigle de la chaîne piratée. Le logo fait partie du transfert. Les logiciels de montage en digital sont difficiles à manier. Une des conséquences fâcheuses de cette « Dévédéfication » non contrôlée, c’est la fermeture imminente de toutes les salles de cinéma que compte le pays. D’aucuns me rétorqueraient : pourquoi en Europe, le phénomène est relativement maîtrisé, et paradoxalement la cinéphilie de salle connaît un boom extraordinaire ? Il est question de culture et de niveau de vie. Dans cette région du monde, les habitants ont en plus de l’éducation, un revenu respectable et la manie bienheureuse de respecter le labeur d’autrui , tout en  possédant une conscience vigilante vis-à-vis des droits de propriété intellectuelle. Autre facteur important lié aux mœurs socioculturelles de mondanité : les gens aiment voir les films en salle. Malheureusement, cette conscience suit une échelle descendante, en allant des pays développés vers les pays paupérisés. Si dans les pays riches on commettait l’imprudence de laisser proliférer le piratage vidéographique , le déclin de la cinéphilie serait inévitable .
Au Maroc, la lutte contre le piratage constitue un véritable casse-tête. Les responsables, parfois en panne d’idées, ne savent plus à quel saint se vouer. De toute évidence, les plus lésés dans cet abattage, ce sont les auteurs. Ils en sont abattus. Mais on les marginalise dans cette opération. Quant au produit visuel marocain, excepté quelques sketches de « Marocains-francisants »,  le piratage de films made in Morocco n’en vaut pas la peine d'être tenté. Un film qui échoue dans les salles n’intéresse personne. Pourquoi et pour qui on va le pirater ? Même distribués gratuitement, peu de gens regarderont les films navets. La concurrence est sévère, car la production étrangère présente des atouts pleins d’attractivité.
Le piratage (comme on l’a mentionné dans d’autres chroniques) présente un aspect un peu trivial: on ne pirate que ce qui est bon. Les mauvais films seront épargnés et délaissés . Ce sera une perte de pixels et de volts pour le « gravage ». Il n’ont qu’un seul avantage : ils serviront d’alibi pour les contrôleurs écraseurs de CD et DVD. Mais leur ridicule cinéma commence à agacer.
Curieusement, on retrouve la même problématique et les mêmes contradictions que celles inhérentes au commerce des stupéfiants. Il y a d’une part, l’intoxiqué qui cherche sa dose quotidienne et d’autre part, il y a le gendarme qui en interdit l’usage. On arrête le trafiquant et on brûle la cargaison, mais deux semaines après, un autre dealer beaucoup plus audacieux reprend le trafic. De manière similaire, les autorités en charge du dossier des disques numériques piratés détruisent les prises au rouleau compresseur, mais l’on remarque que deux jours après ce rituel d’auto-flagellation, la duplication illégale reprend de plus belle. A la longue, tous les efforts d’assainissement déployés seront esquintés par l’essoufflement. Donc il faut chercher d’autres remèdes. La gageure serait de répondre efficacement à cette question : comment combattre le piratage de films sans nuire à la cinéphilie ? En Hexagone par exemple, les deux vont de pair : il y a un contrôle rigoureux et les distributeurs de DVD protégés par le copyright ont baissé les prix. Ce qui est salutaire dans cette démarche, c’est qu’on se garde d’endommager sauvagement, un produit qui appartient aux autres. Le rouleau compresseur, dans de telles circonstances, est une calamité. Écraser « Autant en emporte le vent » ou « Citizen Kane » c’est de la haine anti-cinéphilie. Il y a des chefs-d’œuvre  qui n’ont pas été distribués au Maroc, mais qui ont péri sous le métal lourd du rouleau compresseur. N’est-ce pas ignominieux ?
Tout à l’heure, j’ai parlé de « panne d’idée », tenez en voici une qui pourrait résoudre pas mal de tracas: au lieu de démolir, répertorier les vidéogrammes piratés et les conserver , ensuite acheter les droits de diffusion numérique et puis les distribuer en toute légalité à des kiosquiers ayant leur patente et leur registre de commerce. Il serait judicieux d’apposer ( ou graver ) une marque graphique ( âlama ) sur les disques pour les distinguer du reste. L’exemple de la régie des tabacs est à méditer. Grâce aux kiosques à tabac éparpillés sur tout le territoire national, on voit de moins en moins de cigarettes de contrebande. Si on appliquait le même système aux vidéogrammes, on ferait d’une pierre deux coups: encourager la cinéphilie numérique et renforcer la légalité et la fluidité de ce commerce. Le piratage, c’est du pire ratage. Soyons perméables aux idées constructives des autres, pour ne pas tout rater d’un seul coup . A bon entendeur , salut !


Chevaux de torture Par RAZAK. (article paru dans le journal L'Opinion )


Chevaux de torture
Par RAZAK

Quel est le quadrupède le plus torturé par les peintres marocains qui ne savent pas dessiner ? D’aucuns me diraient à la hâte: l’âne. Cette pauvre créature a toujours été prise pour ce qu’elle n’est pas. Comme un galérien, ce souffre-douleur encaisse les coups sans dire Ah. Pourtant, Enguidanos, le peintre espagnol qui s’inspirait de la réalité marocaine,  en avait immortalisé de jolis clichés for plaisants.
Le quadrupède en question n’est autre que le cheval. Cela pourrait paraître paradoxal, mais c’est la vérité. Hormis quelques  peintres qui maitrisent le dessin, et qui se comptent sur les doigts d’une seule main, les carences en matière de croquis anatomistes  sont criardes au Maroc. Charcuté, défiguré, amoindri,  le cheval arabe, autrefois si vénéré par les peintres orientalistes, comme Théodore Chassériau et Delacroix, est au plus bas niveau iconologique de son histoire. Les peintres pressés qui veulent gagner plus d’argent  en fournissant moins d’efforts, aidés par des  trafiquants  de tous acabits  et mis  sur le devant de la scène médiatique  par les criticaillons   n'écrivant que sur commande,  ont  perverti la scène artistique. Les séances  de vente aux enchères d’objets dits d’antiquité organisées  à Casablanca sont devenues le fief tout indiqué  d’un banditisme vorace. Tous les trafiquants d’œuvres truquées ou volés s’y retrouvent, avec l’envie déclarée de duper les gens. Ces ventes  organisées presque dans l’anonymat  nous  ont prouvé, dès leur lancement, qu’il y a anguille sous roche. Certes, il y a des amateurs d'art au delà de tout soupçon, qui viennent par curiosité voir ce qui se passe. Mais,  il y a beaucoup de vrais faux tableaux de  faussaires et de plagiaires pour qu'ils puissent séparer l'ivraie de la bonne graine. Mais nul n’ose dénoncer la mascarade. Ce qui étonne le plus, c’est le  silence complice du ministère de tutelle qui pourtant nous dit-on a pour tâche publique, de préserver le patrimoine culturel. Le patrimoine pictural marocain subit une campagne de falsification sans précédent, mais on laisse faire, comme si les pouvoirs publics étaient impuissants à redresser la situation. Les samsaras aidés par des courtiers incultes (on n’ose dire collectionneurs, car sous d’autres cieux  bénis par les muses de l’art, ces derniers ont  une certaine déontologie à faire valoir) ont tissé  des  réseaux maffieux vivant du trafic d’œuvres volées  et des gribouillis de pseudo-peintres. L’intervention du  fisc et de la perception est devenue une urgence d’une nécessité absolue, car cela permettrait de contrôler les transactions. Il est anormal que des smicards paient l’Impôt Général sur le Revenu (IGR), alors  que des gribouilleurs et des  trafiquants sans scrupule en soient exonérés. On ne compte plus les tentatives ratées de transposer correctement la "Beiaâ" (cérémonie d’allégeance) . N'est pas Léonard de Vinci qui veut.
Charcutés  désastreusement et caricaturés à l’extrême, ces  lavis d'une valeur artistique nulle  sont une honte pour la culture marocaine  et là on retrouve,  comme par malédiction,  le cheval dans ses figurations les plus repoussantes et les plus sordides.
Ainsi, si dans ’’Guernica’’, l’œuvre historique de Picasso, le cheval apparait dans un graphisme qui hurle de cruauté, c’est parce que la démarche historico-picturale a été dictée par les circonstances tragiques de la guerre civile. Mais en temps paix, ce quadrupède mérite d’être apprécié à sa juste valeur. Le cheval en plein galop est  d’une beauté extraordinaire, mais  on en a fait une monstruosité obscène, à force de peinturlurer à gauche et à droite. Dommage! Au pays du chevaleresque  Tarik ibn Zyad, le descendant d’Al Boraq devient rachitique. Il mérite mieux.
 


Ciné-tournages nuisibles Par RAZAK .( journal L'Opinion)




Ciné-tournages nuisibles
Par RAZAK

Dans le film « Allan Qurtermain et la cité de l’or perdu » de Gary Nelson, l’acteur marocain Larbi Doghmi porte de longues cornes et se vêtit en homme de caverne. Il casse des pierres avec sa tête. Dans « Body of lies » du revenant Ridley Scott, qui, durant le tournage à Rabat et à Salé avait bénéficié de facilités exceptionnelles, on découvre une image dégradante, tant du Maroc que des Marocains. Dans une séquence de ce film d’espionnage anti-arabe, un des protagonistes principaux dit à son compagnon : « nous voilà retournés à la civilisation ». Il parle des États-Unis évidemment. Dans le film de Dick Richards « Il était une fois …la légion » on décrit les berbères comme des Amérindiens, c’est-à-dire des Apaches. Par bonheur ou par damnation, ces deux films tournés au Maroc n’ont pas marché au box-office. Il sont passés inaperçus. Il n’en reste que le geste de trahison. Il en est de même pour d’autres superproductions américaines ayant reçu l’aval du CCM. On trouve les mêmes clichés dévalorisants et les mêmes inepties. Les responsables qui se sont succédés à la tête de ce centre de cinématographie, si décrié par la critique intègre ne pensent qu’à l’argent. Après la fermeture tragique des salles de cinéma et la réduction dramatique du nombre annuel d’entrées, (un déclin dont le centre endosse la responsabilité), on focalise maintenant sur les tournages étrangers où la concurrence est devenue très sévère. Ces tournages ne sont pas tous « clean » et irréprochables. Il y en a de plus décevants et de plus provoquants. Le cinéma de l’honneur tarde à apparaitre, puisque, malgré le honteux traitement imagé que l’on réserve aux habitants de ce pays à la civilisation millénaire, tous les tournages qui ont été refusés dans d’autres pays trouvent bon accueil au Maroc, comme si on avait affaire à des apatrides, sans passé et sans avenir. On oublie qu’avant l’art, il y a la dignité. L’honneur et l’amour-propre passent avant toute chose. On est pour l’ouverture, mais pas pour l’insulte. Ces seconds-rôles qui nuisent à la réputation du Maroc, sont pires que les attentats terroristes commis par des originaires de ce pays paradoxal, qui accueille bien les étrangers et néglige ceux qui y sont nés. La puissance de l’image est indétournable. Préoccupée plus par les festivals budgétivores et inutiles que par la bonne gestion des affaires cinématographiques, cette institution publique n’a trouvé comme ultime subterfuge pour sauver la face, que de consacrer une part du fonds d’aide destiné initialement aux Marocains, aux tournages étrangers, comme si les producteurs américains et autres en avaient besoin. Il y a de quoi se flinguer.
Les critiques intègres avaient beau signaler, à bon escient, les dérapages et dysfonctionnements du centre de ’’masticage et de cérémonies’’ (titre d’une ancienne chronique humoristique), en vain. On les prenait pour des rabat-joie invétérés, qui aboyaient sur une caravane immobile.
Les films étrangers tournés au Maroc et qui véhiculent une image négative de ses habitants sont légion. Avec leurs titres on peut constituer un annuaire. Les Mexicains, quant à eux, avaient fait preuve d’une vigilance remarquable, en imposant aux gringos américains certaines restrictions préalables, dans le but de préserver leur dignité. Pour le tournage du film ’’ Les Sept Mercenaires ’’, ( version western du film culte ’’Les Sept Samouraïs’’ de Kurosawa ) ils avaient dû rectifier de nombreuses pages du scénario initial. Est-ce que le CCM pourrait imposer ce « droit de regard » aux faiseurs d’image étrangers, dont on sait qu’une bonne partie est mal intentionnée ? Il faut beaucoup de bravoure pour vaincre la cupidité. Cela risque de faire fuir les « pris au piège ». Donc pas de sursaut salutaire à attendre de ce branle-bas juridico-économique, incongru et bizarroïde.
Dans un pays où tout semble galvaudé à outrance, il faut s’attendre à toutes les monstruosités imaginables, car malgré les décennies écoulées, de tâtonnement et d’errance cinématographique, on n’a pas trouvé « the right man for the right place ». Une de ces monstruosités qui vexent l’œil et l’ouïe s’appelle (tenez-vous bien) « festival international du film de femmes de Salé ». Nous sommes les seuls à inventer de tels sobriquets langagiers. « Film de femmes de Salé », cette difformité sémantique provoque le fou rire. Comme si les longs métrages que l’on projetait ne comportaient, de A à Z, et exclusivement, que des femmes, du caméraman au chef monteur, en passant par les autres collaborateurs de création cinématographique (accessoiristes, ingénieur de son, perchman, …). Bref, un film où tout est 100 % féminin n’est pas cinématographique, il est soit pornographique, soit ségrégationniste et un festival qui se base sur de tels simulacres propagandistes ne sert ni le 7e art, ni la culture qu’il est sensé animer.