Wednesday, May 31, 2023

Où va le monde de l'art ?

 Web-Chronique de Razak

Triste époque ! On ne donne plus au temps le temps de mûrir les choses. Tellement pressé, l'homme veut toujours courir plus vite que son ombre. Il oublie que c'est le soleil qui en décide. Autrefois, on s'extasiait du cliché Polaroid et de son instantanéité photographique. C'était une prouesse qui surclassait le travail lent et patient du peintre-portraitiste. Les mains de ce dernier étaient tellement occupées, qu'il oubliait de se raser la figure. Son hobby l'absorbait. Barbe rimait avec peinture, comme bière rimait avec marin. Polaroid allait devenir le selfie qu'exhibent les M'as-tu-vu d'aujourd'hui avec vanité. 

Les images fixes avaient déblayé le terrain au cinéma. Le parlant succédait au cinéma muet qui avait à cette époque, ses joyaux et ses joualliers. Chaplin en fut un des plus inventifs. La couleur ajoutait au noir et blanc une teinte réaliste. La quadrichromie paracheva la gamme. Elle devenait fantaisiste avec les faiseurs d'images ayant une inclination exacerbée pour la science-fiction. 

Parallèlement, l'acoustique connut un essor considérable grâce à l'introduction de nouveaux instruments sonores. La musique synthé bousculait la musique traditionnelle , née du contact du violon avec l'archet. Progressivement, les instruments cordophones cèdaient la place aux puces électroniques, qui pour la première fois, se mettaient à chanter. Même dans les musiques où les quadruples-croches peuplaient la partition, comme la musique arabe et la musique indienne, en avaient accepté l'usage et le métissage. Leur orchestration s'était avérée fructueuse, malgré le refus des puristes. Ces puces électroniques allaient   bouffer de  nombreux instruments , comme le Kanoun (harpe orientale) , l'Oud ( le luth) et le Nay (flûte) . Un synthétiseur pouvait exécuter les tâches musicales de tout un orchestre , du percussionniste au trompettiste. C'était ainsi que la musique psychédélique était née. Si elle avait plu à la jeunesse en quête d'évasion, elle avait déplu aux parents , qui y voyaient une source de déviation, car la drogue s'accommodaient avec ce genre de musique. Des groupes mal ou bien constitués y avaient bâti leur célébrité trans-planétaire , en monopolisant pendant un certain temps, l'industrie discographique. C'était la première fois que la musique-pop commençait à répandre de l'odeur. Celle de l'herbe qui donnait le vertige. La classe moyenne était la plus visée. Quant au Reggae, la classe des paupérises voyait à travers l'apparition des Rastas , une secte de gourous à suivre même en enfer. 

Le pionnier du genre est mort, mais ses adeptes s'en remémorent rituellement. Les tresses de chevelure Rasta font partie du paysage urbain. Il avait fallu du temps pour imposer ce style de musique.

L'art où la vitesse de création avait pu creuser son sillon sans encombres, c'était l'art sculptural. Parfois , c'était le hasard newtonien qui précédait la trouvaille , dans d'autres situations,  c'était l'idée qui comptait plus que l'oeuvre. Ainsi, Marcel Duchamp le "renverseur d' urinoirs" et Cezar le "tasseur-compresseur" de livres croyaient jeter aux calendes grecques Rodin et ses disciples, mais leur manège n'avait pas fait long feu. Pourquoi ? Parce que le vite-dit et le vite-fait (ready-made) avaient et ont toujours, un défaut inguérissable: ils font partie du jetable après usage, comme les rasoirs après rasage. La carence du temps nécessaire à leur maturité  les a condamnés à cette courte longévité. Tous ces sobriquets agencés furtivement portaient les stigmates de l'art éphémère. L'éclat de l'instant butait contre l'exigence de la durée. 

Le présent nous apprend un tas de révélations et de constats. Nombreuses sont les initiatives tombées en désuétude. L'effort qui donne à l'art de la noblesse a horreur de la précipitation.   Le tourbillon de la vitesse est de nature cyclonique . Seuls, les objets lourds y résistent.

Quand on se fatigue on fait recours aux machines. Mais la robotisation a le revers désagréable de favoriser la paresse. Entre l'euphorie physique et la passivité contre-productive, il fallait faire attention aux caprices de la machine et surtout se remémorer en toute circonstance ,  qu'un muscle qui ne travaille pas s'atrophie.

Aujourd'hui , il est désolant de constater que la vue l'emporte sur l'action. On est plus spectateur que joueur, plus oculaire que musculaire et plus passif que réactif. L'immobilité empoisonne le corps. Elle provoque l'obésité. Rester 10 heures devant la télé ou devant une console peut porter préjudice aux enfants en phase de croissance . Il y a deux risques majeurs : la dégradation prématurée des cellules visuelles par les megapixels et mauvaise circulation du sang . Ceux qui auront du surpoids auront des difficultés à dissiper les kilos excédentaires . 

Un parent averti avait deux . Quant  aux pressés de l'art , il est temps de régler la montre et laisser au temps le temps d'injecter son durable parfum. 

Monday, May 22, 2023

Kinema-Critique (5ème sélection)


 

Tirées des chroniques cinématographiques de Razak.

 


-« Au Far West, il n’y avait pas de sieste. Ce fut un monde à part ou l’on disait: ’’ les gens naissent égaux, mais c’est le colt qui les rend inégaux’’. Le plus rapide descendait  le moins agile. Quand on demandait à un cow-boy quel était  son vrai ami, il répondait : ’’le cheval et le pistolet’’. La loi de talion était de rigueur et en vigueur ».

-« Qui s’assemble se ressemble,  Cinecittà et le Colisée  ont toujours fait bon voisinage, malgré leur relatif éloignement sur la carte de la ville dont la légende dit  qu’elle est éternelle. L’une est parodie de l’autre. En  effet, comme vestige  d’une époque avide de conquêtes et de sang, l’ex-arène de gladiateurs bâtie par Vespasien et achevée par son fils Titus avec le butin des conquêtes, a été plusieurs fois ressuscitée par Cinecittà ».

-« Parmi les hors-la-loi qui sont devenus des célébrités du Far West,  il y a, outre William Bonney, que l’on a cité précédemment,  Jesse James et son Frère Frank, les frères Dalton  (dont le bédéiste Moris a dénombré les méfaits dans les albums de Lucky Luck), Robert LeRoy Parker (alias Butch Cassidy), Bill Doolin, Sam Bass, William Brocius, (alias Curly Bill), James Miller, Thomas Coleman Younger, John Wesley Hardin…. »

-« Avec ou sans moustache, Fonda reste égal à lui-même.  Il en est de même pour James Stewart ( voir  ’’Bandolero !’’ réalisé  par Andrew  Mc Laglen  et ’’Attaque au  Cheyenne Club ’’ de Gene Kelly). Cependant, les acteurs qui  comme John Wayne, Gary Cooper et Robert Mitchum ont porté l’étoile du chérif sans être obligé de porter une moustache, doivent leur renommée à leur carrure et leur gueule de cinéma ».

-« Beaucoup de mustangs ont été euthanasiés par ceux qui les montaient, parce que épuisés, ils ne pouvaient pas aller plu loin. A la première tendinite on les abattait ».  

-« Rappelons que le cinéma est né muet, mais les pianistes de grande renommée , comme Jordi, lui avaient  donné de la voix ». 

-« Dans le film « Allan Quatermain et la cité de l’or perdu » de Gary Nelson, l’acteur marocain Larbi Doghmi porte de longues cornes et se vêtit en homme de caverne. Il casse des pierres avec sa tête. Dans « Body of lies » du revenant Ridley Scott, qui, durant le tournage à Rabat et à Salé avait bénéficié de facilités exceptionnelles, on découvre une image dégradante, tant du Maroc que des Marocains ».

-« Les critiques intègres avaient beau signaler, à bon escient, les dérapages et dysfonctionnements du centre de ’’masticage et de cérémonies’’ (titre d’une ancienne chronique humoristique), en vain. On les prenait pour des rabat-joie invétérés, qui aboyaient sur une caravane immobile ».

-« Dans un pays où tout semble galvaudé à outrance, il faut s’attendre à toutes les monstruosités imaginables, car malgré les décennies écoulées, de tâtonnement et d’errance cinématographique, on n’a pas trouvé ‘’the right man for the right place’’ ».

-« Bref, un film où tout est 100 % féminin n’est pas cinématographique, il est soit pornographique, soit ségrégationniste et un festival qui se base sur de tels simulacres propagandistes ne sert ni le 7e art, ni la culture qu’il est sensé animer ».

 

 

Wednesday, May 10, 2023

Séquences dialogales (Razak)

         Tirées du roman : ’’ Ok, on ira voir ta sœur !’’.

Livre de Razak paru en France en 2018.

En vente sur Amazon, Fnac et d’autres cyber-ibrairies.

Lieux de fiction : Paris, Marseille et la  Route Bleue reliant Paris à la Côte d’Azur.


 

-Qu’on en finisse une fois pour toute. Vide ton sac. Si cette nuit ne suffit pas, on reportera le débat au lendemain. Tu as peut-être raison, on doit se séparer à l’amiable. Moi aussi, ça me chagrine de te voir constamment sur tes gardes, comme une  paranoïaque  qui craint que son mari aille l’égorger par somnambulisme.

-Tu n’es pas réel ? Tu sembles planer dans un vide sidéral, comme sous l’effet des joints. Toi aussi, la paranoïa te tenaille et te fait tourner sur toi-même, comme une vis filetée. Ta phobie est d’origine métaphysique. Elle te fait voir le destin sous les traits d’un démon, au point de paraître irascible et ennuyeux. Tu ne m’écoutes jamais. Beaucoup de gens ont essayé l’homéopathie. Pourquoi ne pas faire comme eux ? Il existe  des huiles naturelles pour ça.

-Je ne suis pas un stupide, pour croire à ces balivernes. Ce dont j’ai besoin, ce n’est pas l’homéopathie, mais un peu de sympathie de ta part.

-Qu’est-ce que ça te coûte d’essayer ?

-Tu parles sans cesse  d’homéopathie, est-ce que  tu sais au moins  ce que ça signifie ?

-Je ne suis ni  analphabète,  ni analpha-BIT. Grâce à  Google on peut avoir les explications nécessaires,  il suffit de savoir questionner.

Elle sort son ipad. Elle télécharge une notice médicale. 

-Voilà ce qu’on a écrit dans un site web spécialisé: « le médicament homéopathique, préparé à partir de principes actifs d’origine minérale, animale ou végétale, s’obtient après une série de dilutions et d’agitations ( dynamisation ) afin d’atteindre différentes concentrations très faibles ( doses infinitésimales )». C’est très explicite. On ajoute un élément statistique. Ecoute : « D’après le sondage réalisé par Ipsos, 56% de Français utilisent  des médicaments homéopathiques et 77% des répondants déclarent faire confiance à l’homéopathie ».

Pierre se remet à gratter le thorax. Il déboutonne la veste, ainsi que sa chemise neuve. Mais on ne voit pas de trace ni de sang, ni de pus.

-Regarde ma poitrine, c’est  rouge comme le crépuscule enflammé  que l’on vient de voir partiellement. Ce maudit virus veut  me brûler vif.

-Je ne peux pas voir. Ça me terrifie. Tu n’as pas mis le baume contre les démangeaisons. Où tu as égaré l’Euripax ?

-C’est de la crème Nivea. Ça ne donne  rien. Demain, j’irais  voir un autre dermatologue. Ce chacal  de la rue Theodore  vend du cosmétique. Il arnaque les patients. Il se fait plein de pognon avec ces pseudos médicaments. Les pharmacies tirent profit de ses ordonnances fantaisistes. Si j’étais un tueur à gage, je le flinguerais sans cligner les paupières. Je laisserais la dernière balle du barillet pour moi. J’en ai marre de cette  chienne de vie.

-Arrête de te torturer. C’est devenu psychique chez toi. Tes intentions criminelles et suicidaires me font craindre le pire ; et à chaque  fois que j’essaie de  te raisonner, tu me prends pour une idiote. Par ailleurs, quand je te parle de pause, tu m’incrimines et tu m’accuses de tous les maux. Sache qu’en matière de douleur, comme l’a dit l’auteur de ’’Zona’’, tu n’as pas le monopole de la souffrance. Beaucoup de gens en ce moment gémissent dans les hôpitaux,  mais en silence, dans la résignation et la dignité. Ce matin, le conférencier, qui est plus expérimenté que ce dermatologue de pacotille, a dit que le St doré est indestructible. Il ne faut pas lui en vouloir. Après mon retour du voyage, on ira dans une station thermale.

(A la prochaine séquence dialogale de ce roman à rebondissements)