Tirées du roman : ’’ Ok, on ira voir ta sœur !’’.
Livre de Razak paru en France en 2018.
En vente sur Amazon, Fnac et d’autres cyber-ibrairies.
Lieux de fiction : Paris, Marseille et la Route Bleue reliant Paris à la Côte d’Azur.
-Qu’on en finisse une fois pour toute. Vide ton sac. Si cette nuit ne suffit pas, on reportera le débat au lendemain. Tu as peut-être raison, on doit se séparer à l’amiable. Moi aussi, ça me chagrine de te voir constamment sur tes gardes, comme une paranoïaque qui craint que son mari aille l’égorger par somnambulisme.
-Tu n’es pas réel ? Tu sembles planer dans un vide sidéral, comme sous l’effet des joints. Toi aussi, la paranoïa te tenaille et te fait tourner sur toi-même, comme une vis filetée. Ta phobie est d’origine métaphysique. Elle te fait voir le destin sous les traits d’un démon, au point de paraître irascible et ennuyeux. Tu ne m’écoutes jamais. Beaucoup de gens ont essayé l’homéopathie. Pourquoi ne pas faire comme eux ? Il existe des huiles naturelles pour ça.
-Je ne suis pas un stupide, pour croire à ces balivernes. Ce dont j’ai besoin, ce n’est pas l’homéopathie, mais un peu de sympathie de ta part.
-Qu’est-ce que ça te coûte d’essayer ?
-Tu parles sans cesse d’homéopathie, est-ce que tu sais au moins ce que ça signifie ?
-Je ne suis ni analphabète, ni analpha-BIT. Grâce à Google on peut avoir les explications nécessaires, il suffit de savoir questionner.
Elle sort son ipad. Elle télécharge une notice médicale.
-Voilà ce qu’on a écrit dans un site web spécialisé: « le médicament homéopathique, préparé à partir de principes actifs d’origine minérale, animale ou végétale, s’obtient après une série de dilutions et d’agitations ( dynamisation ) afin d’atteindre différentes concentrations très faibles ( doses infinitésimales )». C’est très explicite. On ajoute un élément statistique. Ecoute : « D’après le sondage réalisé par Ipsos, 56% de Français utilisent des médicaments homéopathiques et 77% des répondants déclarent faire confiance à l’homéopathie ».
Pierre se remet à gratter le thorax. Il déboutonne la veste, ainsi que sa chemise neuve. Mais on ne voit pas de trace ni de sang, ni de pus.
-Regarde ma poitrine, c’est rouge comme le crépuscule enflammé que l’on vient de voir partiellement. Ce maudit virus veut me brûler vif.
-Je ne peux pas voir. Ça me terrifie. Tu n’as pas mis le baume contre les démangeaisons. Où tu as égaré l’Euripax ?
-C’est de la crème Nivea. Ça ne donne rien. Demain, j’irais voir un autre dermatologue. Ce chacal de la rue Theodore vend du cosmétique. Il arnaque les patients. Il se fait plein de pognon avec ces pseudos médicaments. Les pharmacies tirent profit de ses ordonnances fantaisistes. Si j’étais un tueur à gage, je le flinguerais sans cligner les paupières. Je laisserais la dernière balle du barillet pour moi. J’en ai marre de cette chienne de vie.
-Arrête de te torturer. C’est devenu psychique chez toi. Tes intentions criminelles et suicidaires me font craindre le pire ; et à chaque fois que j’essaie de te raisonner, tu me prends pour une idiote. Par ailleurs, quand je te parle de pause, tu m’incrimines et tu m’accuses de tous les maux. Sache qu’en matière de douleur, comme l’a dit l’auteur de ’’Zona’’, tu n’as pas le monopole de la souffrance. Beaucoup de gens en ce moment gémissent dans les hôpitaux, mais en silence, dans la résignation et la dignité. Ce matin, le conférencier, qui est plus expérimenté que ce dermatologue de pacotille, a dit que le St doré est indestructible. Il ne faut pas lui en vouloir. Après mon retour du voyage, on ira dans une station thermale.
(A la prochaine séquence dialogale de ce roman à rebondissements)
No comments:
Post a Comment