Les semaines du film européen et le manque à gagner
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les semaines du film européen organisées à Rabat attirent du monde. Il y a belle lurette que la capitale avait perdu les bonnes salles qui programmaient les films nouveaux notamment américains. Mais le théâtre de la ville (TNMV) en de pareilles festivités ne désemplit pas. Cet engouement serait dû à deux choses: le mailing et l’importance de l’entité organisatrice à savoir la Délégation de l'Union européenne qui regroupe désormais 27 Etats membres. Qui pourrait refuser une invitation émanant de cette imposante institution ? Les malins disent que ce n’est pas par amour au cinoche que l’on se déplace mais par amour au Schengen. Ceci est peut-être vrai pour nos concitoyens notamment ceux qui se démènent désespérément pour avoir un visa de voyage, mais pour les ressortissants européens cela pourrait être un coup de cœur, une escapade ou tout simplement un désir mêlé à de la nostalgie. On remarque aussi que même si parfois le film n’est pas fameux on ne quitte pas la salle. L’essentiel c’est le regroupement sous une même toiture de personnalités issues d’horizons différents. Il y a des gens que l’on a perdus de vue depuis des lustres mais grâce à cette manifestation cinématographique on les retrouve, costumes tirés à quatre épingles , le verbe dosé et l’air révérencieux. Ce cinéma diplomatique a quelque chose de vertueux : le melting-pot ethnique et linguistique. Il aurait dû être couronné par un bal de clôture pour ajouter plus de glamour à ces semaines de films dont la monotonie commence à irriter. Autre suggestion constructive : pourquoi ne pas consacrer dans les années à venir une édition spéciale au cinéma western européen. Les cinémathèques des Etats membres en en ont plein d’archétypes dans leurs archives. Une rétrospective savamment peaufinée attirerait davantage de cinéphiles. Enfin la présence des cinéastes et des acteurs aurait été un agrément en sus. Pour le film Looking for Eric de Ken Loach dédié à l'ex-joueur de Manchester-City Eric Cantona , c’aurait été une heureuse surprise si on avait invité ce grand footballeur qui a participé en tant qu'acteur et joueur avant-centre dans le film. La délégation de l'union européenne qui a les moyens de ses ambitions pourrait (en cherchant ce petit manque à gagner) être à l’origine d’un grand festival de cinéma qui a son label, son panel et ses inconditionnels. Organiser des projections c’est bien, mais inviter des vedettes pour rencontrer leurs fans est meilleur.
RAZAK