L'humour instructif face à l'invasion "tiktokulaire".
Par RAZAK.
Samedi , 19 mars 2022: on est arrivé à la cinquantième blague vidéographiée . Un petit exploit, si l'on tient compte de l'effort déployé, tant dans l'assiduité de la mise en ligne cybernétique, que dans le choix des mots appropriés , dans la construction sémantique des blagues. Avec les enfants , il faut être prudent. Enrichir leur vocabulaire, en les distrayant , tel est le but recherché.
Ce programme général de délassement, entrant dans la perspective ébauchée , par le géniteur de l'avatar comique Mister B-Zéguiba, n'a d'ambition , que de répandre la bonne humeur, et rappeler que face au mal de vivre , il y a l'alternative de bien être , en se servant uniquement des mots ; et puis , face au tragique qui nous submerge et nous empoisonne , on peut dévier la trajectoire du flux turbulent de l'angoisse, avec l'humour, qui s'éloigne du vulgaire et du propos aberrant et insipide.
Comme on a eu l'impératif signalétique de le ressasser, en filigrane , dans les blagues mises online, via youtube et facebook : le rire est indispensable , pour vivre en harmonie avec soi, et avec le monde alentour . Par les temps maussades qui courent, le rire est devenu un besoin vital, une thérapie.
Malheureusement , le rire affronte un monstre plus robuste et plus féroce : la brutalité . Celle-ci est de deux sortes : physique et langagière. Elles ont toutes les deux la même source , et le même impact négatif. Quand la brutalité s'abreuve du sauvagisme et en boit le contenu maléfique jusqu'à la lie, l'humanité perd ses repères. La peur du danger humain s'empare de tout. Les fauves pourchassent les agneaux et les gros requins mangent les petits poissons. Il est aisé de constater, que le tiktok , que le frivole Internet a pondu , ces derniers temps et a laissé proliférer , comme des champignons vénéneux, est conquis par les bagarreurs de rue et par les trouble-fêtes des gradins des stadiums. S'ils avaient partagé, entre eux , une anecdote hilarante ou un fait comique, ils n'en seraient pas arrivés là , à se chamailler et à être à couteaux tirés. Une des conséquences néfastes de ce bourrage visuel et "tiktokulaire" , visant la prééminence de l'instinct animalier de l'être humain , et le trop-plein d'adrénaline , c'est l'indifférence mortelle , que le laisser pourrir rend plus nocive et perfide. Des écolières qui s'arrachent les cheveux devant les badauds , et sans que l'on aie la bonhommie de les séparer , des gamins qui se précipitent vers les sièges du bus , destinés aux mamans avec leur bébé, des garnements qui s'en prennent aux vieillards. Pièges , traquenards, vols à la tire motorisés, casses, arnaque, impudeur , mauvais tours, infantilisme , frivolité, agressivité, couardise, mauvais subterfuges, bref, tous les signes d'une décadence certaine et d'une chute brutale des valeurs de bonne citoyenneté et de meilleure civilité. Ces hirsutes "tiktokards" qui s'accaparent les plateformes de démonstration du web, finiront par transformer les villes en jungles urbaines ; et leurs ruelles en barricades et tranchées de guerre.