Monday, October 26, 2009

BENJAMIN BUTTON ENTRE VOLONTE ET MAKTOUB

BENJAMIN BUTTON ENTRE
VOLONTE ET MAKTOUB

Que feriez-vous si, après accouchement de votre femme, le bébé que vous attendiez impatiemment portait les rides d'un vieillard ? Feriez-vous comme le père de Benjamin qui dans la furie de la surprise, s’en débarrassa honteusement en le déposant sur les marches de l’escalier d’une demeure inconnue, ou plutôt avoir la vertu humaine de le garder comme un « bien » génétique issu de votre sang et laisser le Maktoub exécuter ce qui est écrit?
Scott Fitzgerald qui a écrit cette histoire où les aiguilles de la montre se déplacent de droite à gauche et où la notion de temps semble marcher à l’envers, présente une réflexion assez drôle , curieuse et (pourquoi pas) philosophique de cette incongrue situation. Dans la nouvelle intitulée L'Etrange histoire de Benjamin Button , le personnage principal vit une spectaculaire métamorphose physiologique. Il naquit à quatre-vingts ans mais, plus il grandissait, plus il rajeunissait. Le film que David Fincher a adapté de l’histoire surréaliste de ce nourrisson-vieillard inventée par Fitzgerald et dont la vie sert aussi à déballer les particularismes des époques traversées, est plein de flash-back. Né en 1918 à la Nouvelle Orléans, Benjamin voyageait beaucoup et se fiait toujours au hasard. Comme dans le film Titanic de James Cameron, le schéma narratif veut qu’une vieille femme ayant aimé Benjamin raconte à sa fille les péripéties de cet amour contrarié au départ, mais qui s’assombrit au moment de l’apaisement final, car la déchirure de la séparation attriste l’ambiance générale. Le mélodrame trouve toute son intensité à la fin du film où Daisy, vieillissant tient un bébé agonisant, et ce bébé n’est autre que son partenaire conjugal. Cate Blanchett (Daisy) et Brad Pitt (Benjamin) qui interprètent avec brio ce duo biologiquement discordant ont été crédibles dans le film. On eut parfois de la patience à les suivre car le récit filmique s’engouffre dans du « sur-filmé ». Ce n’est pas un chef- d’oeuvre cinématographique, mais un film plaisant qui mérite d’être vu. On en garde en mémoire cette séquence bien travaillée de l’accident. Les savants de la cinétique peuvent en approuver doctement la véracité: dans la langue arabe on parle alors de « Moussayaroune Oua La Moukhayyaroune». En effet, si dans le bouquin et dans le film le lacet de la chaussure n’a pas cassé, geste qui se répercuta sur tout un enchaînement d’événements concomitants et concourant vers la même finalité dramatique, Daisy aurait gardé intacte son aptitude à la danse et par conséquent, l’héroïne du film n’aurait peut-être pas la possibilité de revenir sur son refus vis-à-vis de Benjamin. Mais ce dernier se sachant condamné par le temps, laissa le destin faire son oeuvre. Même dans les affaires du cœur il ne se presse pas. Placidement et stoïquement, il laisse le temps au temps de parfaire son œuvre. Cette réflexion sur le hasard est toujours de mise, car nul ne sait ce qui l’attend.
RAZAK


Saturday, October 24, 2009

Jean Louis Trintignant de l'actorat au prêche poétique


Vendredi 23 octobre, l’acteur français Jean Louis Trintignant a présenté un florilège de poésie au théâtre Mohamed V. Il est le troisième "Jean", français et célèbre, à fouler les planches de ce théâtre. En effet , si Jean Piat et Jean Paul Belmondo s'y étaient produits en tant que comédiens , l’un rendant hommage à Sacha Guitry , l’autre retrouvant les tréteaux de théâtre après un long itinéraire cinématographique (la pièce s'intitule "Frédérick ou le boulevard du crime"). Quand à Jean Louis Trintignant, il vient y répandre de la bonne parole poétique. Cet engouement lyrique ne date pas de cette soirée. Déjà Louis Aragon le fou d’Elza et Apollinaire eurent les honneurs du "remember". Cette fois, ce sont Jacques Prévert, Boris Vian et Robert Desnos qui sont ressuscités par le grand acteur. Accompagné d’un excellent accordéoniste, Trintignant lut plusieurs poèmes écrits par leur auteur respectif sur de sujets divers. On eut à deux reprises l'occasion d’entendre la Sarabande suite N1 de Bach. Ainsi, le timbre musical grave du violoncelle a cédé le ton aux sonorités ludiques de l’accordéon.
Jean Louis Trintignant a débuté sa carrière cinématographique dans l’année où l’auteur de ce billet est né. Cela voudrait dire que mon âge équivaudrait à sa carrière d'acteur. Comme je sens que j’ai assez existé, cela prouve l’immensité de cette carrière. J’ai vu beaucoup de ses films à l’époque où je fréquentais le ciné-club du CCF. On accourut à sa rencontre quand il fut invité par cette dernière institution culturelle. On avait apprécié son rôle de juge irréductible dans le célèbre film « Z » de Costa Gavras. On se souvient aussi du long métrage Les Liaisons dangereuses de Roger Vadim et Un homme et une femme de Claude Lelouch , sans oublier le film pour lequel il a eu le prix de la meilleure interprétation masculine L'homme qui ment. Une de ses citations m'avait tout particulièrement interpellé : « Un rôle, c’est l’addition d’une quantité de petits détails qui ne se remarquent pas. Ce sont des silences, voire des absences. ».
Ce fut un plaisir de la lui rappeler en fin de prestation. Une soirée "orphéenne", pleines d'expressions métaphoriques. J'espère que cette grande star aura le temps de lire le petit recueil que j'avais publié au Canada sous le titre "Au delà de l'Artifex, je dis" et que j'eus l'honneur de le lui dédicacer au même titre que la diva du folksong Joan Baez et le vétéran du cinéma indien Amitabh Bachchan .

RAZAK

Tuesday, October 20, 2009

Monday, October 19, 2009

Crossing over comme un croissant avarié


« Crossing over » ressemble à un croissant fait avec de la farine avariée. Les ingrédients sont insalubres et le beurre est frelaté. Mal pétri et mal digéré , on le vomit dès la première bouchée. Le 3eme film de Wayne Kramer après «The Cooler » et «Running Scared» est plein de clichés. L’immigration clandestine est criminalisée à outrance. Cela pousse à détester l’Amérique au lieu d’en chérir les nombreux bienfaits. Un scénario simpliste dont on ne retiendrait, après visionnage, que les irruptions forcées , qui nous rappellent une certaine série TV dont un des principaux protagonistes est chauve et dégaine son pistolet plus qu’il ne fait fonctionner sa cervelle (prière ne pas penser à Kojac parce ce n’est pas de ce gentleman qu’il s’agit). Pour les gens qui ne connaissent pas la réalité de ce pays multi-éthnique et multi-étatique qu’est l’Amérique de Benjamin Franklin auraient, en voyant ce film plein de malheurs, la frousse. Les candidats à la loterie du « green cart» croiraient qu’être immigrant aux USA serait synonyme de criminel. Le film porte l’empreinte perfide des conservateurs pro-Bush. Il a raté le coche car c’est pas parce qu’il y a un certain Ford Harrison (acteur au crépuscule de sa carrière cinématographique ) au « starring » que le film va gagner le pari. Encore une « busherie » filmique de mauvais goût et qui ne va pas faire long feu car le cœur n’y est pas.
RAZAK

Monday, October 12, 2009

BEBORATISER BORAT


Pourquoi Borat n’a pas réussi à créer une mouvance « boratiste », c’est à dire faire doctrine ciné-comique, comme Charlie Chaplin en avait fait brillamment avec sa superbe prestance? Parce que dans ce long métrage culotté on se déculotte sans raison poussant parfois l’audace jusqu'à l’indécence et la vulgarité Jusqu’à la limite la plus obscène. Les amoureux des gags de mauvais goût et les blagues du postérieur humain y trouveraient de quoi étancher leurs tics vicieux. Mais avec l’Internet, rien n’est nouveau, car les Lolitas de tous âges et leurs jugolos ont colonisé presque toute l’étendue des pixels.Ils n'en laissent à notre sérieuse blogosphère que des miettes . Borat vient trop tard. Il n’y a pas eu de suite, aux mésaventures de ce Kazakh dont le mot pudeur ne fait pas partie du lexique d’usage quotidien. Peut-être aurait-il besoin de « déboratiser » le caractère pour créer un sillage. Pour les anticonformistes, c’est un joyau, mais pour les puritains c’est une cochonnerie qui donne à vomir. La bagarre que le présumé reporter du Kazakhstan avec son producteur Azamat en tenue d’Adam est une des plus drôles et des plus moches. Baignant dans un humour sale, le film a besoin d’un aseptique pour en éliminer la crasse et les mauvaises odeurs .
Permettez-moi de commettre une imprudence : comparons la naïveté agaçante de Borat avec celle de Viktor Navorski qui est le personnage central du film Le Terminal de Spielberg. Victor s’en sort victorieusement car il est affable , sincère et laborieux. Quand à Borat il n’a qu’une seule obsession : la masturbation bien que sa virilité vis-à-vis d'une partenaire feminine n’a pas été prouvée par l’image. Il est loin d’être un Casanova ou un Don Juan. le Victor de Spielberg a la vertu de se dépenser stoïquement pour la gloire du jazz. Borat est sans ideal . Ne mélangeons pas les torchons aux serviettes SVP.
RAZAK