Thursday, May 26, 2016

L'or fané de l’offshore et le cinéma (1ère partie)


L'or fané de l’offshore et le cinéma
1ère  partie




L’or dont il est question est d’une autre nature. Il ne s'agit pas du métal jaune dont la formule chimique (Au) occupe une place confortable dans la classification de Mendeleïev et dont l'Histoire universelle a immortalisé les ruées folles chez les humains, (pensez aux nombreux films westerns) mais des sommes colossales gagnées par les sociétés-écrans n'existant que sur du papier et par les coursiers chargés du transfert de fonds entre une frontière contrôlée par le fisc local et une autre, poreuse, laxiste ou adoptant carrément un système d'imposition de type Zéro-Impôt.
Ainsi, profitant d'une situation exceptionnelle, ces coursiers gagnent plus que les Golden-boys de Wall Street. Ces territoires où la taxation est absente ou tendant à l'être s'appellent: ''paradis fiscaux''. Il en existe une bonne panoplie sur notre pauvre planète. L'expansion coloniale en a légué quelques uns comme  Samoa, les Iles Marshall et les Iles Vierges britanniques.
L'offshoring transactionnel est devenu une manne pour certains, mais pour d'autres une dépravation et ils militent ardemment pour qu'elle cesse pour de bon, ou du moins que l’on procède à sa régularisation et à sa conformité. Cependant, il y a un hic: le flou artistique enveloppant la domiciliation, sans oublier aussi que des personnages haut placés  que l’on croyait au delà de tout soupçon participent en bons cabotins à ce vaudeville obscène, en soutenant ce système qui les convient.
Même les pays qui ont mené une révolution sanglante pour assainir les rouages sociétaux se retrouvent devant le fait accompli, incapables de changer quoi que ce soit. Mais sur le plan cinématographique on est sûr que compte tenu de sa sophistication et des ramifications secrètes où elle se déploie,  il y aura dans les décennies à venir, des cinéastes qui y trouveraient matière fluidique et capricieuse pour leurs films. Comme pour les guerres de Césséssion, du Golfe et du Vietnam, le documentaire précédera la fiction. La guerre du fisc va bientôt commencer. Les documentaristes les pus chevronnés ont déjà donné  le signal du déclenchement via le Net. Ainsi,  ceux qui croient que le phénomène sera vite oublié se trompent de prévision.
Un des signes avant-coureurs qui corroborent cette vision ciné-moralisante, c’est le retour aux sujets tabous de jadis dont le maccarthysme liberticide avait tracé les frontières. Ce ne sont pas des Russes qui le font, mais des Américains de pure souche. Ils veulent régler leur compte avec une page noire de l’Histoire culturelle de cet immense pays formé de plusieurs pays. Ainsi, bien rattachés à la mémoire collective, ces faiseurs d’images veulent aujourd’hui rendre hommage à leurs aînés, victimes de la répression conservatrice, avec à leur tête le scénariste prolixe Dalton Trumbo.
La répression n’est pas aussi aveugle qu’on le croit. Ce sont ceux qui réfléchissent bien qui sont visés, quant aux bêtes, on les laisse paître dans des pâturages arides cernés de fils barbelés. Trumbo voulait défendre ses droits de travailleur hollywoodien, on en a fait un subversif. Après les sévices qu’on lui a infligés, le temps lui a donné raison en léguant son nom à la postérité, après avoir souffert le martyre à le porter.  
Il ne s’est rien passé et la guerre froide dans sa cruauté antagonique a cessé avec la chute du mur de Berlin. La Perestroïka en a balayé les derniers débris. Mais les camarades de Trumbo en ont payé cher leur engament.     
Les paradis fiscaux, feront l’objet de nombreux films, car de par leurs sinueuses structures, le suspense est garanti. Déjà dans le mot ''offshore'', on trouve le handicap frontalier et le superflu géographique qui facilitent l'évasion fiscale. Son antonyme ’’onshore’’ signifie: dedans le territoire. On peut facilement y maîtriser les flux. Par contre, l’offshore ne dépend que de la bannière qu’il arbore. Quand il s’agit d’une république bananière, ça devient une source de gâchis et d’effusion fiscale.  
Les îles isolées des continents s’offrent impeccablement à l’offshoring frauduleux. Pour donner un semblant de légalité à ces transactions, il faut un peu de diversion et de doigté juridique. Les érudits de la loi transcontinentale entrent en action, pour déblayer le terrain, baliser les pistes et fortifier les passerelles. Y a-t-il un investisseur de gros calibre qui agit sans l'aide de ces auxiliaires en affaires? Celui qui avait dit que les fiduciaires malhonnêtes et les experts juridiques mal intentionnés sont la source de toutes les abominations et calamités, ne s'était pas trompé de constat. Car ce sont eux qui connaissent les ficelles, les trous et les failles des textes de loi. Autrefois, on parlait de francs-maçons, aujourd’hui, les as des affaires juridiques cherchent à leur damer le pion sur un terrain qui leur est étranger.
RAZAK

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