Tuesday, February 23, 2021

La culture appartient à ceux qui la font et non à ceux qui en profitent. Par RAZAK

 

Retour aux chroniques socioculturelles dont ce blog militant se fait un canal  de diffusion et d’argumentation. Vous vous souvenez,  on a déjà évoqué prématurément  (et cela avant qu’une chaine de propagande mercantile  ne se saisisse du phénomène)  le cas des musiciens marocains en état de corona-détresse. Livrés  à eux-mêmes  et pataugeant, à bras le corps, dans un infernal cercle pernicieux  et misérabiliste,  ils criaient dans le vide. Le ministère de tutelle n’a pas  jugé bon de venir  à leur rescousse,  sachant que  c’est  par/pour  ces artistes  et leurs semblables que cette administration  trouve la légitimité d’existence au sein de l’organigramme général du gouvernement  marocain . Pire, on assiste à un paradoxe tragicomique au sein de ce département décrié depuis belle burelle : les responsables de ce ministère qui, appliquant ce qu’on y appelle vaguement  « programme de soutien à la créativité artistique », mimé bêtement sur  autrui,  l’ont transformé (en le désirant ardemment et insidieusement)   en agence  bancaire  distribuant des chèques à qui on veut, via des commissions dont les membres sont  malicieusement  sélectionnés. On a oublié l’essentiel : l’art est impartial,  il a horreur de la corruption et des prébendes. Ces responsables  surpayés pour rien (d’ailleurs  comme ceux de la SNRT) se la coulent douce, alors que la tranche de population concernée végète et frôle la mort par famine. Leurs copieux salaires (le pluriel du pronom possessif n’est pas fortuit, car la présence  dans les dites commissions d’octroi est  rémunérée)  n’ont pas  été diminués d’un seul iota, ne serait-ce que par  solidarité anti-covidienne.

Douze mois  de chômage payé avec un rendement nul. A commencer  par le théâtre national qui, considérant son importance au sein de la société  marocaine,  devait être confié à un manager  hautement qualifié, ou le cas échéant à un vétéran des  tréteaux, qu’on devrait laisser travailler librement.  Une année toute entière où le calendrier des programmes brillait pas son obscure sommeil. Pas d’inventivité, pas de répondant, seulement du ronronnement  à longueur de journée et des sommes colossales octroyées  médiocrement aux fonctionnaires dont une bonne partie est recrutée non pas pour ses aptitudes mais par le système SVP. On est loin d’une méritocratie créative.

Si j’étais le patron  de cet établissement public, bien que par principe, je répugne la bureaucratie sous toutes ses formes,   j’aurais trouvé mille et une issues au trépas  ambiant. J’aurais fait l’impossible pour réanimer  l’expression artistique et contrecarrer  la léthargie rampante et  galopante. Un théâtre en agonie, c’est un miroir sociétal qui se laisse briser.

Toute ma vie, je me suis battu contre les dinosaures de  l’ignorance et j’ai sacrifié mon énergie à  l’art vrai. Défiant l’art bidon, je  ne veux pas que des ignares   sonnent  le glas à cette noble discipline qui fait qu’un Etat n’est Etat que si la liberté artistique y respire et que si le  théâtre y vit sans contrainte. Les médiocrates qui  par lâcheté ou par  couardise se cachent derrière  la pandémie pour camoufler leurs déboires ne sont plus aptes à diriger de telles plateformes de créativités. Un balayage salutaire serait le bienvenu.

Concluons cette chronique  par ce qui suit : depuis la nuit des temps, l’homme entreprenant a prouvé qu’il est  né pour surmonter les obstacles et non pas pour se cloitrer dans  des cavernes  mal aérées   l’on pleurniche au lieu d’agir.  Je suis sûr  qu’avec ces paroles acérées mais véridiques,  je n’aurais plus ma carte d’artiste, puisque dans ce drôle de pays ceux  qui parlent vrai  sont mal écoutés. Tant pis. La vérité vaut mille cartes.

RAZAK

 

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