Friday, March 12, 2010

Mômes de cinéma

Le cinéma et l’enfance; voila un thème qui mérite une rétrospective à entrée payante évidemment; pour que la recette soit versée aux enfants nécessiteux, via des associations actives et sérieuses ou des personnes au delà de tout soupçon. Vu l’abondance, cette rétrospective, ne pourrait qu’être sélective. Les films (tous métrages et genres confondus) où des enfants, parfois de très bas âge, sont mis en scène sont très nombreux. On aura l’embarras du choix. Un des tous premiers films consacrés à la survie d’un enfant est The kid de Charlie Chaplin. On ne savait pas que ce personnage hilarant, vagabond notoire n’arrivant à subsister que difficilement, avait aussi une attitude attendrissante pour les gosses. Dans un premier temps. Charlot outrageusement fauché, et n’ayant pas de ressources pour subvenir à ses besoins, voulut se débarrasser du bébé délaissé par une mère inconnue. Mais le destin les a unis solidement. Il entoura le nouveau-né de toute sa drôle affection instinctive, comme si c’était une progéniture issue de son propre sang. Une paternité attentionnée s’en était suivie. Quand les employés de l’orphelinat voulurent lui arracher l’enfant adopté, il les a combattus jusqu’ au dernier souffle.
Ce qui est élogieux dans ces films où des mômes sont mis côte à côte avec des adultes parfois hideusement cruels, pervers et obscènes; c’est qu’ils s’en sortent bien. Leur introduction dans le casting avait souvent une origine anecdotique ou était due à des conjonctions hasardeuses. Pour Chaplin ; la fausse couche que sa femme avait eue serait la principale motivation de ce choix.
Pour le film de Bertolucci Little Buddha, la trame du récit devait passer par la soif d’apprendre de Jesse Conrad, un gamin de 9 ans. Les enfants mis en scène par Mira Nair dans Salaam Bombay étaient dans les mêmes conditions précaires , que ceux que Danny Boyle a dirigés dans son dernier film oscarisé Slumdog Millionaire.
Oliver Twist et Cosette deux des personnages les plus chagrinants de La littérature mondiale (Romans: Oliver Twist et Les misérables, auteurs respectifs: Charles Dickens et Victor Hugo) évoluaient dans un monde austère et sans pitié. De la graphie à la cinématographie, (de nombreuses adaptations cinématographiques dont notamment celles de Frank Lloyd , David Lean et Roman Polanski pour Oliver Twist et puis Stuart Blackton, Albert Capellani, Henri Fescourt, Raymond Bernard, Richard Boleslawski, Robert Hossein, Claude Lelouch et Bille August pour Les Misérables ) on retrouve la même noirceur, la même morbidité et la même atmosphère funeste. Le film hindou Dosti réalisé aux années 60 avait ému l’Inde de jadis à peine guérie des blessures de la partition. Mother India fit de même. Mais Mère Courage dut souffrir à cause des deux chenapans qu’elle devait élever dans des circonstances sordides.
Dans les films de la dernière décennie, les «child-movies» sont devenus de plus en plus omniprésents car les entrées du box-office sont désormais dominées par l’adolescence. La pyramide des âges en matière de cinéphilie « de salle » a basculé du côté de cette dernière. La saga Harry Potter en est un exemple tout à fait typique et révélateur. Certains enfant-acteurs auront comme souvenir d’avoir eu ( pour le besoin fictionnel et narratologique du film) comme parents ou comme partenaires des stars de gros calibres: Chandler Canterbury avec Nicolas Cage dans Knowing (film d’'Alex Proyas), Rizwan Khan avec Shahrukh Khan ( My Name is Khan de Karan Johar), l’enfant aborigène avec Nicole Kidman (dans le film Australia de Baz Luhmann ) , la prodige Dakota Fanning avec les trois grandes vedettes Robert de Niro (Trouble jeu de John Polson ), Tom Cruise (La guerre des mondes) et Denzel Washington (Man on fire)…
Dans le cinéma western, on trouve peu d’enfants. Ceux auxquels on fit appel comme figurants, passaient presque inaperçus. Ils accompagnaient leurs parents dans les convois de pionniers itinérants en quête de terres arables ou figuraient comme courtiers d’écurie ou montreurs de saloon/hôtels. Les petits mexicains font la part belle dans cette figuration qui n’a rien d’ennoblissant. Ils sont employés pour les petites besognes. Un des rares films westerns spaghettis qui ont abordé la question de l’esclavage des enfants est Adios Texas de Ferninado Baldi. Django (Franco Nero) qui avait enterré son arme au cimetière pour devenir un paroissien va y revenir pour libérer les petites filles captives des mains d’une bande de détraqués et sanguinaires. Dans le film Keoma (autre film spaghetti ) du cinéaste Enzo Castellari , les flash-backs du Keoma-enfant révélaient l’adversité qu’il y avait entre les quatre frères. Ce retour en arrière est essentiel dans le film. Je pourrais en oublier d’autres où le rôle interprété par des enfants a été plus ou moins crucial. Shane de Georges Stevens (prononcer chayne) semble dédié à l’enfance. Il multiplia les plans et les pauses sur Joey (Brandon De Wilde). Ce môme en phase de croissance et de réceptivité était comme une conjonction de coordination. Le second rôle tenu par lui s’est avéré en réalité un rôle de premier ordre. Ce film western américain a départagé la critique. Il est à revoir (au même titre que L’Homme de l’Ouest de Anthony Mann, lire notre chronique parue dans le journal l’Opinion et dont un scann est on-line dans notre blog Razakcinema). Joey symbolisait l’innocence. Je mettrais Shane dans la catégorie des films initiatiques, et il est conseillé de voir le film du point de vue de cet enfant. Si l’on change d’angle oculaire, cela pourrait paraître un sosie de film à cliché. La technique de l’acteur spectateur qui a été utilisée par Stevens voudrait que l’on soit mis à la place de ce gosse. Pour plus de certitude, il serait instructif de voir aussi le long métrage intitulé Les Cow-boys de Mark Rydell où l’acteur fétiche John Wayne va entraîner avec lui, tel un resquilleur écervelé, un groupe d’enfants dans une aventure à hauts risques. N’ayant pas trouvé de cow-boys professionnels pour l’aider à acheminer le bétail, Wayne sélectionna de jeunes écoliers pour en faire des vachers et des cow-boys. Dans ce film initiatique, on fait l’éloge du courage précoce mais. Mais l’on oublie l’instruction qui est fondamentale.
RAZAK

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