LES ASTUCEURS
Le mot n’existe pas dans le dictionnaire des arts et métiers du cinéma, mais il serait peut-être temps de l’y introduire, car quand on évoque le travail des personnes qui se chargent des effets spéciaux et des truquages cinématographiques, on ne dit pas «truqueur» ou «effecteur». Il n’y a pas un nom pour les designer. Comme anglicisme, on pourrait trouver une association de mots pour résorber cette carence. L’entité «maker» s’adapte à tous les assemblages reliés par un trait d’union. Ainsi le «make-up» (à ne pas confondre avec le «making-of») et qui signifie maquillage relève du domaine des astuceurs physionomiques. Par extension, les costumiers, les spécialistes du bruitage, les dresseurs d’animaux de tournage, les maquettistes, les décorateurs, les manipulateurs d’explosifs, les ciné-infographistes assistés par ordinateur sont tous des «astuceurs» de premier ordre. Les astuceurs du vestimentaire adaptent le look de l’acteur en chair et en os à celui du personnage de fiction. Ils effectuent un travail colossal quand il s’agit de film historique. Les astuceurs du feu ne manquent pas d’ingéniosité, mais parfois ils se font brûler le corps par les jets résultant des déflagrations, car la manipulation des explosifs n’est pas une partie de plaisir. Les spécialistes du bruitage sont des astuceurs du son. Ils cherchent à tromper notre ouïe. Une feuille mince de zinc qu’on agite devient du tonnerre. Les cascadeurs et les doublures sont aussi des astuceurs puisqu’ils prêtent astucieusement leur agilité physique aux acteurs du film. Enfin, les «ciné-manutentionnistes» qui sont des physiciens qui connaissent bien leur domaine réalisent de belles chutes, sans que l’on voie le câble de suspension. Un autre astuceur celui-là en sciences optiques leur facilite la tâche. Il suffit de filmer la scène avec un arrière-fond peint en bleu. Par incrustation, on peut transposer ces images dans des reliefs montagneux ou des ravins de grandes dénivelées.
Les astuceurs les plus notoires de toute l’histoire du cinéma sont les pionniers comme Edison et les Frères Lumière qui ont trouvé l’astuce géniale de faire mouvoir l’image fixe en se basant sur le mouvement de rotation. George Méliès en avait enrichi la palette. Dans les 32 chroniques hebdomadaires publiées dans un journal marocain sur le cinéma colonial, nous avions abordé l’apport de ces éclaireurs bien éclairés. Comme le cinéma est une astuce, ce sont les astuceurs rusés qui l’enrichissent. Le making-of qui retrace les péripéties du tournage révèle les talents de ces collaborateurs de production. Sans eux, le film aurait montré ses verrues, ses fissures et ses hideuses rides. On ne peut pas citer tous les films où ces «simulateurs» bien inspirés nous entraient en bateaux en nous aveuglant avec leurs prouesses, car il faudrait des volumes de paperasse pour cela. Mais on se limiterait à quelques exemples de films choisis au hasard. Dans les trois films «Citizen Kane», «Benjamain Button» et «Flawless» les deux acteurs Orson Wells et Brad Pitt ainsi que l’actrice Demi Moore se font sexagénaires grâce aux mains habiles qui ont anticipé artistiquement leur vieillesse. Chahrukh Khan dans «Veer Zaara» avait lui aussi les cheveux grisonnants à la sortie de prison. Dans le chef d’œuvre cinématographique «Autant en emporte le vent» les astuceurs ont fait de la remarquable scène montrant des centaines de blessés de guerre gémissant sur les rails une leçon de cinéma. Le filon d’or que l’on voit dans le film «Le Trésor de la Sierra Madre » n’est qu’un produit artificiel et les liasses de dollars américains montrées en grandes quantités dans les films sur la Mafia et les films de gangstérisme, comme «Le Parrain» et «Scareface» ne sont pas vraies. Ce sont des trucs d’astuceurs. La montagne de diamants montrée dans «Flawless» n’a rien de diamantifère. C’est du toc. Les play-back des films hindous ne montrent pas les visages des vrais chanteurs et chanteuses, c’est un subterfuge d’astuceur. Les deux karatekas Jet li et Jackie Chan n’ont pas des ailes pour s’envoler comme des faucons, l’ordinateur (images de synthèse) ou le câble d’accrochage leur assure cette faculté extraordinaire. Le petit chien qui dans le film western «Shane» resta planté devant une tombe ne serait pas là si son maître-dresseur n’était pas mis à l’intérieur du cercueil. Qui aurait pensé à cette astuce? Les bouteilles qu’on brise sur les têtes sont en sucre. Les cartouches de Winchesters, les couteaux et les épées qu’on enfonce dans le thorax, sont objets inoffensifs. Certains truquages sont obtenus par les mouvements de la camera. D’autres dépendent de la matière utilisée: silicone, fumigène…
Le jour où leur réservoir tarirait et que leurs réserves en inventivité s’épuiseraient, l’on sonnerait le glas du cinoche. Le 7eme art survit grâce à l’art des astuceurs.
Razak
Les astuceurs les plus notoires de toute l’histoire du cinéma sont les pionniers comme Edison et les Frères Lumière qui ont trouvé l’astuce géniale de faire mouvoir l’image fixe en se basant sur le mouvement de rotation. George Méliès en avait enrichi la palette. Dans les 32 chroniques hebdomadaires publiées dans un journal marocain sur le cinéma colonial, nous avions abordé l’apport de ces éclaireurs bien éclairés. Comme le cinéma est une astuce, ce sont les astuceurs rusés qui l’enrichissent. Le making-of qui retrace les péripéties du tournage révèle les talents de ces collaborateurs de production. Sans eux, le film aurait montré ses verrues, ses fissures et ses hideuses rides. On ne peut pas citer tous les films où ces «simulateurs» bien inspirés nous entraient en bateaux en nous aveuglant avec leurs prouesses, car il faudrait des volumes de paperasse pour cela. Mais on se limiterait à quelques exemples de films choisis au hasard. Dans les trois films «Citizen Kane», «Benjamain Button» et «Flawless» les deux acteurs Orson Wells et Brad Pitt ainsi que l’actrice Demi Moore se font sexagénaires grâce aux mains habiles qui ont anticipé artistiquement leur vieillesse. Chahrukh Khan dans «Veer Zaara» avait lui aussi les cheveux grisonnants à la sortie de prison. Dans le chef d’œuvre cinématographique «Autant en emporte le vent» les astuceurs ont fait de la remarquable scène montrant des centaines de blessés de guerre gémissant sur les rails une leçon de cinéma. Le filon d’or que l’on voit dans le film «Le Trésor de la Sierra Madre » n’est qu’un produit artificiel et les liasses de dollars américains montrées en grandes quantités dans les films sur la Mafia et les films de gangstérisme, comme «Le Parrain» et «Scareface» ne sont pas vraies. Ce sont des trucs d’astuceurs. La montagne de diamants montrée dans «Flawless» n’a rien de diamantifère. C’est du toc. Les play-back des films hindous ne montrent pas les visages des vrais chanteurs et chanteuses, c’est un subterfuge d’astuceur. Les deux karatekas Jet li et Jackie Chan n’ont pas des ailes pour s’envoler comme des faucons, l’ordinateur (images de synthèse) ou le câble d’accrochage leur assure cette faculté extraordinaire. Le petit chien qui dans le film western «Shane» resta planté devant une tombe ne serait pas là si son maître-dresseur n’était pas mis à l’intérieur du cercueil. Qui aurait pensé à cette astuce? Les bouteilles qu’on brise sur les têtes sont en sucre. Les cartouches de Winchesters, les couteaux et les épées qu’on enfonce dans le thorax, sont objets inoffensifs. Certains truquages sont obtenus par les mouvements de la camera. D’autres dépendent de la matière utilisée: silicone, fumigène…
Le jour où leur réservoir tarirait et que leurs réserves en inventivité s’épuiseraient, l’on sonnerait le glas du cinoche. Le 7eme art survit grâce à l’art des astuceurs.
Razak
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