Saturday, June 30, 2012

Ciné-Répliques à méditer: I am Sam

Réalisateur: Jessie Nelson  
Scénario: Kristine Johnson et Jessie Nelson

Idée saillante: Tu es venue au monde, parfaite. Et moi, je suis né comme ça

Sam (Sean Penn) est  attardé mental. Les services sociaux veulent confier sa petite fille Lucy (Dakota Fanning) à une autre famille pour l’élever. Dans sa plaidoirie du premier round, l’avocate Rita Harrison (Michelle Pfeiffer) n’a rien pu faire pour que Sam  récupère son enfant.
 
-Rita: Sam, je peux entrer. Sam.
-Sam: Il n’y a pas beaucoup de place ici. Non, il n’y a pas beaucoup de place ici.  
-Rita: Ne t’en fais pas. J’ai l’habitude d’être un peu à l’étroit. Je suis née à New York.
-Sam: Ouais, c’est parce que je rends les choses trop difficiles pour tout le monde. Ouais, je rends les choses difficiles pour tout le monde.
-Rita: Sam, je suis résolue à faire encore neuf rounds, mais il faut m’écouter. S’il te plait, Sam. Te revoilà. Je retrouve ce regard plein de gentillesse. Alors, ton patron George m’a dit que tu avais besoin d’une pause.
-Sam: Je n’ai plus trop envie de travailler à Star-Box. Il y a trop de gens et moi ça me fait peur.
-Rita: D’accord, alors peut-être que…on peut te trouver un travail moins stressant parce que… Tu te rappelles bien que c’était une des conditions du  juge, que tu  gagnes plus d’argent. Tu dois essayer de gagner plus pour pouvoir  louer un plus grand appartement où Lucy aura sa propre chambre lorsque tu la récupéreras.
-Sam: Non, ce n’est pas la peine parce que Lucy n’a plus besoin de moi. Elle a une nouvelle famille aujourd’hui. Elle n’a plus besoin de moi.
-Rita: C’est elle qui t’a dit ça? 
-Sam: Non, parce que ça je le sais. Ouais, c’est parce que c’est une chose que je sais.
-Rita: Bravo. C’est la première chose stupide que tu n’aies jamais dite. Sam tu peux récupérer Lucy. Le tribunal privilégie la réunification. Mais, Sam, il faut que tu te battes pour elle.
-Sam: Ouais mais j’essaie de toutes mes forces.
-Rita: Tu dois continuer. 
-Sam: Mais tu ne te rends pas compte. Tu ne te rends pas compte
-Rita: Je ne me rends pas compte de quoi ?  
-Sam: Tu ne te rends pas compte de ce que ça fait, quand on essaie, on essaie, on essaie,  qu’on n’arrive jamais à rien. Parce que tu es venue au monde, parfaite. Et moi je suis né comme ça, et tu es parfaite.
-Rita: C’est ce que tu penses?
-Sam: Les personnes comme toi ne se rendent pas compte…
-Rita: Les personnes comme moi ?
-Sam: Les personnes comme toi ne savent pas ce que ça fait  de souffrir. Parce qu’elles ne savent pas ressentir. Elles n’ont pas du tout de sentiments, les personnes comme toi.

Après cette séance de vérité, la belle Rita va s’effondrer en pleurs. Elle dit à Sam  que les personnes comme elles se sentent laides. Elles se sentent  nulles, inutiles et totalement désemparées, parce que leur mari a trouvé une maîtresse bien plus parfaite que l’épouse légitime. Dans cette séquence entrechoquée, le récit devient dramatique, car celui qui avait besoin d’être consolé va faire l’inverse. Malgré son handicap, Sam a prouvé qu’il a bon cœur. Les patchworks qu’il confectionne  avec du papier montrent qu’il a des dons artistiques hors du commun et qu’il a les capacités d’élever sa fille, sans l’aide de personne.
Probablement, Sean Penn aurait  passé de rudes éprouves dans les répétitions, Nicholson  avait  fait dans le film: «Vol  au dessus d’un nid de coucou». Dommage que l’oscar 2002 du meilleur acteur soit dérobé à Sean Penn en faveur de Denzel Washington. Une nomination ne suffisait  pas. Quand à Dakota Fanning, l’enfant prodige du cinéma, l’on espère qu’en grandissant, elle sera toujours  aussi performante qu’elle l’a été à 6 ans. Le film est une sorte de dédicace posthume à John Lennon (Beatles).  
RAZAK  

Tuesday, June 26, 2012

Ciné-répliques à méditer:Will Penny

Réalisateur: Tom Gries
Scénario: Tom Gries 

Titre de la réplique: Un cheval qu’il ne faut pas jouer

Poignardé mortellement par une bande de hors-la-loi, Will penny (Charlton Heston)  est sauvé par Catherine  (Joan Hackett) une brave femme rêvant de l’Eldorado californien.  La cabane où elle se réfugie avec son fils Horace (Jon Gries) appartient à Alex (Ben Johnson). Cet éleveur de bétail est  le propriétaire d’un vaste ranch qui s’étale dans la vallée.  Catherine propose à Will de l’épouser, mais le cow-boy sent que l’âge le fuit. 

-Catherine: Comment ça s’est  passé?
-Will: Alex est en colère contre moi. Il n’a pas tout a fait tort. Il va vous descendre dans la vallée.
-Catherine: Vous venez avec nous. Vous voulez que nous y aillions et qu’on vous attende pendant que vous passerez  l’hiver ici? 
-Will: Je ne vais pas rester ici.
-Catherine: Nous partirons avec vous?
-Will: Catherine, mais vous êtes mariée.
-Catherine: Pardon?
-Will: Vous avez un mari.
-Catherine: Je n’ai jamais été vraiment mariée. C’est à peine s’il s’apercevrait de notre absence. Nous ne comptons pas pour lui. Vous vous êtes montré plus paternel avec Horace que son père ne l’a jamais été. Qu’est-ce qu’il y a Will?
-Will: Tout ça survient si vite. 
-Catherine: Will, avant de me décider à épouser Reuben, j’ai passé deux ans à réfléchir et à la fin je n’étais pas plus avancée. Aujourd’hui, je viens de me décider en quelques minutes, Will. Je n’ai pas la moindre hésitation.
-Will: Ca n’empêche pas que je vais avoir 50 ans?
-Catherine: Et alors?
-Will: Comment on va s’en sortir?
-Catherine: Et bien, il y a des quantités d’exploitations dans cette région. Will voyons et avant quand nous causions, comment croyez-vous qu’on allait s’en sortir?
-Will: Je n’en sais rien. J’ai jamais pensé réellement  à ce qui se passe maintenant. J’étais loin de croire que…
-Catherine: Will, est-ce que vous m’aimez? 
-Will: Qu’est-ce que je connais moi à l’amour? L’amour, je crois que c’est ça ce que je ressens  et encore plus. Je n’ai jamais ressenti une chose pareille pour personne. J’ai envie que vous et le petit m’apparteniez mais …
-Catherine: Mais?
-Will: Ça exige un sacré bout de temps, des années pour se faire un gagne-pain. Des années, c’est  malheureusement ce qui me manque. Une exploitation?! On va commencer avec quelques misérables vaches cet été. L’an prochain en janvier  je me casserais la tête pour essayer de  vous nourrir vous et le petit et le bétail…et moi.
-Catherine: Ce n’est pas nécessaire d’avoir un ranch, on prendra une ferme.
-Will: Je connais rien au métier de fermier.
 -Catherine: Moi, si.
-Will: Je suis un cow-boy Catherine. Je n’ai jamais été qu’un cow-boy dans la vie. 
-Catherine: Vous avez le trac?
-Will: Et comment ? Seulement le trac. Je vous l’ai dit, rappelez-vous. J’ai vécu d’une seule façon ma vie entière. Comment je ferais l’année prochaine, que je fasse vivre vous et le petit  en comptant sur six vaches squelettiques, qu’est ce qui me resterait à faire alors?
-Catherine: A nous aimer.
-Will: Sacré Dieu! C’est très dur de monter un élevage, très dur. Imaginez que j’aie les pieds gelés ou je me casse un bras, on crèvera tous de faim. Est-ce que c’est l’amour qui nous sauvera?
-Catherine: On doit espérer, en tout cas. 
-Will: Je me suis tellement attaché à vous que je ne le serais jamais maintenant à n’importe qui. J’ai vu comment la vie aurait pu être, mais c’est trop tard trop Catherine. Trop tard pour moi. Je suis un cheval qu’il ne faut pas jouer. Je vous souhaite toutes les chances. Ah! Ça oui, je vous les souhaite. Je l’aime ce petit. Bonne chance. 

Ne voulant pas vendre son scénario, Tom Gries décida de le réaliser lui-même. C’était son premier film pour le grand écran, car auparavant il faisait des séries télévisées. Ce premier coup d’essai fut une réussite. Un film sans les fioritures habituelles et d’un réalisme épatant. Dès la première lecture des pages qu’on lui avait remises, Charlton Heston (l‘acteur principal) fut enthousiasmé. «On savait que ce serait un bon film» disait-il avant d’ajouter: «De tous les films que j’ai vus, celui-ci est le plus fidèle  à ce qu’était le Far West».
John Hackett fut très crédible dans son rôle de pionnière de l’Ouest. Au moment de la séparation avec Will elle parut plus sure d’elle que ce cow-boy désappointé par l’âge. Cette triste fin a contrasté fortement avec les westerns hollywoodiens finissant le plus souvent en happy end. La réplique choisie se trouve à la fin, dans la séquence la plus émouvante du film.
RAZAK     

Saturday, June 23, 2012

Ciné-répliques à méditer: Les raisins de la colère


Réalisateur: John Ford
Scénario: Nunnally Johnson
D’après une nouvelle de John Steinbeck
Titre de la réplique: Je serai là où les gosses rient  quand ils ont faim
  
Recherché par la police, Tom Joad (Henri Fonda) est obligé de quitter le campement  avant l’aube. Dans sa tête les idées progressistes  de son ami Casy (John Carradine)  résonnent. Alors que la famille sommeille, sa mère madame Joad (Jane Darwell) est la seule à lui faire les adieux.

-Madame Joad: Assieds-toi une minute. 
-Tom: J’aimerais rester maman. J’aimerais être près de toi et voir ta tête quand papa et toi vous vous serez fixés dans un beau petit coin. J’aimerais bien vous voir alors, mais je crois que je n’aurais plus jamais cette chance maintenant.
-Madame Joad: Je pourrais te cacher Tommy. 
-Tom: Je sais que tu le feras, mais je ne te laisserai pas le faire, parce que si tu caches quelqu'un qui a tué un type, tu as de l’ennui aussi.   
-Madame Joad: Très bien Tommy et alors qu’est-ce que tu as l’intention de faire?
-Tom: Tu ne  sais pas à qui je viens de penser? A ce pauvre Casy, à tout ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, comment il est mort et je me suis souvenu de tout.
-Madame Joad: C’était un brave homme!
-Tom: J’ai pensé à nous aussi et aux nôtres qui vivent comme des porcs et à cette bonne terre laissée en  friche, ou peut-être à un  type qui a un million d’arpents, alors que cent milles fermiers crèvent de faim et  je me suis dit que si tous les nôtres s’unissaient et gueulaient…
-Madame Joad: Oh tommy, ils te pourchasseraient et ils t’écraseraient tout comme ils ont fait à Casy.
-Tom: Ils me pourchasseraient de toute façon. Tôt ou tard, ils finiraient par m’avoir pour une chose ou pour une autre. D’ici-là …
-Madame Joad: Tommy tu n’as pas dans l’idée de tuer quelqu’un ? 
-Tom: Non maman, pas ça. Ce n’est pas ça, seulement, mais puisque je suis  hors-la-loi de toute façon, peut-être que je peux faire quelque chose. Peut-être que je pourrais trouver une réponse. En fouinant  partout, peut-être que je trouverais ce qui ne va pas et puis voir s’il y a quelques chose à faire pour ça. Je n’ai pas tiré ça au clair maman. Je ne peux pas. Ce n’est pas assez…  
-Madame Joad: Mais comment  j’aurais de tes nouvelles Tommy? Mais Ils pourraient te tuer. Je n’en saurais rien. Ils pourraient te faire  mal, comment je le saurais?
-Tom: C’est peut-être, comme Casy disait : «un homme n’a pas  une âme à lui tout seul, mais rien qu’un petit morceau d’une grande âme. La grande âme commune qui appartient à tout le monde », alors…
-Madame Joad: Alors quoi Tom ?
-Tom: Alors ça ne fait rien. Je serai partout, dans l’ombre. Je serai partout. Partout  où tu seras.  Partout  où il y aura une bagarre pour que les gens puissent bouffer je serai là. Partout où il y aura un flic qui frappera un gars, je serai là. Je serai là où les types  gueulent quand ils deviennent enragés et je serai  là où les gosses rient  quand ils ont faim et qui savent que la soupe est prête. Et quand les gens mangeront les choses qu’ils font  pousser et vivront dans les maisons qu’ils construisent , je serai là aussi.
-Madame Joad: Je ne comprends pas tout ça Tom.
-Tom: Moi non plus maman. Mais c’est une chose à laquelle j’ai réfléchi. Donne-moi ta main  maman. Adieu!
-Madame Joad: Adieu Tommy ! Plus tard  quand tout seras passé, tu reviendras?
-Tom: Bien sûr, maman.
-Madame Joad: Tom, nous ne sommes pas de ceux qui s’embrassent, mais… 
-Tom: Adieu maman!
-Madame Joad: Adieu Tommy!...Tommy

Un grand écrivain (John Steinbeck), un grand réalisateur (John Ford) et un grand acteur (Henri Fonda), voilà ce qui se dégage de ce film  néo-réaliste à l’américaine. Même les seconds-rôles sont excellents. La mère et le pasteur Casy qui a perdu la foi pour se dévouer à la cause des opprimés sont des personnages-clefs  de cette merveilleuse histoire. Juste après les adieux, le son de l’accordéon illustre la lourdeur de la tristesse que l’on a dans le cœur. Il gémit comme dans une oraison funèbre. Ces notes attristées résument les déceptions et  l’absurdité du sort de cette faille chassée de sa terre et puis condamnée au nomadisme routier. Un road-movie d’une poignante réalité. Un film à voir et à revoir.         

Wednesday, June 13, 2012

Ciné-répliques à méditer: En route pour la gloire




Réalisateur; Hal Ashby
Scénario; Robert Getchell
Inspiré d’un récit  autobiographique

Fauché et sans emploi Woody Guthrie (David Carradine) vadrouille. Il fait l’autostop. Un couple de bourgeois le transporte dans sa bagnole. Ne contrôlant pas son langage, le chauffeur fortuné (Emett Walsh) commet hautainement une bavure langagière. Guthrie y réplique avec son humour cynique. On le fait descendre au milieu du trajet.  


-Emett: Nous avons tout fait, Les Chutes du Niagara, Washington, La Nouvelle Orléans et Chicago et cet hiver on a passé deux pleines semaines sur une plage de Miami
-Woody: C’est bien, ça doit être intéressant
-Emett: Passionnant, mais il y avait des gens qui ne sont pas comme vous. On voit toutes sortes d’endroits on va dans des restaurants qui vous changent
-Woody: J’ai fait une découverte sur la nourriture depuis que j’ai pris  la route 
-Emett: Ah oui, quelle est-elle ?
-Woody: J’ai découvert que plus on mange plus on chie  

Le titre originel du film «Road of glory» est tiré d’une chanson de Woody Guthrie intitulée «This train bound for glory». L’homme qui avait  écrit sur sa guitare; «This machine  kills fascists» bazarda un tas de propositions juteuses comme le travail avec CBS. Il préféra  se joindre aux cueilleurs de coton et aux ouvriers agricoles. Il leur offrait ses chansons. Il fut à maintes reprises roué de coups pour son militantisme. Avec Ozark Bule, un autre chanteur engagé, il devait affronter les sbires enrôlés par les propriétaires des plantations californiennes. 
Guthrie est une légende du folksong contestataire. C’était un homme libre. «Il ne faut jamais dépendre de quoi que ce soit» disait-il. Il n’aimait pas être manipulé par les imprésarios cupides. ll n’aimait pas marcher à la baguette, mais plutôt chanter tout en marchant: 
«Je déteste une chanson qui vous fait croire que vous ne valez rien. Je déteste une chanson qui vous fait croire que vous êtes né perdant, fatalement perdant, bon pour personne, bon à rien, parce qu’on est ou trop vieux ou trop jeune, trop gras, trop maigre, trop laid, trop ceci ou trop cela, des chansons qui vous dénigrent et celles qui se fichent de vous parce que vous avez été malchanceux ou que vous avez trimé. Je pars en guerre contre toutes ces chansons-la  et je me bâterai jusqu’à mon dernier souffle,  ma dernière  goutte de sang.  je suis ici pour chanter et vous prouver que ce monde vous appartient, même si  vous avez reçu des coups de pieds au Q, même si ce monde vous a renversé et écrasé, quelques soient la couleur de votre peau, votre taille et votre corpulence. Je suis ici pour vous chanter des chansons qui vous rendront fiers de vous».