Tuesday, July 05, 2016

Le Brexit ça excite




 
Le Brexit
ça excite  



Suite à un referendum en bonne et due forme où les Europhobes l’ont emporté sur les Europhiles, la Grande Bretagne, dit adieu à la Communauté Européenne, qu’elle avait intégrée en 1973, après moult hésitations et calcul pernicieux. Dans un discours historique datant de 1963 et conservé par l’INA, Charles de Gaulle n’avait pas caché ses réticences envers le pays qui durant la deuxième Guerre Mondiale, lui avait assuré l’exil sécurisé et l’avait aidé à organiser la résistance contre les Nazis. Dans son argumentaire, de Gaulle considérait que les clivages entre les continentaux, comme la France et l’Allemagne et puis les autres entités insulaires comme l’Angleterre rendaient cette adhésion aléatoire. Le refus était catégorique et sans équivoque. Il a fallu attendre l’arrivée de George Pompidou et l’aval des autres chefs d’Etat pour que quatre pays rejoignent  la CEE dont le Royaume Uni. On passa de six membres à 10.
Si en juin 2016 les Eurosceptiques ont dominé en imposant le Brexit, cela signifie qu’un nouvel état d’esprit est entrain de se propager au sein de la GB. La fracture au sein d’une entité qui paraissait soudée à jamais pourrait conduire au pire comme au meilleur. Ça dépend de l’alternative. En effet, si la sortie garantirait une relance positive par rapport au passé, on en déduirait sa bonne véracité. En cas d’échec, il faudrait accepter la fatalité sans regret.
Un referendum lourd de conséquences et un signal d’alarme, tel pourrait-on schématiser pour économiser les mots. Ce Brexit historique  pourrait engendrer par contagion d’autres ’’Exit’’ plus retentissants et décisifs au sein de ce grand marché commun, gagné depuis belle lurette par le doute.    
Il ne s’agit pas d’un petit Etat qui bat de l’aile, mais d’un ex-empire colonial dont on disait à une certaine époque, que le soleil ne s’y couchait jamais et qu’il jouit toujours d’une place prépondérante au sein de l’ONU ? l’OCDE, l’Otan, le FMI et du Commonwealth. Il possède la première langue au monde et il est  un allié sûr des USA.
Ce qui est à la fois débonnaire et spectaculaire dans ce grand revirement, c’est que c’est le peuple qui le décide et non les technocrates cravatés qui le représentent à Bruxelles. Cela prouve que quand il s’agit de la destinée de la nation, on doit toujours se référer au peuple. Les Anglais ont encore une fois donné au reste du monde une leçon de démocratie et de transparence. Le vote s’est déroulé sans bavures et dans les normes requises. Pas de trafic ni dans les urnes, ni dans le compte des voix. Les millions de tweets qui ont précédé ce vote décisif et historique, on les doit à l’outil Internet qui est désormais au cœur de tous les changements du nouveau millénaire. On peut y échanger autant d’idées farfelues que révolutionnaires.  
La leçon british risque de faire tache d’huile dans un monde en crise. Les oligarchies du tiers-monde qui imposent leurs desideratas  aux peuples qu’ils gouvernent par la force doivent méditer cette belle  leçon de civisme politique. Vaincu, David Cameron qui était pour le maintien a essuyée la défaite avec fair-play. Il annonce qu’il va démissionner.  
En sortant du club des 28, la GB a ébranlé pas mal de convictions à l’emporte-pièce et de schémas préétablis. Les Britanniques sont de plus en plus intéressés par le leadership. Ils savent qu’en évinçant les monnaies locales, l’Euro n’a apporté que les tracas pour les petits pays qui n’y étaient pas suffisamment préparés. La Grèce fut une des premières victimes de ce lifting. L’Espagne a failli succomber au chaos.
Pourquoi ces fissures et ces signes de faiblesses, alors qu’on disait prosaïquement : «l’union fait la force» ? Parce  que les économies des pays engagés ne sont pas uniformément immunisées contre l’inflation unioniste. Les citoyens de cette Europe unifiée n’ont pas tous des revenus élevés, pour ne pas sentir le poids fiscal ? Rappelons  qu’après la divulgation des fameux Panama-Papers, on a vu que même les plus argentés de la planète cherchent à éviter le fisc local en allant cacher leur fortune dans les paradis fiscaux. Que dire d’un smicard ou d’un chômeur ou d’un retraité ?
La question migratoire est au cœur du débat avec ses incidences et contingences sécuritaires au sein d’un espace communautaire que la porosité frontalière a rendu plus fragile. Suite aux derniers actes terroristes qui ont endeuillé Paris et Bruxelles, on sait que parmi les migrants, il y a des  malintentionnés qui n’attendent que le moment propice pour répéter les mêmes hécatombes. Mieux vaut faire barrière que  les laisser pénétrer le territoire pour le dynamiter de l’intérieur.
Ainsi, montant à nouveau au créneau, un ancien chef d’Etat européen à ne pas nommer en appelle à un retour aux anciens tracés frontaliers avec les multiples contrôles de douane que cela préconise. En d’autres termes, il veut abroger l’une des clauses les plus fondamentales du traité : celle de la libre circulation. Si de telles perspectives se réalisaient, l’union deviendrait superficielle. Elle s’ouvrirait plus aux dissidences qu’aux nouvelles adhésions. Le retour au droit de regard  sur les affaires des voyageurs déplairait à plus d’un.
De toute évidence, la sortie de la BG du club européen aura des répercussions dont seul, l’avenir connaîtrait  l’ampleur et les dégâts. Les pessimistes disent qu’après cet imprévisible séisme  l’onde de choc va inéluctablement gagner d’autres pays n’ayant récolté de cette union que les tracasseries. Ils mettent en cause l’intransigeance de Bruxelles sur certaines questions fondamentales. Submergée par les vagues de migrants paupérisées, la Pologne veut fermer ses frontières, pour endiguer le flux, mais Bruxelles lui dit non.       
Signalons tout de même qu’au sein de ce grand marché, il n’y a pas que les perdants. Le pays qui a profité au maximum de cette union est le pays que la Société a des Nations a démilitarisé après la capitulation de 1945, à savoir l’Allemagne. Mais il faut reconnaître aussi que ce brillant  élève de la classe doit son essor à son savoir-faire et à son sérieux. Actuellement, c’est lui qui détient le leadership au sein de cette vieille Europe. La réunification des deux Allemagnes, autrefois irréductibles ennemies, fut un atout de croissance et d’apogée qui fait des envieux.    
Autre signe de confiance retrouvée, cet Etat dispose d’assez de largesses pour accueillir plus d’un million d’émigrants. Les réfugiés syriens en font partie. Cela prouve qu’il n’a pas les mêmes contraintes que ses voisins, où un certain protectionnisme racial et économique pointe du nez.   
Quel serait le sort de l’Irlande du nord et de l’Ecosse ?  Quel avenir pour l'Europe sans la GB ? L’inconnu tonne et résonne bruyamment plus que le connu, dans cette situation inédite, rendue plus dramatique par son aspect irréversible. En effet, même si la GB se rétracte et revient sur sa décision, ce qui est improbable, la re-adhésion lui sera refusée.
En attendant la suite des événements, les ’’28 moins1’’ doivent s’atteler à colmater les brèches et faire preuve de malléabilité, car après tout,  ’’In’’ ou ’’Out’’ la GB reste un partenaire fiable. Ce qui est arrivé, c’est que les Britanniques veulent garder pour eux les  350 millions de livres sterlings  (estimations du  parti europhobe UKIP) fournis  comme contribution hebdomadaire, afin de les injecter dans les services de la sécurité sociale. Lequel système de santé  reste un des meilleurs si l’on croit les experts, interviewés par Michael Moore pour son film documentaire Sicko, nominé à Cannes en 2007).  
Il y a beaucoup de changement en l’air. Le monde n’est plus ce qu’il était. Tout se passe vite. Les quiétudes décennales cèdent la place aux inquiétudes instantanées. C’est l’exercice de la démocratie qui en est le froment et l’agitateur.
RAZAK

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