La famine ou les bobines ?!
Web-Chronique de Razak.
Le pays croule sous les dettes extérieures, une sécheresse endémique et
structurelle visant l'épidermique ; et puis les réserves de céréales ne
couvrant qu'une petite échéance, à cause de la non disponibilité des plus
grands fournisseurs, occupés par une guerre d'usure . Mais par
défiance, on organise des festivals de cinéma dispendieux ,
comme si on se foutait de l'air du temps et de sa gravité. Le festival de
Marrakech, que l'on vise du mauvais doigt, est le plus budgétivore de tout le
Maghreb. On ne connait pas les chiffres exacts dépensés depuis sa création,
mais si l'on compte les billets d'avion, les nuitées dans les grands
palaces et les salaires versés aux privilégiés de Toscan du Plantier, chaque
invité étranger coûte énormément. En temps de prospérité, on peut à la rigueur,
admettre sa tenue (question de prestige), avec bien évidemment insistance
parcimonieuse, sur la gestion rigoureuse des rouages festivaliers
internes et externes, mais en état de crise et d'inflation, sa mise
en veilleuse serait salutaire. Il y a d'autres priorités
La famine ou les bobines ? La soif ou le tapis rouge? Seuls, les
frivoles et les inconscients suivront les réverbérantes paillettes. La société
bouillonne de l'intérieur, mais les Martiens envahissant la terre du soleil
couchant brouillonnent, en se laissant entraîner par leurs préjudiciables
caprices. Paradoxalement , on peut remercier le Corona virus d'avoir freiné
l'effusion budgétaire , pendant trois années de confinement musclé.
Afin d'éviter tout quiproquo et toute confusion, disons d'emblée que si
de telles manifestations étaient organisées exclusivement par des entités privées , ce serait du luxe ,
voire de l'insolence, de lui consacrer une chronique . On n'est le
son de cloche de quiconque. "Razakcinema" est pour le cinéma
instructif, le vrai cinéma, même si ce dernier est devenu si rare de nos
jours. On est contre la gabegie, les festivités inutiles et la dilapidation
infantile des deniers publics . Cautionner la bêtise et l'irresponsabilité,
c'est trahir un idéal, pour lequel on a sacrifié toute une jeunesse.
D'ailleurs, tout le monde constate qu'avant l'apparition du
vaudeville covidien, les salles de projection allaient de
fermeture en fermeture ; et que qualitativement la production filmique
nationale, comparée à l'ancienne époque, laissait à désirer. Enfin,
disons-le sans ambages: qui se croit fortuné et plus cinéphile que Méliès, n'a
qu'à nous montrer de quel bois il se chauffe, c'est-à-dire
financer, de A à Z, les péripéties dudit festival sans avoir recours aux
contribuables.
Bref, si par stupidité il veut jeter son pognon par la fenêtre, on
lui montrera volontiers les étages d'où se défenestrer et se jeter dans
le vide .
Le Centre de Masticage et de Cérémonie (lire nos chroniques précédentes)
dépense annuellement des sommes colossales dans le soutien de festivals
futiles, alors que ces substantielles ressources pourraient aider des
secteurs naufragés à se relever, comme la santé publique et
l'éducation nationale. Les instituts de recherche scientifique en ont
grand besoin.
Soit, de quelle utilité publique peut-on proprement parler, quand le gros
du budget dédié au festival va dans les poches des étrangers, qui , par
on ne sait quel subterfuge ou magie noire , ont eu la totale mainmise sur
l'événementiel. Pour le cas du "vestival" de Marrakech c'est la
partie française qui en tire le gros bénéfice. Au bénévolat
associatif des Marocains, s'oppose le mercantilisme des Français du FIFM.
On a , en temps opportun, révélé leur arrogance, vis-à-vis des locaux via
le blog "Razakcinema", (un des tout premiers du pays, rappelons-le en
toute modestie et transparence). Toscan du Plantier , qui , il y a 19 ans a
noué la ficelle est mort , mais les officiels marocains ne veulent pas se
réveiller de l'agaçante étourderie . Le cinéma n'est plus le hobby des masses
populaires. Même le festival de Cannes, que l'on voudrait mimer avec du pseudo
renfort exogène est en pleine dégringolade, par rapport à ce qu'il
était il y a 30 ans. Un adage marocain dit : " le vêtement d'autrui ne
cache rien de notre nudité".
RAZAK