DÉSOLATION !
(Aux femmes martyres de la faim)
Dormez paraisseux matelots rien ne presse
La mort serpente dans les parages
Les Alizés sont ingrats et de vile espèce
A Mogador le paisible sable s'enrage
Ville de grands mystères et d'insolubles contrastes
Chats et mouettes se prélassent au vieux port
La boue putride infeste méchamment tout le reste
Comment prémunir les démunis contre leur triste sort?
Fief reculé où les judas ont caché leur polyèdre voilé
La langue la plus parlée est celle du commerce
Une minorité s'enrichit, les autres se laissent avaler
Tous reculent mais croient aveuglément qu'ils avancent
Huile d'arganier toute imbibée de jus d'olives
Sur la langue le vrai chasse le vinaigre du faux
Le goût acariâtre d'une empoisonnée ogive
Cependant la folle spéculation y gagne gros
Mogador petit patelin des grands départs ratés
Du gnaoua-bizness mêlé à toutes les sauces
Au mémorial d'Orson Welles avec un nez amputé
Et Hendrix y découvrit très tôt la honteuse farce
Au quai on déverse les sardines par tonnes
Mais comme le coeur des cupides n'est pas vaste
Dans le ventre des Mogadoriens le vide résonne
Le sectarisme tribal envenime cette guerre de castes
Ou était-il l'Etat lanceur de fusées spatiales?
Quand les affamées d'Essaouira ont cédé honteusement l'âme ?
Sous la vile pression de la misère sociétale
Hécatombe pour un rien de farine . Oh, quel horrible drame!
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