Tuesday, March 11, 2008

Ne réveillons pas l'ogre


Au Maroc, pays où je vivote, épié, copié et défié, les salles de cinéma font comme moi : elles vivotent. La faucille de la mort en a fauché en une décennie plus d’une cinquantaine. Le cinéma indien aide au maintien de la brochette qui reste. Autrement, le désastre serait total. Figurez-vous qu’à Rabat la capitale du pays il n’y a plus de cinéma qui passe des films de la dernière cuvée comme ce fut le cas pour les cinémas Renaissance et Zahwa . Et l’on se demande comment les prétendus critiques de cinéma font pour commenter et critiquer les films si critique y a. Les officiels n’osent même plus parler des chiffres recommandés par l’UNESCO en matière de cinéma. C’est devenu une chimère. Pour se consoler et donner à l’administration qui régit le secteur une raison d’être on lorgne sur les tournages étrangers .Or ces derniers n’ont pas besoin de toute une armada de directeur et de sous-directeurs surpayés et puis d’une administration budgétivore qui bouffe l’argent du contribuable avec une voracité de fauve. Une autorisation de l’autorité territoriale aurait suffit. Autre préoccupation préoccupante : l’organisation à fond perdu d’avance de festivaloïdes qui n’intéressent que ceux qui les organisent. Celui que l’on voulait dédier à la femme fut un fiasco. Celui qui veut courir derrière le court est entré dans le cercle vicieux de l’essoufflement et il ne fera pas long feu. Cependant, le national se tangérise. Fini le nomadisme. Une grande prouesse en somme. L’histoire universelle du cinoche retiendrait cet événement jusqu’à la fin des images. Parce que Tanger (pour ceux qui ne le savent pas) est la ville de monsieur le directeur général… La mise à la retraite de ce dernier a été repoussée à une date indéterminée alors que des hydrauliciens qui se démenaient durant leur laborieuse vie professionnelle pour ramener l’eau aux citoyens sont contraints de déguerpir une fois l’heure de la retraite sonne. Et la cinémathèque, cette bâtisse Akhnatonienne où l’on a englouti des sommes faramineuses qu’est-elle devenue? Ne réveillons pas l’ogre, nous sommes à l’abri quand il dort.

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