Thursday, August 07, 2008

Indiens et africains d'Amérique


Voulant distinguer les indiens du Bhârat des amérindiens, les lexicologues ont introduit l’élément linguistique «amer». Les habitants de l’Inde comparés a ceux qui occupaient massivement, il y a cinq siècles les deux Amériques, ont une civilisation beaucoup plus structurée et plus profonde. Les amérindiens que les «visages pâles» venus notamment d’Europe ont chassés de leur territoire vivaient à l’état primitif. Mais ils avaient leurs valeurs, leurs coutumes et croyances. Dans leur ultime phase, ils ont été victimes du rêve appelé «American paradise» qui attira les aventuriers de tous poils. La découverte de l’Amérique et l’évangélisation qui s’en était suivie avaient préparé le terrain aux nouveaux arrivants. Le nouvel Eldorado devait se construire sur les ruines et tombes des premiers habitants du continent américain. A l’époque, ce vaste territoire était plein de richesses et de mystères. Les amérindiens étaient pris au dépourvu. Ceux qui ont survécu au génocide yankee ont été rassemblés dans des parcs placés sous haute surveillance de peur qu’un autre Geronimo en état de réincarnation bouleverse la donne. Mais l’abondance et la sophistication de l’arsenal sécuritaire a rendu cette éventualité impossible à admettre.
L’élément «amer» que l’on a placé pour faire la nuance est un adjectif qualificatif qui veut dire «d’un gout désagréable». L’amer dans toute sa perfidie engendre l’amertume. C’est en effet ce sentiment qu’on éprouve quand on évoque le calvaire des esclaves africains. Cette race de couleur sombre a subi des atrocités indescriptibles , sans doute plus douloureuses que celles des Apaches, de Sioux, Comanches , Cheyennes et autres communautés amérindiennes, car ces derniers avaient la possibilité de se défendre. Tandis que les esclaves africains que l’on ramenait en Amérique dans le cadre de ce qu’on appelait communément «Commerce Triangulaire» et dans des conditions inhumaines étaient condamnés à subir ce sort désagréable. Toute mutinerie finissait pas les coups de cravache ou de revolver. Ainsi, la traite des Noirs passa des colonies africaines aux nouveaux comptoirs d’Amérique. Les exploitations agricoles avaient besoin d’une main d’œuvre bon marché. Ce qui est répugnant et suscite l’indignation c’est qu’à l’époque on vendait des esclaves contre du coton, du sucre et du cacao. Le fameux «code Noir » établi en 1685 autorisait la traite des Noirs et l'esclavage. Les propriétaires de cette «marchandise vivante» n’avait pas à justifier leurs actes s’il donnaient la mort à leurs esclaves. Aujourd’hui, les descendants de cette population infortunée sont désignés sous l’appellation d’afro-américain. Mais ils semblent vivre aujourd’hui dans des conditions moins humiliantes, même si le raciste entre noir et blanc n’a pas disparu pour de bon. Après moult combats acharnés les afro-américains ont acquis certains droits et semblent mieux lotis que leurs ancêtres. Leur émancipation (sports, showbiz, sciences,…) a infirmé toutes les supputations discriminatoires qui faisaient d'eux une de race de sous-humains, fainéants et d'un tempérament sauvage.
Le cinéma est revenu à maintes reprises sur la tragédie de ces deux races, amérindiennes et africaines, et dont l’Amérique était le théâtre . Dans les films westerns, les indiens d’Amérique font partie du décor. Certains films (comme Geronimo de Walter Hill ) ont salué la bravoure des guerriers apaches. Dans d’autres films , on manifeste de la compassion (comme dans le film de Kevin Costner Danse avec les loups). Parmi les classiques du genre on peut citer: Le massacre Fort apache (de John Ford), Rio grande, Fureur Apache (de Robert Aldrich) , Guet-apens chez les Sioux (titre original : Dakota Incident),
Au-delà du Missouri (de William Wellman), La Flèche brisée (de Delmer Daves) , La Dernière chasse (de Richard Brooks), Les Cheyennes (de John Ford), Soldat bleu (de James Nelson), Little Big Man (d'Arthur Penn), La Captive aux yeux clairs, (d'Howard Hawks)…
Quand à la traite des Noirs par les blancs le film Amistad de Steven Spielberg reste un des plus vus mais aussi les plus critiqués. Si le réalisateur s’est empressé de tout montrer. Ses zooms sur la réalité macabre de ces gens en transhumance forcée lui ont fait perdre l’essentiel. Le soubassement politique de l’époque. Les contingences et ramifications que la corruption nourrissait. Les «abolitionnistes» n’y verraient que la croûte mais le noyau du sujet reste enfoui dans les bibliothèques et des centres d’archivages. Techniquement l'odyssée d'un navire négrier a été bien filmée ( le réalisateur n’est pas un débutant ) mais l’approche reste sectaire.
Un autre film sur l’esclavage : Mandingo et son réalisateur n’est autre que Richard Fleischer l’auteur de «Che» . Mandingo est une adaptation du roman de Kyle Onstott dans lequel la pureté génétique du clan est le thème central du récit. Un propriétaire esclavagiste de la Louisiane, oblige son fils à épouser sa cousine. Mais contre toute attente , ce dernier préfère une noire. Pour se venger, sa cousine se donne à un nègre. Aujourd’hui, de tels clivages pourraient paraître ridicules parce que les mariages mixtes sont devenus une mode.
Le film Tamango du réalisateur français John Berry parle lui aussi (comme dans Amistad ) de cargaison de captifs africains. Tamango en étant un d’eux se révolte en pleine traversée d'océan . Il pousse les autres esclaves à l’insoumission et à la rébellion. Ce film de fiction qui est réalisé aux années 50 s'inspire de la nouvelle de Prosper Mérimée.
Le réalisateur italien Gillo Pontecorvo a fait de Queimada un classique. Queimada est en fait le nom d’une ile sous domination portugaise où transitaient les récoltes de cannes à sucre. Le gouvernement anglais a envoyé un espion dont l’objectif était de déstabiliser l’ile par un soulèvement massif des esclaves. Mais une fois les métisses d’obédience britannique ont réussi leur coup , les esclaves se retournent contre la couronne britannique. Le film a été perçu par la critique comme un plaidoyer contre le colonialisme.
Le film Manderlay de Lars von Trier est un des plus récents. Le réalisateur danois s’attaque à la question de l’esclavage aux USA avec à l’arrière-plan des insinuations métaphorisées. Il n’est pas un film réaliste mais le réalisateur voulait montrer par le contraste des images ce qu’il en pense. L’esclavagisme est avant tout un instinct, tel pourrait être la conclusion de ce film.
Il y’en a d’autres films qui ont abordé la question de divers manières et sous des angles différents mais on aimerait clôturer ce dossier par un film documentaire d’un réalisme exacerbé: Addio zio Tom (Les Négriers pour les français et Goodbye Uncle Tom, pour les anglo-saxons). Jacopetti et Prosperi qui ont fait tandem pour la réalisation de ce film s’y sont attelés avec la méticulosité d’un explorateur en quête de vérité absolue.
RAZAK

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