Monday, May 28, 2012
Saturday, May 26, 2012
Houria Boutayeb la Jeanne D 'Arc de l'audiovisuel marocain
Houria
Boutayeb la Jeanne D’arc de l’audiovisuel marocain
Par Razak
Une femme
avec le courage d’un homme. Elle est
belle et elle est fière de sa dignité. Une femme qui honore les autres
femmes et qui m’honore en tant qu’écrivain marocain. Elle s’appelle Houria
Boutayeb, une Tétouanaise de pure souche qui mérite toutes les éloges et le
respect complet, car de nombreux «chlaghmia» (moustachus à la turque) de la
SNRT n’ont pas eu le courage de dénoncer ni le mauvais traitement
bureaucratique dont ils sont la cible, ni le calvaire dont ils sont les
victimes et cela depuis des lustres. Ainsi par lâcheté, ils n’ont pas pu
participer à l’action de soutien du vendredi 25 mai. Mais l’adage marocain dit:
«une poignée d’abeilles vaut mieux qu’une nuée de mouches». La direction qui
avait mis dans le collimateur (de licenciement) Houria s’est enfin rétractée.
Une pléiade d’hommes et femmes libres s’est solidarisée avec elle, considérant
que son combat est le sien. Ces militants ont crié leur ire envers les frileux
Baltagiés qui ont manigancé tout un «cirque de signatures» pour discréditer la
brave présentatrice TV.
Houria n’a
pas été licenciée. C’est une victoire. Ces militants de la SNRT mobilisés pour
une bonne cause savaient qu’ils risquaient leur poste (vu l’autocratie
bureaucratique ambiante) mais la détermination était à son paroxysme et la
fidélité au rendez-vous.
Bien que je
ne sois pas un employé de cette boite, j’ai , par principe, participé à cette action de soutien, car j’en ai marre
de la stagnation, de l’impasse et du laxisme dont font montre les gestionnaires de cette institution financée par l’argent du contribuable et qui
jette les billets de banques par la
fenêtre. Beaucoup de cancres en ont profité. On nous a dit qu’avec la
promulgation de la nouvelle constitution il n’y aura plus d’impunité, que tous
les magouilleurs seront appréhendés et mis hors d’état de nuire et puis que les
citoyens seront sur le même pied d’égalité. Mais jusqu’à preuve du contraire,
on manque de preuves tangibles. Dirigé, depuis jadis, d’une main de fer, le
système audiovisuel marocain a besoin d’une purge en profondeur et d’une
nouvelle restructuration. J’ai publié des dizaines d’articles sur ses
dysfonctionnements, défaillances et errements (voir archives de presse et de
l’Internet) mais il semble que l’on
s’adresse à des fantômes parce que le
système de «Taret Maâza» (inspiré de l’anecdote de la chèvre qui s’envole) est
toujours de mise.
Enfin,
paraphrasant le célèbre poète français Jaques Prévert l’on pourrait dire au
sujet de Houria Boutayeb, la Jeanne d’Arc de l’audiovisuel marocain: «Elle a
dit la vérité, elle doit être exécutée». La patron du holding lui aussi s’est révolté
contre la hiérarchie ministérielle. On devrait l’interpeller, lui aussi pour,
cette insubordination. Sous d’autres cieux bénis par les muses de la
démocratie, une femme de cette trempe qui dit la vérité est hissée au rang de
diva adulée par tous pour son audacieuse sincérité.
PS: A une
journée d’intervalle de cette action de soutien, Omar Salim un ex-directeur des programmes et de
l'Information à 2M a révélé une
scandaleuse affaire. Il avoue
volontiers ne pas mériter les 8 millions qu’il touchait mensuellement sans rien
faire. Cela prouve que la gabegie au sein du holding audiovisuel de service
public est un phénomène généralisé. Il est temps d’en punir les responsables, quelque soit leur rang.
Wednesday, May 23, 2012
Tuesday, May 22, 2012
Vigon et le come-back productif
Comme on
s’y attendait, Vigon a fait un tabac à Rabat. Son
come-back a été à la hauteur des attentes. Grands et petits, hommes et femmes,
les retrouvailles pour les anciens, la découverte pour les teenagers, Vigon a pris
cette fois le bon wagon qui mène droit aux cœurs. Des musiciens talentueux l’accompagnaient.
La grande salle du théâtre Mohamed-V garderait à jamais quelques décibels endiablés
angéliquement, si j’ose dire et décrire. L’enceinte couverte de palissandre a été
en état de résonance acoustique, ce lundi 21 mai. Qui y pénétrait de plein gré ou entraîné par une
rumeur attractive ressentirait du frisson se propager dans tout le corps, comme
dans un état de transe. En effet, tel un roc surplombant
le récif, Vigon a montré qu’il a du talent à revendre (d’ailleurs comme jadis) et
que les lingots d’or ne se déprécient pas avec le temps. Le rockeur a pris de l’âge, mais son talent est
resté intact. Une voix superbe et une prestance à toutes épreuves. Un tout
petit dit à l’intention des organisateurs. Je ne suis pas un «mawazinophile»
tout dévoué à la cause, mais ce «Remember-Vigon» est inoubliable, exquis. J’aurais
été réconcilié avec les prospecteurs de ce festival controversé, si dix ans auparavant,
ce concert avait eu lieu et qu’on avait épuré la programmation en en soustrayant
ce qui est clinquant et folklorisé à outrance. Soit, ne soyons pas rancuniers
et frondeurs et puis parlons des belles offrandes que nous avons pu déguster et
des scintillations qui nous ont éblouis. Le concert valait le détour. On était
ravi de sa teneur. Pour tout avouer, je n’attends maintenant qu’une chose: que les fameux «Scorpions» allemands viennent nous
gaver avec leur venin sucré et mielleux. Ils sont au programme autant que la diva
Maria Carey.
A part ces deux concerts que j’ai soulignés sur le petit fascicule-programme avec un stylo rouge, je ne trouverai à travers toute cette lourde et dispendieuse «mawazinerie» qui a fait déjà des morts dans une arène de foot que peu de choses à mettre sous l’oeil et sous le tympan. Certains aiment le Rap, moi j’aime les chansons à texte qui donnent à réfléchir. Avec Vigon, il s’agit d’une destinée peu commune. La suavité des retrouvailles n’a d’égale que la somptuosité du madrigal.
A part ces deux concerts que j’ai soulignés sur le petit fascicule-programme avec un stylo rouge, je ne trouverai à travers toute cette lourde et dispendieuse «mawazinerie» qui a fait déjà des morts dans une arène de foot que peu de choses à mettre sous l’oeil et sous le tympan. Certains aiment le Rap, moi j’aime les chansons à texte qui donnent à réfléchir. Avec Vigon, il s’agit d’une destinée peu commune. La suavité des retrouvailles n’a d’égale que la somptuosité du madrigal.
«Je
chanterais même à l’âge de 70 ans» disait-il entre deux chansons. Dick Rivers
a, lui aussi, prolongé sa jeunesse en arpentant le même sentier et scrutant le
même horizon. En ce qui me concerne, c’est la nostalgie d’une époque révolue
qui me donne l’envie de me remémorer, via la stature dynamique de ce rockeur, les
éblouissantes extravagances de la jeunesse. Avec
Vigon on a assisté à une sorte de communion. Est-ce le retour au bercail
qui en a tissé et ravivé les fibres émotionnelles ou la candeurs du regard
admiratif de ceux qui suivaient ses mouvements enfiévrés sur scène? Ainsi, entremêlant subtilement les
rythmes vifs du Rock-and-roll (comme au temps d’Elvis le prodige de Memphis) et
les airs doucereux de la Soul, Vigon a magnétisé la foule. On s’agglutina autour de
lui. Avec une voix tantôt fortissimo et aiguë au point de voir se profiler devant nous le
fulminant James Brown, tantôt émotive comme un chuchotement de palmes, on était
vraiment rassasié. Vigon and The Dominos ont dominé la scène. Bravo à tous les
musiciens qui, sans leur complice virtuosité, cette voix sublimissime perdrait
ses attributs naturels. Ils méritent d’être cités tous de leur nom: Didier
Marty (chef d’orchestre, sax-guitare), Jean-Jacques Cirillo, Christophe Maren,
Romain Theret, Gérard Pompougnac, Didier Queron, Muriel Marty, Bruno Brochet,
Benoît Ruault, Christophe Dutray et Aurelien Meunier.
RAZAK
Friday, May 18, 2012
Remember VIGON
Remember Vigon
Bien qu'il soit naturalisé français, Abdelghafour
Mohcine (alias Vigon) s’est toujours estimé ignoré par les medias dominants en
France. Malgré son immense talent, l’on arrive à se demander quels préjugés
réducteurs seraient derrière ce veto audiovisuel inhospitalier. Cette légende
vivante qui, par ailleurs, a une voix magique
dédia sa vie à la Soul-music.
Qui l’entend pour la première fois ne
croira pas qu’il s’agisse d’un chanteur d’origine marocaine. C’est du Sam Cooke
tout fignolé. Vigon fut l’idole de toute une génération. J’en fus un des plus enthousiastes.
Aux débuts des années 80, j’avais eu la
chance de le rencontrer par hasard à Agadir dans les dédales du quartier «Talborjt»
où se trouvait la gare routière. J’étais au courant qu’il chantait au «Tam-Tam Club» à l’hôtel «Les Almohades»,
mais à l’époque, l’accès à ce club était (financièrement parlant) hors de ma portée.
En tant qu’admirateur, j’avais souhaité qu’il aille aux USA pour donner plus de
mordant et de rayonnement à sa carrière.
C’est un gâchis que de passer à côté d’une méga-star délaissée injustement.
Heureusement, il y a aujourd’hui un regain d’intérêt pour la Soul-music. Le genre est entrain de renaître de ses cendres. C’est
pour cela que, par nostalgie, notre crooner de charme réapparaît, avec autant
d'impact que de réussite. Enfin, les plateaux de télévision hexagonaux
commencent à se l’arracher (mieux vaut tard que jamais). Ses réapparitions
électrisent la foule. L’onde de choc est arrivée au Maroc, un peu tardivement,
bien que la flamme y ait pris naissance. Abdelghafour va retrouver sa ville
natale. Bon retour au bercail. A cette occasion, le théâtre Mohamed-V va (Mawazine
oblige) «vigonniser» son programme. Le jeu en vaut la chandelle. Mais, sang de
bon sang, pourquoi l'avait-on ignoré
durant toutes ces longues années, alors que des perroquets à bec humain ayant
la voix éteinte s'accaparent les estrades de démonstration audiovisuelle et
festivalières?
D’où vient
le pseudonyme Vigon? Abdelghafour qui est le frère du célèbre gagman du
sérail, s’explique: «Alors que j'étais en classe, au lieu de dire wagon, j'ai
dit vigon. Ça a amusé tout le monde et on m'a surnommé Vigon».
Son histoire avec la Soul-music commence avec
l’arrivée des Américains au Maroc. Après la guerre, plusieurs bases militaires se
sont installées dans différentes régions du Maroc (Kenitra, Benguerir…). Vigon
avait formé un petit orchestre et allait chanter tous les samedis, pour les GI.
C’est là qu’il avait appris son métier, en découvrant et imitant Ray Charles,
Sam Cook, Fats Domino, Little Richard et Salomon Burk. «Des monuments», comme
il dit. En 1964, il part en France, la chance lui sourit, car providentiellement,
Bruno Coquatrix lui propose de faire le
prologue d’ouverture pour les grands spectacles de l’Olympia. Dans la foulée,
il a connu un grand nombre de célébrités françaises et anglo-saxonnes telles
que Jimmy Hendrix, Otis Redding, Johnny Halliday…
En 2011, terrassé par la mort de sa fille Sofia,
Vigon termina la chanson «Stand by me» avec une voix endeuillée et émouvante.
L’auditoire eut les yeux humides. L’on espère qu’après les nuages sombres du deuil,
le crooner franco-marocain retrouve la
joie et le plaisir de chanter. N’a-t-il pas dit: «Dieu m'a donné une voix, je
me donne du plaisir et je n'en demande pas plus».
Une dédicace pour les inconditionnels de la Soul-music
qui assisteraient au «Remember-Vigon» du 21 mai: «A change is gonna» de Sam Cooke
et l’inusable «Stand by me» de Ben
E-King, mais cette fois sans les larmes chaudes versées pour la belle Sofia.
RAZAK
Thursday, May 17, 2012
Ciné-répliques à méditer: Le plus vieIl écolier du monde
Le plus vieil
écolier du monde
Réalisateur: Justin Chadwick
Scénario: Ann Peacock
Kimani Nganga Maruge (Oliver Litondo) est un ancien combattant qui
a subi des traitements atroces durant sa captivité dans les geôles coloniales britanniques.
Après l’indépendance, le président du Kenya lui envoie une lettre. Mais Maruge
est analphabète. Comme l’Etat décide la généralisation et la gratuité de l’instruction
à tous les Kényans, alors il se présente à l’école. Mais l’homme est âgé de 84
ans. La directrice Jane ( Naomie Harris ) va lutter contre l'hiérarchie pour lui
garantir sa scolarité. On la mute dans
un autre établissement scolaire. Pour la faire revenir à son village, Maruge va
voir le ministre de l’enseignement à Nairobi.
Il arrive au ministère mais la secrétaire refuse de le laisser enter. Ainsi
profitant d’un moment d’inattention, il réussit à s’infiltrer dans la salle de
réunion.
-La secrétaire: Attendez monsieur...monsieur vous ne pouvez pas enter. Je suis vraiment
désolée monsieur le ministre. Je vais appeler la sécurité.
-Le ministre: Vous le connaissez?
-L’adjoint: Monsieur le ministre, c’est monsieur Maruge.
-Le ministre: Ah monsieur Maruge, que peut-on faire pour
vous ?
-Maruge: Je suis ici pour la maîtresse.
-La secrétaire: Monsieur le ministre…
-Le ministre: Non, ça ira. Je vous remercie.
-Le ministre: Vous avez toute notre attention.
-Maruge: J’étais dans les camps de prisonniers avec nos pères fondateurs.
Ces hommes ont tout sacrifié pour votre génération. Sans ces hommes, vous ne
serez pas là. Avant, il n’y avait que la reine des Anglais sur ce mur.
(Il se déshabille pour montrer les cicatrices du dos)
-Maruge: Ce sont les Anglais qui m’ont fait ça. Ils ont fracassé
mon crâne. Ils ont coupé tous mes
orteils.
-L’adjoint: Monsieur le ministre, monsieur Marugue, je crois que
ça suffit.
-Maruge: Il faut tirer les leçons de notre passé. Il ne faut jamais
oublier et il faut devenir meilleur. Pour ça, il nous faut de bons enseignants.
C’est par nos enfants que nous
récolterons ce que nous avons semé. Il faut nous la rendre. Merci!
Inspiré de faits réels, le film est plaisant à voir. Maruge a été invité aux Nations Unies à New York. Il
s’adressa aux chefs d’Etats pour les sensibiliser sur les vertus de l’instruction
et l’éducation. Maruge est décédé en 2009 d’un cancer de l’estomac.
RAZAK
Sunday, May 06, 2012
Wednesday, May 02, 2012
Ingratitude
Ingratitude
Par Razak
Pourquoi ne devrait-on récolter que de l’amertume après chaque acte de charité et geste
de bonne volonté? La réponse est simple: il y a erreur de destinataire. La personne à
aider ou à secourir n’est pas celle que l’on pense. Par ailleurs Li Andou Jouâ Kdim
(avarice inguérissable) est incapable de répondre par la pareille, en termes de
courtoisie et de réciprocité bienveillante. Dans le vocabulaire usuel de ces profiteurs
on ne trouve pas le mot Merci. C’est une perte d’encre que de consacrer des lignes
élogieuses à des énergumènes qui cachent du poison derrière la face rieuse et qui
crachent dans la soupe que le bon samaritain leur offre gratuitement. Le mieux qu’on
puisse attendre des mauvais types c’est le manque de civisme et de l’ingratitude
outrancière, pour le geste généreux qu’on vient de commettre en leur faveur. Je dis
commettre, car il y a un peu de susceptibilité qui s’insinue par inadvertance de s’être
trompé de gars. Mais on ne doit pas se lamenter et céder au dépit, car après tout, les
gens sont pierres et «Tob» (roche tendre) comme dit l’adage marocain. Les lecteurs de mes
chroniques se souviennent que bénévolement et stoïquement l’on avait aidé de nombreux
novices dans leurs premiers pas et on a réussi à détourner l’attention sur des comédiens
et comédiennes que l’on considérait comme victimes de la société. On était allé (avec la
bénédiction du chef de rubrique) jusqu’à afficher leur jolies gueules dans la publication
pour que les lecteurs se souviennent d’eux. Après la diffusion du journal, ils ont vu que
leurs conditions se sont nettement améliorées, mais ils oublient de dire merci, au moins,
au support qui a servi de courroie de transmission et de passerelle. Bref, ils en ont
profité, mais pourquoi se montrer irrévérencieux comme font les arnaqueurs et les pique-
assiettes? Les uns ont carrément changé de statut social. De l’être besogneux à l’être
fortuné, l’ascension devait-elle passer par le sacrifice du chroniqueur ou du journaliste
culturel qui l’a propulsé? D’autres, menacés d’expulsion de leur domicile, ont dû être
sauvés in extremis grâce au journal qui, par solidarité, a évoqué leur cas. On n’attend
pas d’eux qu’ils nous fassent une thèse doctorale de civilité, mais un tout petit mot de
gratitude pour le rôle noble accompli. Que dire enfin de quelqu’un qui vient presque à
quatre pattes vous supplier d’écrire sur son calvaire, mais une fois débarrassé de son
problème, il vous dit sans vergogne: «dommage, le journal n’a pas beaucoup de lecteurs»
comme si les journaux qui tirent à 100 milles ou 120 milles étaient tous crédibles et
ne dribblaient pas avec la vérité. Excepté les ressortissants étrangers, on reçoit
rarement de feed-back de nos concitoyens humblement servis, qu’ils soient artistes,
acteurs, politiciens ou activistes de la société civile. Il y en a qui, franchissant le
fleuve amer de la misère détestent ceux qui ont eu la gentillesse et le flair de les
révéler en toute primeur au public. Ils ont supprimé leurs articles du book-press parce
que cela leur rappelle les années de pauvreté et de galère. Etre artiste, c’est avoir un
minimum de politesse et être reconnaissant envers ceux et celles qui vous ont déblayé le
terrain. En tant que freelance, ayant épaulé pas mal de gens (voire archives de presses)
j’aurais dû demander ma part du gâteau, notamment à ceux et celles qui réussissent, car
tout travail mérite rétribution, mais je ne l’ai pas fait et je ne le ferais pas, parce
qu’un humanisme quelque peu masochiste m’y conduit comme un écervelé. Demander des sous à
un photographe sur le point d’être expulsé de son taudis n’est pas de mes habitudes.
Demander de l’argent à des comédiens chassés des tréteaux ou ignorés par les maisons de
production cinématographiques ne fait pas patrie de mes moeurs. Le matérialisme sauvage a
ébranlé toutes les bonnes valeurs. Désormais, le verbe «profiter» se conjugue à tous les
temps grammaticaux. Comme par décadence, toutes les belles choses sont devenues
monnayables et obéissent à la vile loi du marchandising. Une chanteuse au crépuscule de
sa carrière a dit sans rougir: «j’ai le droit d’acheter les récompenses et les
distinctions». Cela signifie corrompre les jurys de sélection. N’est-ce pas horrible? Les
prix doivent auréoler les plus talentueux et non pas les plus riches. Comme je l’ai déjà
mentionné dans le tome-2 de la monographie Bouzghiba-Awards qui va paraître prochainement
sous forme de E-book (le contrat vient d’être signé avec un cyber-éditeur parisien):
«certains sont devenus caricaturaux et affreusement affadis, à cause du folklorisme
clinquant et de l’affairisme décadent qui les submergent. L’objectivité y a cédé la place
à la complaisance et à l’arnaque. Il n’a résulté de ces "loteries" perverses que les
mièvreries et les impuretés pseudo artistiques. Certes, quelques individualités
talentueuses méritaient d’être auréolées, mais il fallait être précautionneux pour ne pas
en faire des prétentieux doublement affectés de négativisme et de mégalomanie. De grands
vaniteux sont sortis de ces «urnes» dépravatrices. La débauche y est devenue une
constante écœurante».
Par Razak
Pourquoi ne devrait-on récolter que de l’amertume après chaque acte de charité et geste
de bonne volonté? La réponse est simple: il y a erreur de destinataire. La personne à
aider ou à secourir n’est pas celle que l’on pense. Par ailleurs Li Andou Jouâ Kdim
(avarice inguérissable) est incapable de répondre par la pareille, en termes de
courtoisie et de réciprocité bienveillante. Dans le vocabulaire usuel de ces profiteurs
on ne trouve pas le mot Merci. C’est une perte d’encre que de consacrer des lignes
élogieuses à des énergumènes qui cachent du poison derrière la face rieuse et qui
crachent dans la soupe que le bon samaritain leur offre gratuitement. Le mieux qu’on
puisse attendre des mauvais types c’est le manque de civisme et de l’ingratitude
outrancière, pour le geste généreux qu’on vient de commettre en leur faveur. Je dis
commettre, car il y a un peu de susceptibilité qui s’insinue par inadvertance de s’être
trompé de gars. Mais on ne doit pas se lamenter et céder au dépit, car après tout, les
gens sont pierres et «Tob» (roche tendre) comme dit l’adage marocain. Les lecteurs de mes
chroniques se souviennent que bénévolement et stoïquement l’on avait aidé de nombreux
novices dans leurs premiers pas et on a réussi à détourner l’attention sur des comédiens
et comédiennes que l’on considérait comme victimes de la société. On était allé (avec la
bénédiction du chef de rubrique) jusqu’à afficher leur jolies gueules dans la publication
pour que les lecteurs se souviennent d’eux. Après la diffusion du journal, ils ont vu que
leurs conditions se sont nettement améliorées, mais ils oublient de dire merci, au moins,
au support qui a servi de courroie de transmission et de passerelle. Bref, ils en ont
profité, mais pourquoi se montrer irrévérencieux comme font les arnaqueurs et les pique-
assiettes? Les uns ont carrément changé de statut social. De l’être besogneux à l’être
fortuné, l’ascension devait-elle passer par le sacrifice du chroniqueur ou du journaliste
culturel qui l’a propulsé? D’autres, menacés d’expulsion de leur domicile, ont dû être
sauvés in extremis grâce au journal qui, par solidarité, a évoqué leur cas. On n’attend
pas d’eux qu’ils nous fassent une thèse doctorale de civilité, mais un tout petit mot de
gratitude pour le rôle noble accompli. Que dire enfin de quelqu’un qui vient presque à
quatre pattes vous supplier d’écrire sur son calvaire, mais une fois débarrassé de son
problème, il vous dit sans vergogne: «dommage, le journal n’a pas beaucoup de lecteurs»
comme si les journaux qui tirent à 100 milles ou 120 milles étaient tous crédibles et
ne dribblaient pas avec la vérité. Excepté les ressortissants étrangers, on reçoit
rarement de feed-back de nos concitoyens humblement servis, qu’ils soient artistes,
acteurs, politiciens ou activistes de la société civile. Il y en a qui, franchissant le
fleuve amer de la misère détestent ceux qui ont eu la gentillesse et le flair de les
révéler en toute primeur au public. Ils ont supprimé leurs articles du book-press parce
que cela leur rappelle les années de pauvreté et de galère. Etre artiste, c’est avoir un
minimum de politesse et être reconnaissant envers ceux et celles qui vous ont déblayé le
terrain. En tant que freelance, ayant épaulé pas mal de gens (voire archives de presses)
j’aurais dû demander ma part du gâteau, notamment à ceux et celles qui réussissent, car
tout travail mérite rétribution, mais je ne l’ai pas fait et je ne le ferais pas, parce
qu’un humanisme quelque peu masochiste m’y conduit comme un écervelé. Demander des sous à
un photographe sur le point d’être expulsé de son taudis n’est pas de mes habitudes.
Demander de l’argent à des comédiens chassés des tréteaux ou ignorés par les maisons de
production cinématographiques ne fait pas patrie de mes moeurs. Le matérialisme sauvage a
ébranlé toutes les bonnes valeurs. Désormais, le verbe «profiter» se conjugue à tous les
temps grammaticaux. Comme par décadence, toutes les belles choses sont devenues
monnayables et obéissent à la vile loi du marchandising. Une chanteuse au crépuscule de
sa carrière a dit sans rougir: «j’ai le droit d’acheter les récompenses et les
distinctions». Cela signifie corrompre les jurys de sélection. N’est-ce pas horrible? Les
prix doivent auréoler les plus talentueux et non pas les plus riches. Comme je l’ai déjà
mentionné dans le tome-2 de la monographie Bouzghiba-Awards qui va paraître prochainement
sous forme de E-book (le contrat vient d’être signé avec un cyber-éditeur parisien):
«certains sont devenus caricaturaux et affreusement affadis, à cause du folklorisme
clinquant et de l’affairisme décadent qui les submergent. L’objectivité y a cédé la place
à la complaisance et à l’arnaque. Il n’a résulté de ces "loteries" perverses que les
mièvreries et les impuretés pseudo artistiques. Certes, quelques individualités
talentueuses méritaient d’être auréolées, mais il fallait être précautionneux pour ne pas
en faire des prétentieux doublement affectés de négativisme et de mégalomanie. De grands
vaniteux sont sortis de ces «urnes» dépravatrices. La débauche y est devenue une
constante écœurante».
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