Friday, May 18, 2012

Remember VIGON



Remember  Vigon
 
Bien qu'il soit naturalisé français, Abdelghafour Mohcine (alias Vigon) s’est toujours estimé ignoré par les medias dominants en France. Malgré son immense talent, l’on arrive à se demander quels préjugés réducteurs seraient derrière ce veto audiovisuel inhospitalier. Cette légende vivante qui, par ailleurs, a une voix magique  dédia  sa vie à la Soul-music. Qui  l’entend pour la première fois ne croira pas qu’il s’agisse d’un chanteur d’origine marocaine. C’est du Sam Cooke tout fignolé. Vigon fut l’idole de toute une génération. J’en fus un des plus enthousiastes. Aux débuts des années 80,  j’avais eu la chance de le rencontrer par hasard à Agadir dans les dédales du quartier «Talborjt» où se trouvait la gare routière. J’étais au courant qu’il chantait  au «Tam-Tam Club» à l’hôtel «Les Almohades», mais à l’époque, l’accès à ce club était (financièrement parlant) hors de ma portée. En tant qu’admirateur, j’avais souhaité qu’il aille aux USA pour donner plus de mordant et de rayonnement  à sa carrière. C’est un gâchis que de passer à côté d’une méga-star délaissée injustement. Heureusement, il y a aujourd’hui un regain d’intérêt  pour la Soul-music. Le genre est  entrain de renaître de ses cendres. C’est pour cela que, par nostalgie, notre crooner de charme réapparaît, avec autant d'impact que de réussite. Enfin, les plateaux de télévision hexagonaux commencent à se l’arracher (mieux vaut tard que jamais). Ses réapparitions électrisent la foule. L’onde de choc est arrivée au Maroc, un peu tardivement, bien que la flamme y ait pris naissance. Abdelghafour va retrouver sa ville natale. Bon retour au bercail. A cette occasion, le théâtre Mohamed-V va (Mawazine oblige) «vigonniser» son programme. Le jeu en vaut la chandelle. Mais, sang de bon sang,  pourquoi l'avait-on ignoré durant toutes ces longues années, alors que des perroquets à bec humain ayant la voix éteinte s'accaparent les estrades de démonstration audiovisuelle et festivalières?
D’où vient  le pseudonyme Vigon? Abdelghafour qui est le frère du célèbre gagman du sérail, s’explique: «Alors que j'étais en classe, au lieu de dire wagon, j'ai dit vigon. Ça a amusé tout le monde et on m'a surnommé Vigon».
Son histoire avec la Soul-music commence avec l’arrivée des Américains au Maroc. Après la guerre, plusieurs bases militaires se sont installées dans différentes régions du Maroc (Kenitra, Benguerir…). Vigon avait formé un petit orchestre et allait chanter tous les samedis, pour les GI. C’est là qu’il avait appris son métier, en découvrant et imitant Ray Charles, Sam Cook, Fats Domino, Little Richard et Salomon Burk. «Des monuments», comme il dit. En 1964, il part en France, la chance lui sourit, car providentiellement, Bruno Coquatrix  lui propose de faire le prologue d’ouverture pour les grands spectacles de l’Olympia. Dans la foulée, il a connu un grand nombre de célébrités françaises et anglo-saxonnes telles que  Jimmy Hendrix, Otis Redding,  Johnny Halliday…
En 2011, terrassé par la mort de sa fille Sofia, Vigon termina la chanson «Stand by me» avec une voix endeuillée et émouvante. L’auditoire eut les yeux humides. L’on espère qu’après les nuages sombres du deuil, le crooner franco-marocain retrouve  la joie et le plaisir de chanter. N’a-t-il pas dit: «Dieu m'a donné une voix, je me donne du  plaisir et  je n'en demande pas plus».
Une dédicace pour les inconditionnels de la Soul-music qui assisteraient au «Remember-Vigon» du 21 mai: «A change is gonna» de Sam Cooke  et l’inusable «Stand by me» de Ben E-King, mais cette fois sans les larmes chaudes versées pour la belle Sofia.
RAZAK

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