Si les princes de ce bas monde sont nés avec une cuillère
d’argent dans la bouche, moi, je suis né avec un
stylographe entre la lèvre supérieure et la lèvre inférieure du trou
buccal. Ma salive, c’est de l’encre à l’état pur. S’il y a une résurrection ou
un jour de purgatoire où l’on paie pour les crimes commis, le papier
que j’ai noirci, avec ma corrosive salive devra réclamer son dû. J’avoue
volontiers avoir torturé beaucoup de papier et tué tant de pages innocentes, la
nuit comme le jour, avec un sadisme inégalé. Je ne me contente pas de les
froisser, quand les mots deviennent hostiles ou font grève tout
simplement, mais je passe à la charcuterie. Je les découpe en mille morceaux ou
je mets le feu dessus, la tête froide et avec préméditation, comme
un tueur professionnel. Je suis un « serial killer » de la
paperasse, c’est- à-dire un tueur en série, doublé de pyromane incorrigible . Il faut que je
paie pour les forfaits commis.
Sale « salisseur de l’immaculé », voilà ce que prosaïquement je suis. Je demande pardon à tous les papiers que j’ai importunés ou rendus invalides. Mais ces crimes commis me dépassent. Je n’en suis, en fait, que l’exécutant, l’instrument de torture et il faut chercher ailleurs, pour découvrir le vrai alibi. Ce n’est pas par souci écologique que je cherche la voie du repentir, car de l’arbre au papier, un meurtre crapuleux a déjà été commis, avant moi, par un bûcheron, mais par principe. Ainsi, quand je brûle un papier plein de mots désordonnés et de ratures, ça porte nuisance à l’environnement, en empoisonnant l’air avec des mots calcinés. Je reconnais ma culpabilité. Mais pour comprendre les griefs de ce ’’brûle-mots’’, plus nocif que les ’’brûle-cigarettes’’, il faudrait fouiller dans les recoins sombres de sa psyché, dans ces régions fermées à l’entendement, comme dirait Rilke.
Sale « salisseur de l’immaculé », voilà ce que prosaïquement je suis. Je demande pardon à tous les papiers que j’ai importunés ou rendus invalides. Mais ces crimes commis me dépassent. Je n’en suis, en fait, que l’exécutant, l’instrument de torture et il faut chercher ailleurs, pour découvrir le vrai alibi. Ce n’est pas par souci écologique que je cherche la voie du repentir, car de l’arbre au papier, un meurtre crapuleux a déjà été commis, avant moi, par un bûcheron, mais par principe. Ainsi, quand je brûle un papier plein de mots désordonnés et de ratures, ça porte nuisance à l’environnement, en empoisonnant l’air avec des mots calcinés. Je reconnais ma culpabilité. Mais pour comprendre les griefs de ce ’’brûle-mots’’, plus nocif que les ’’brûle-cigarettes’’, il faudrait fouiller dans les recoins sombres de sa psyché, dans ces régions fermées à l’entendement, comme dirait Rilke.
Mea culpa : quand j’arrête d’écrire, comme cela m’arrive de temps en
temps, la tension artérielle frôle l’infarctus. Mes temporaux
tambourinent. Mais en reprenant le stylographe, mon joujou de
naissance et le papier à noircir, elle baisse, comme par providence.
Je n’écris pas pour les autres, mais pour moi-même. Il n’y a rien d’égotique dans
cette praxis curative. Ce qui devrait valoir dans ce processus, entre le
haut et le bas artériel, c’est de trouver le mot qui sonne juste et la bonne
expression qui vaut la peine d’être mémorisée et consignée dans un bouquin.
J’en suis à mon 16ème .
Ça ne sert à rien de multiplier les titres, quand on vit dans un désert culturel où les analphabètes et les ’’analpha-BIT’’ sont plus nombreux que les gens lettrés. Personne ne les lira. Et puis même si on en a la verve, il faudrait chercher d’autres motifs, pour continuer l’aventure en solitaire. Le mien, comme je l’ai spécifié avec des mots terre à terre, c’est d’éviter la dépression par la pratique de l’écriture. Cette dernière m’a déjà sauvé du zona varicelle, en 2010.
Complexés par les textes religieux, les iconoclastes manifestent une haine viscérale envers les écrits romanesques et ont une répulsion maladive vis-à-vis des ouvrages de réflexion. C’est pour cela qu’ils sont restés bêtes. Ils se laissent exploiter et manipuler, comme des cancres. La connaissance mène à la conscience et la conscience mène à la dignité et au respect de soi. Les écrits célestes les ensorcellent, au point de les halluciner. Ceux qui ont vu l’image de Mohammed V sur la lune sont les plus fantasmagoriques. Une pièce de monnaie était derrière ce mirage lunaire, improvisé par transposition visuelle. L’ignorance avait fait le reste. N’oublions que dans le bled où je suis né, il y en a encore des gens qui croient que la terre n’est pas ronde. Il faudrait les mettre dans une navette spatiale, pour qu’ils puissent rectifier la vision.
Ça ne sert à rien de multiplier les titres, quand on vit dans un désert culturel où les analphabètes et les ’’analpha-BIT’’ sont plus nombreux que les gens lettrés. Personne ne les lira. Et puis même si on en a la verve, il faudrait chercher d’autres motifs, pour continuer l’aventure en solitaire. Le mien, comme je l’ai spécifié avec des mots terre à terre, c’est d’éviter la dépression par la pratique de l’écriture. Cette dernière m’a déjà sauvé du zona varicelle, en 2010.
Complexés par les textes religieux, les iconoclastes manifestent une haine viscérale envers les écrits romanesques et ont une répulsion maladive vis-à-vis des ouvrages de réflexion. C’est pour cela qu’ils sont restés bêtes. Ils se laissent exploiter et manipuler, comme des cancres. La connaissance mène à la conscience et la conscience mène à la dignité et au respect de soi. Les écrits célestes les ensorcellent, au point de les halluciner. Ceux qui ont vu l’image de Mohammed V sur la lune sont les plus fantasmagoriques. Une pièce de monnaie était derrière ce mirage lunaire, improvisé par transposition visuelle. L’ignorance avait fait le reste. N’oublions que dans le bled où je suis né, il y en a encore des gens qui croient que la terre n’est pas ronde. Il faudrait les mettre dans une navette spatiale, pour qu’ils puissent rectifier la vision.
Le brûleur de papier que je suis, ne mène pas une vie facile, au sein des
ignares qui l’entourent. Vampirique, la mal-vie suce le sang des poètes
intègres et des écrivains qui ne pensent pas bête et puis qui ne courbent
pas l’échine. Lâchement et indûment, leurs contraires se la
coulent douce, en se gargarisant dans leur douillette médiocrité, si
prisée par le système. Ils profitent de la manne rentière, un des
signes décadents de notre temps, officialisée via moult canaux de
desserte. Ces travestis de la phraséologie décorative ne
m’intéressent pas. Les intègres ont, à mes yeux, plus de valeur, parce qu’ils
dialoguent, par dessus les affres de la persécution, avec l’Histoire et la
postérité. Un vrai écrivain vaut mille écrivaillons. Ainsi , comme je l’ai
écrit quelque part : « nous vivons l’ère du triomphe de l’écrit vain
sur l’écrivain, l’écrit –tic sur les
critiques et du charlatan sur le philosophe ».
Tout ça pour dire que cette litté-rature a sali la vraie littérature et le
piratage artistique s’est avéré, en fin de compte, du pire ratage. On rate le
coche dans l’humiliation et le déshonneur.
Face au vide ambiant, les comparses entrent en scène. Les scribouillards
qui ont été mis sur le devant de la scène, le doivent, soit à ce que j’appelle
’’l’Internationale Homo’’ pour les gais , soit la franc-maçonnerie, pour
les pro-sionistes. Autrefois, c’était l’Internationale Socialiste
qui s’occupait des écrivains gauchisants, où qu’ils se trouvaient. Après le
démantèlement du mur de Berlin, la littérature
progressiste est tombée en désuétude. Le capitalisme sauvage a
repris du poil de la bête, par manque de réplique et de riposte intellectuelle.
L’antidote du matérialisme ne peut être que spirituel. Malheureusement, ce
dernier semble errer dans le vide. La chute du mur de Berlin ravive
les appétits d’antan d’avant la grande révolution russe où le tzar se
prenait pour un dieu.
De nouveau, la convoitise gouverne le monde. La
cupidité en excite méchamment l’influx nerveux. Le matérialisme lui
sert d’abreuvoir. Son retour en force est dû à un flagrant manque de
combativité. Le « qu’est- ce que tu es » est supplanté par
« qu’est- ce que tu possèdes ». L’avoir domine l’être. La dangerosité
de la chose réside dans le manque d’étique. Les transactions prennent parfois
des voies cafouilleuses. Peu importe que vous amassiez votre fortune en volant
ou en trichant , l’essentiel c’est le poids monétaire de ce que vous
avez et puis si vous craignez le fisc, on vous montrera le chemin , pour
échapper au contrôle réglementaire. Les paradis fiscaux sont faits
pour cela.
Pour devenir riche, il faut tricher. Il n’y a pas, hélas, de fortune sans
ces raccourcis déviants et sans ces combines. L’art de la diversion vient
après, pour enjoliver les actants et les rendre humains dans leur
macabre inhumanité. Les plus rusés dominent les plus naïfs. Les Etats
mercenaires, calamités du nouveau millénaire, offrent leurs
sordides services aux demandeurs sur- argentés. Pas d’objection, si
pour instaurer des régimes rétrogrades, ou en défaire de plus
égalitaristes, on fait recours aux armes de destruction massive.
Les médias les plus influents s’offrent aux plus offrants. La vérité
erre dans les dédales de l’oubli, jusqu’à nouveau réveil. Gilets
jaunes, gilets oranges, tous dans la même galère, puisque le capitalisme est
aveugle .
Enfin, si le vote électoral est la base de toute démocratie, le peuple
algérien a voté massivement. La rue est une grande urne à ciel ouvert. On verra
si la junte au pouvoir va respecter ce vote populaire ou chercher à
le piéger, pour faire perdurer la mainmise et le racket .
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