Thursday, August 29, 2024

'"The Goat life '' un film antiesclavagiste

 En Arabie Saoudite, le wahhabisme-salafiste interdit le cinéma. Il y voit une ''oeuvre de satan'' . Mais le grand mufti, la plus  haute autorité religieuse du pays, ne voit pas d'inconvénient à ce qu'il se serve de la télé pour diffuser ses messages. Est-ce que la télévision est plus angélique  que le cinéma ?

Ce fondamentaliste est contre l'art du dessin et contre l'art de la sculpture. Mais il ne trouve pas d'inconvénient à ce qu'il prenne l'avion pour voyager, sachant que l'avion est la concrétisation matérielle d'une foultitudes de dessins et de maquettes. Les prototypes nécessitent des dessins industriels facilitant l'usinage. 

Prôner la rigueur wahhabiste recommande de vivre sous une tente bédouine éclairée avec une torche  à huile  et non dans une villa dotée de climatiseur, car même le climatiseur est issu d'un dessin coté et le courant électrique qui l'alimente suit un schéma physique.

Il devrait être mécontent  du film ''The Goat life'' qui est entrain d'embraser les réseaux sociaux ? Ce film inspiré de faits réels a créé tout un tollé. Les opinions se scindent en deux groupes : ceux qui y voient une oeuvre salutaire , puisqu'on y dénonce l'esclavage moderne et ceux qui y voient une atteinte à la souveraineté culturelle du pays, en s'attaquant à l'acteur omanais Talib Al Balushi qui a interprété le rôle du Kafeel ( parrain).

Ils n'ont pas réagi à Peter Usinov qui dans le film Ashanti  (Richard Fleischer) incarnait Suleiman, un cheikh prospèrant  dans  la traite des Noirs et qui laisse ses sbires violer les garçons captifs. 

Ils n'ont pas pipé mot  sur la comédie aigre-douce  "Hologram for the king"  ou l'acteur Tom Hanks détient le premier rôle. Le ton satrique infeste le film de bout en bout.

Il y a d'autres films hollywoodiens qui charrient des clichés désagréables. Mais le film malayalam (le cinéma du Kerala est un concurrent sérieux de Bollywood ) les a bousculés outre mesure . Au lieu de repenser le système incriminé de la Kafala (prise en charge des travailleurs émigrants) on jette de l'opprobre sur ceux qui en critiquent l'aspect mafieux et pervers. 

Viendra un jour où un autre réalisateur audacieux comme Blessy  dédiera un film aux   femmes exploitées sexuellement dans les pays du Golfe .

RAZAK 



Saturday, August 10, 2024

De l'or pour la lady du ring Iman et du plomb pour ses détracteurs

S'acharner sur une lady du ring n'est pas clean comme attitude de politicien ou de politicienne.

Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Iman a transformé les invectives en coups de poings victorieux. Depuis le premier combat elle accumulait les victoires jusqu'au jour du grand triomphe où elle remporte , haut la main , la médaille d'or aux JO - 2024.

Musk, Mélonie et Trump doivent s'excuser auprès de la brave femme qui a sué ardemment dans son enfance et beaucoup trimé  pour faire de la boxe.

Pour le candidat aux présidentielles US , c'est mauvais signe, un mauvais présage.

 IMAN Harris l'attend au tournant.

Qui vivra verra.

RAZAK


Thursday, June 06, 2024

Unpublished poem of RAZAK written in english language

 Title: Output in a strange side



I have a sweet song

However imprisoned in my Heart

It sings wrong

When rebelled words get fear 

Paralysed by savage overdown

They will not escape into the air


What fault have I committed ?

What ransom must I pay ?

All nice dreams are defeated

Like a seagull in jail

My life seems deleted 

Output in a strange side 


I'm alone in my pain

No compassion no hope

I walk under red rain

Black flames burn my soul

In sadness single becomes twin

Friend's betrayals make me so awfull


I need something that I could be proud

Above all I must consolate my head

My mind needs appetizing bread

What am I expecting in this wild world ?

There is no beauty in trafficked gold

I know since my birth I had been died


RAZAK 

Monday, May 20, 2024

Un poème de RAZAK dédié aux femmes sinistrées d'Essaouira

DÉSOLATION !

(Aux femmes martyres de la faim)



Dormez paraisseux matelots rien ne presse

La mort serpente dans les parages

Les Alizés sont ingrats et de vile espèce 

A Mogador le paisible sable s'enrage 


Ville de grands mystères et d'insolubles contrastes

Chats et mouettes se prélassent au vieux port

La boue putride infeste méchamment tout le reste

Comment prémunir les démunis contre leur triste sort?


Fief reculé où les judas ont caché leur polyèdre voilé 

La langue la plus parlée est celle du commerce

Une minorité s'enrichit, les autres se laissent avaler

Tous reculent mais croient aveuglément qu'ils avancent 


Huile d'arganier toute imbibée de jus d'olives 

Sur la langue le vrai chasse le vinaigre du faux 

Le goût acariâtre d'une empoisonnée ogive

Cependant la folle spéculation y gagne gros


Mogador petit patelin des grands départs ratés 

Du gnaoua-bizness mêlé à toutes les sauces

Au mémorial d'Orson Welles avec un nez amputé

Et Hendrix y découvrit très tôt la honteuse farce


Au quai on déverse les sardines par tonnes

Mais comme le coeur des cupides n'est pas vaste

Dans le ventre des Mogadoriens le vide résonne

Le sectarisme tribal envenime cette guerre de castes 


Ou était-il l'Etat lanceur de fusées spatiales?

Quand les affamées d'Essaouira ont cédé honteusement l'âme ?

Sous la vile pression de la misère sociétale 

Hécatombe pour un rien de farine . Oh, quel horrible drame!






Monday, April 08, 2024

L'effet Eclipse

 N'est-ce pas  beau de voir se superposer les tengentes du contour lunaire et du contour solaire? 

En suivant leur tracé jusqu'à l'ultime alignement cosmique , les éclipses solaires totales résultent d'une homothétie conique dont le point de convergence est le centre de gravité de la terre. De telles éclipses   se produisent à des  fréquences très espacées, par comparaison aux autres types d'éclipses.

 Par translation, le jeu d'ombre lunaire finit par former un faisceau coulissant qui rend le soleil aveugle durant tout le parcours balayé. Et c'est là que réside l'étrange beauté du phénomène. 

Le spectacle planétaire du 8 avril 2024 est époustouflant . Les coeurs vibrent à l'unisson. Les astronomes en ont concocté les ingrédients avec une minutie inégalée. Les sciences de l'espace ne cessent de nous étonner . Leurs ahurissantes avancées nous épatent. De l'approximatif on va crescendo vers le précis . Pour ceux qui doutent dans le vide on leur rappellerait que le déterminisme scientifique est la clef de toute évolution et qu'en dehors des sciences exactes tout n'est qu'utopisme et tâtonnement d'etourdits. L'occultisme est par essence contreproductif.

Une science consciente  de ce qu'elle engendre comme découvertes , opérant  loin des dérives et du préjudice est mieux appréciée , surtout quand elle place l'humanité au coeur de ses saines  occupations.

Encore une fois , les alarmistes de l'apocalypse ont raté le coche , comme en 2012 en suivant une rumeur Maya . Le charabia des croque-morts est démenti avec preuve à l'appui , par le cyllogisme algorithmique des savants . C'est aussi une leçon magistrale pour les esprits bornés que les ésotériques de tout poil enrégimentent , en leur faisant croire que la terre est applatie. 

Contre toutes attente et mésentente , la science a eu le dernier mot en faisant de l'exploration spatiale le maître-mot . Les affublations fantasmagoriques des pantoufflards ont viré au canular. Elles sont à jeter aux calendes grecques.

 La grande différence entre l'esprit scientifique  et l'esprit ésotérique , c'est que le premier pense constamment au futur ,  tandis que le second pense au passé. Entre le futuriste et le passéiste , les écarts sont d'ordre conceptuel. Le premier se fie aux examens expérimentaux, le second ne fait que prier en invoquant la présumée sainteté de ses ancêtres. Il oublie de faire reluire la sienne, avec du travail bien accompli  et une plus-value à ravir.

Monday, March 25, 2024

ORIGIN'Art : Images of another world by RAZAK

 Vidéo dans sa totalité : youtube

Diffusion partielle (imposée par le provider) : Facebook et Twitter

Thème : ORIGIN'Art : Images d'un autre monde. Découverte et persévérance.

Première compilation

Wednesday, March 20, 2024

حوار صحفي رزاق يقول كل شيء عن الجائزة التي اسسها


 

س: منحتم جائزة بوزغيبة برسم سنة 2017 إلى كاتبة فرنسية من أصل مغربي (ليلى السليماني)، حدثونا عن المعايير التي رجحت كفتها، وهل كان هناك منافس، قبل الحسم في الاختيار؟

رزاق: بادئ ذي بدء اسمحوا لي أن أوضح شيئا بسيطا وهو أن جائزة بوزغيبة للفن الساخر، جائزة رمزية، ما يميزها عن باقي الجوائز الوطنية والدولية هما بعداها الثقافيان المتمثلان في فن الرسم وفن الكتابة. فالفن التشكيلي يساعدنا على انجاز "الطروفي"، ويكون مضمون اللوحة مستوحى من تجربة ومسار الفائز أو الفائزة. والجانب الببليوغرافي يأتي ليكمل دور "الطروفي" في عملية التأريخ، وذلك بإعطاء حيز أوسع للمتوجين، من خلال كتاب يسلط الضوء على جوانب أخرى تهمهم، مع التذكير بالمعايير المعتمدة منذ سنة التأسيس ( 2005) لاختيار من يستحقها، وهي سبعة. صدرت لحد الآن ثلاثة أجزاء من المونوغرافيا، منها واحد بفرنسا في حلتين ورقية والكترونية، مما يؤكد مصداقية العمل الذي نقوم به. فتطبيقا لهذه المعايير تم اختيار ليلى السليماني، ليس لكتبها، لأنها شبه خالية من السخرية، وإنما لسوء الفهم الممزوج بالضحك، والذي تمخض عن مواقفها ككاتبة حاولت ربط مؤلفاتها بحتمية النضال المجتمعي، بنكهة نسائية. فهي تشبه باتريسيا بيسينيني النحاتة الأسترالية التي أثارت منحوتاتها ضجة في الشرق الأوسط لتصل إلى المغرب، حيث امتزجت الأحاديث المتداولة على نطاق واسع، بعلم الغيب والشعوذة. لذا جاءت الجائزة في اللحظتين المواتيتين لمساندتهن. بعيدا عن أي بوليميك أو انتهازية. يمكن لأي مبدع أن يعتبر نفسه منافسا لنيل هذه الجائزة، التي تعتمد على النقد وليس النقود، كما هو متداول عند الأغنياء وأصحاب البترودولار، وبائعي الديناميت. ففي كل سنة مع حلول شهر دجنبر يتم إعداد لائحة المرشحين. جلهم يستحقون اللوحة الفنية، لكن تبقى فرصة الظهور المعمق في الكتاب هو الأوج والفارق. ولكي لا يحسبن البعض أننا نفضل المشاهير، نذكر أن في إحدى الدورات كان الشخص العادي الذي لُقِّب ب «علال القادوس» أقرب لنيلها، لكن ما عدا جملة أو جملتين حول إنجازه البطولي، إثر الفيضانات التي شهدتها المدن المغربية، ماذا سنكتب حوله في الكتاب، وكيف لشخص في أمس الحاجة إلى دراهم أن يقتنع بقيمة جائزة رمزية و لا مادية ؟

س:  لنعد لبداية إعلان هذه الجائزة التي تبدو غريبة أو لنقل فريدة من نوعها ومثيرة، كيف تبلورت لذا الفنان عبد الرزاق رزاق فكرة الجائزة، قبل أن تخرجوا بها في أول دورة والتي حظيت بها النحاتة الاسترالية باترسيا بيسينيني سنة 2005؟ ولماذا هذا الاختيار؟

رزاق:  كانت باتريسيا يبسينيني هي السبب والمنطلق. لم أكن أفكر في أي مشروع من هذا القبيل. لأني أعرف أن تنظيم الجوائز عمل مرهق ومكلف فكريا وجسديا. فديباجة البلاغات بثلاث لغات وتوزيعها على الصحف الورقية ليس بالأمر الهين . لكن ما راج من كلام خاطئ وفظيع، حول مجسمات صنعتها بيسينيني من مادة السيلكون، هو الذي دفعني لتقويم الاعوجاج. فكيف لشخصية بوزغيبة الهزلية أن تبقى مكتوفة الأيدي، بعدما رأى مبدعها بعينيه وسمع بأذنيه ما فعله الجهل بضعاف البصيرة؟ هكذا انطلقت الجائزة وكانت بيسينيني أولى متوجيها، خدمة للحقيقة وتصديا للفكر الخرافي. إن البصمة النضالية بدت منذ الانطلاقة.

س:  يطرح اسم الجائزة «بوزغيبة» والذي استوحيتموه من اسم نبتة مغربية فريدة، الكثير من الاستفهام؟ نود منكم توضيحات تبرر اختياركم لهذا الاسم؟

رزاق:  أحيلكم الى ما كتبه الكاتب المغربي محمد البحتوري، الذي بحث جليا في موضوع بوزغيبة وتعمق في خصائص هذه النبتة ووظائفها البيولوجية، كما ركز على رمزية الاستبطان والتوطين لبوزغيبة الإيقونة. فتحت عنوان: إطلالة على عالم عبد الرزاق رزاق، يقول البحتوري في إحدى فقرات مؤلفه القيم، الذي يضم مقاربة جديرة بالاهتمام :" فرحي مرده لكون هذا المتمرد في زيغه الفني خارج السكك المسكوكة، استطاع أن يتمكن من توطين وتجذير تجربته الفنية، بعدما اكتشف أن السبيل الوحيد إلى ذلك هو ضرورة ربطها بنبتة طبيعية مغربية قحة، لها جذور عميقة في التربة المغربية عبر تاريخها."

س:  بعد أن منحتموها سنة 2006 للبرنامج التلفزيوني الثقافي "سيبا سورسيي’’، وسنة 2007  لمخترع فيزيائي وفنان هولندي ثيو جانسن، وسنة 2008 للمخرج السينمائي الصيني ييمو زهانغ الذي قام بإنجاز حفل افتتاح الألعاب الاولمبية، التي أقيمت في بلده، ستكون الجائزة لأول مرة من نصيب مغربي سنة 2009، وهو رائد الكاريكاتير بالمغرب الفنان العربي الصبان، كيف تفسرون هذه الاختيارات؟

رزاق:  إن أي اختيار هو ابن لحظته. فالناقد الفني لا يلهو بالنقد. بل يترقب إلى ما تحمله الأيام من مستجدات ومفاجآت، والرسام لا يتصدق بلوحاته. فالمعيار الثالث الخاص بالجائزة يؤكد أنها لا تمنح للموتى، وإنما للأحياء الذين يتميزون بجودة عطائهم. إني لفخور بتتويج الشاعر المصري الكبير أحمد فؤاد نجم وهو حي. فعند استضافة ابنته من طرف بيت الشعر في معرض الكتاب والنشر، أخذت الطروفي الموجه لأبيها. ولأول مرة كتبت الصحف المصرية على جائزة بوزغيبة. نفس الشيء يقع مع الصينيين حينما اختير المخرج ييمو زهانغ. هذا الفنان المصمم أبهظ العالم بلوحاته الاستعراضية والمرحة. كان حلمي وليزال هو استضافة المتوجين لحفل تكريمي جماعي يقام على شرفهم في المغرب، لكن ليس لدي الامكانيات. فبعد تتويج ثيو جانسن الهولندي وفتح قنوات التواصل معه، كاتبت وزارة الشباب والمدرسة المحمدية للمهندسين من أجل استضافته، لكن لم أتوصل بأي رد، وحين التقيت بالسيد الكحص الذي كنت أتعاون مع جريدته كناقد سينمائي، حينما كان رئيس تحريرها، قال لي بأنه لم يتوصل بالملف، عندما كان مسؤولا على وزارة الرياضة والشباب. كم عانينا من التماطل الإداري. فحتى فرنسيو المغرب بدأ الكسل يعتريهم. كاتبنا مصلحة التعاون الثقافي التابعة للسفارة الفرنسية من أجل الحصول على هاتف ليلى السليماني وعنوانها الالكتروني لمحاورتها. فلازلنا ننتظر الرد. مع التذكير أن نفس المصلحة تكفلت سابقا بإرسال الطروفي الثاني الى منشطي البرنامج الثقافي والترفيهي "سيبا سورسيي".

 

س:  يبدو مما ذكرتم أنكم اخترتم منذ البداية أن يكون أفق الجائزة عالميا، بحيث تكون الاختيارات غالبا غير متوقعة أو لنقل مدهشة، بحيث منحتموها خلال الدورات التالية لأسماء لامعة من فرنسا وإيطاليا ومصر والهند منهم شاروخان وبلانتو وبيتر بروك، في حين خصصتموها سنة 2013 للعبة كرة القدم، تبدو هذه الاختيارات مدهشة، فكيف تعامل الرأي العام والإعلام مع ذلك؟

رزاق:  إن الضحك غريزة فطرية تهم جميع شعوب العالم. فحتى شعوب البيغمي صغيري القامة يضحكون. وحينما تعتمد الفكاهة على الحركات الجسدية كما كان يفعل شارلي شابلن، فهي تصبح أكثر شيوعا لأنها اختارت المسار الطبيعي الذي يتجاوز حواجز اللغة والنطق. لماذا كرة القدم ؟ لأن هذه اللعبة استطاعت أن تفجر المخزون الفكاهي لآلاف المغاربة عند استضافتهم للموندياليتيو الكروي. فبعد تأهل المغرب لنهائيات روسيا لاحظنا مرة أخرى الفرحة العارمة التي عمت البلاد. يوجد الطروفي في مقر الفيفا. ولازلنا نحتفظ برسالة الشكر الخطية التي بعث بها رئيس الفيفا السابق، والتي نشرتها الصحف بكاملها وعلى نطاق واسع. لكن مع الأسف عند تشكيل لجنة عليا لدعم ترشيح المغرب لاستضافة مونديال -2026، لا أحد تذكر الانجاز الرائع الذي حققناه. كنا ننتظر أن ينادى علينا لتعزيز موقف المغرب تجاه منافسيه، وهم شرسون ومن الحجم الثقيل، فيوجد في النهر ما لا يوجد في البحر، فتنظيم تظاهرة رياضية من هذا الحجم، لا يهم فقط الوزراء وجامعة كرة القدم، فحتى الفنانون واللاعبون الدوليون القدامى لهم قيمتهم ودورهم في إقناع المصوتين.

أما في ما يخص الإعلام، فلا أؤاخذ على التقاعس إلا محرري الوكالة الرسمية للإنباء، لأنها قامت بتغطية دورتين وتنكرت للدورات الأخرى، مما يبين مزاجية هذه الوكالة التي تهتم بالشؤون السياسية، وتهمش عن قصد وسابق إصرار الشؤون الثقافية. أما قناة دوزيم، فهي تصرفت هي الأخرى بنفس المزاجية. لقد أرسلت إلي طاقما لتصوير لقاء معي لكن اختلفت مع الصحافي المبعوث حول الطريقة التي يجب أن يقدم من خلالها الخبر للمشاهدين. ألغي الخبر ولست نادما على ذلك. لذا انتهز هذه الفرصة للتنويه بالمنابر الإلكترونية التي أبانت عن مهنية محترمة في تغطية الحدث الأخير. أشكر الأصدقاء الشعراء الصحافيين الثلاثة: محمد بلمو، وسعيد عاهد، وعبد العزيز بنعبو، وكذلك الصحافية المقتدرة حفيظة الدليمي والصحافيين المحترمين محمد معتصم عن جريدة «الأحداث المغربية»، وسعيد منتسب عن جريدة «الاتحاد الاشتراكي»، وأسماء أخرى كثيرة لا يسعني ذكرها جميعا. كنت كل سنة أضيف إلى البلاغ لائحة المنابر الإعلامية بصنفيها الورقي والالكتروني، لكن نظرا لكبر حجمها تخليت عن هذا التقليد. أعد الجميع بأنني سأنشر اللائحة بكاملها في الجزء المونونغرافي المقبل والذي سيصدر في فرنسا.

 

س:  كيف تنظرون لمستقبل هذه الجائزة وهل سنفاجأ مرة أخرى بالاسم الذي ستمنح له برسم سنة 2018.

رزاق:  كما قلت قبل قليل أي اختيار هو ابن لحظته. لا يمكن التنبؤ منذ الآن من سيكون الفائز ببوزغبة 2018. لأن السنة مكونة من 12 شهرا. وكل شهر يزخر بمعطياته. وما يجب التحلي به والاتزام به هو النزاهة وروح المصداقية، لأن بدون هذه الاخيرة، فلا قيمة لأي مشروع ثقافي ولأي جائزة أكانت مادية أو معنوية. كل ما أتمناه، هو أن تكون سنة 2018 سنة بوزغيبة بامتياز، وذلك من خلال التقديم مسرحية «الحائط» التي يلعب فيها دور البطل على الخشبة. أو من خلال الإخراج السينمائي لأن السيناريو مكتوب منذ مدة ولا ينتظر إلا المخرج الكفء والمناسب لتحويله إلى شريط. ففي المسرحية يحمل بوزغيبة اسم الغاضب، أما في السينما فسيحمل hسم Mister B. Zéguiba. والشريط فكاهي من الصنف الطويل مكون من ثلاثة أجزاء على شكل تريبتيك.

 

الكاتب : محمد بلمو

 

 

بتاريخ : 10/02/2018

Monday, February 05, 2024

L'internat des années 70 (extrait du roman "Le Pyjama du pauvre" de Razak )

 

"L’oreille aux aguets, le chef de l’internat, dont la silhouette massive ressemblait à celle d’un ours, se faufilait entre les lits de couchette en métal, comme un fauve cherchant une proie. Il aurait souhaité avoir trois oreilles au lieu de deux. Dans le tumulte des toussotements, des chuchotements et des bavardages indistincts, il cherchait à capter, dans le noir, les paroles suspectes. Ce tribunal ambulant n’avait ni huissier, ni bureau d’ordre. Ses jugements étaient sans appel. Quand ce « juge de la nuit » se fatiguait, il chargeait un de ses auxiliaires de monter la garde. L’astreinte faisait que l’angoisse de la responsabilité se transmettait hiérarchiquement. Les maîtres d’internat devaient faire montre de beaucoup de patience. Comme ces derniers étaient désignés parmi les élèves les plus âgés, on retrouvait un peu de liberté, puisque ces surveillants, qui assuraient la relève, étaient des nôtres. Mais au delà de 22 heures, heure officielle de l’extinction des feux, ce « quelqu’un des nôtres » qui montait la garde devenait intransigeant et dur comme du silex. On se demandait qu’est-ce qu’on lui avait fait boire et fourré dans la tête, pour jouer au « Double-face ». Etait-il avec nous ou avec l’administration ?

Comme c’était curieux, on retrouvait les mêmes similitudes avec le monde carcéral : à chaque interne on attribuait un numéro ; et dans les prisons, la direction se servait des prisonniers les plus costauds, comme chefs de cellules. Ces forçats asservis jouaient le rôle des matons, sans se rendre compte qu’ils avaient tort, puisque, avant tout, ils étaient des prisonniers et que cette exécrable corvée qu’on leur ajoutait, n’était pas un privilège, mais une contrainte qui pourrait créer  pas mal d’ennemis, puisqu’elle provoquait la haine et l’ire des codétenus. Comme ces geôliers, les maîtres d’internat étaient, avant tout, des élèves comme nous, mais on les avait désorientés, en leur faisant miroiter la virtualité, de faire plus tard partie des instances dirigeantes. L’on se demandait comment ces « vigiles scolaires » avaient pu réussir leurs études. Logiquement, surveiller ne rimait pas avec étudier. Est-ce qu’on leur avait donné les épreuves de l’examen en cachette, où étaient-ils des cracks ? Aucune réponse là-dessus."

Tuesday, January 23, 2024

Extrait du roman de RAZAK Le Pyjama du pauvre

 


« C’était contre mon gré qu’on me l’enfilait, ensuite comme vêtement de nuit, il devenait asphyxiant, surtout quand les nuits volaient de la chaleur aux jours. En outre, ceux qui les avaient cousus n’étaient pas des couturiers stylistes, qui savaient faire de belles étoffes, avec l’aiguille d’une machine à coudre, mais c’étaient des ouvrières, mal payées et travaillant à la chaîne, et puis qui n’avaient pas le temps de vérifier si la taille du prototype initial était bonne ou si les proportions étaient équilibrées et convenables.

SINGER, la légendaire machine à coudre qui se chargeait de corriger les erreurs d’usine, chez les couseuses du souk hebdomadaire devrait les plaindre, pour cette criarde malhabileté. Cette noble machine que toutes les femmes inventives aimaient avoir dans leur chambre de couture, avait sauvé pas mal de foyers de la misère et de la mendicité. Tel un bon samaritain, elle continue, de nos jours, d’assurer en tant que gagne-pain, la croûte pour de nombreuses familles, notamment dans les agglomérations semi-rurales.

Dans les souks régionaux, clairsemés çà et là, on voit toujours de vieux spécimens. Ainsi, si les arracheurs de molaires cariées qu’on appelle « dentistes ambulants », se servent d’un haut-parleur pour attirer la foule, les couseuses travaillent en silence et dans la concentration.  

Dans les maisons où l’on prône le labeur, on réserve une place de choix à cette machine insolite. Quand les femmes se livrent aux travaux manuels, outre que le lavage de la vaisselle et du linge sale,  elles trouvent à travers cette acupuncture sur étoffe, de quoi cribler la peau épaisse du temps ennuyeux, tout en retrouvant un nouvel élan pour les autres corvées ménagères.

S’il y a une machine sacrée, ce devra être cette machine-là qui émet un son spécifique. De toute la diversité des appareils mécaniques, je n’en vois pas une qui soit digne de louanges. Il n’y a qu’à contempler, avec sagesse, ce qu’elle fait. Son comportement exemplaire fait des envieux. Elle ne fait pas de racisme entre les tissus et elle accepte tous les fils de couture, sans distinction ni de couleur, ni de tresse. Outre ces qualités indiscutables, que même les plus vertueux de nos hommes n’ont pas, cette machine à coudre possède la magie de réconcilier l’inconciliable, de ressouder les déchirures, d’unifier ce qui est désuni et disparate. Si les ciseaux passent leur temps à découper, sectionner, séparer et créer la désunion, SINGER apaise les rivalités. Elle ne connaît ni jalousie, ni vantardise, alors qu’en cas de maladresse, les ciseaux, en finissant avec le tissu, s’en prennent parfois aux doigts de ceux et celles qui les manipulent. Dans ce cas, ils deviennent des ciseaux sanguinaires. Dans de nombreux films de gangstérisme, l’arme du crime est un ciseau. Les scies électriques et les tronçonneuses sont encore pires. Parfois, au lieu de couper le bois, elles se vengent du bûcheron qui les manipule.

De couleur noire et enjolivée par de petites décorations, cette machine à coudre, est d’une grande générosité. Elle donne sans rien recevoir. Si les machines à vapeur réclament en permanence du combustible (houille, bois…) pour se mettre en marche, celle-là ne demande qu’une petite caresse. Comme dans une valse à deux temps, le pied de la couturière sert à maintenir la cadence. Le mouvement alternatif du pied sert aussi à consolider la physiologie des tondons, des mollets et des petits muscles de la cheville, conformément au principe physiologique qui dit : « tout muscle qui travaille se développe ». Bref, si certains outils disloquent et morcellent sans arrêt, territorialisent et balkanisent à cœur joie, la machine à coudre, en vraie battante, procède à leur unification, en offrant ses bons offices. De son labeur, on pourrait déduire tant de fécondantes métaphorisations, ayant trait avec la pudeur, l’élégance et la sobriété. A travers l’amalgame des tissus à raccommoder, transparaît l’image de notre honteux monde. Cette machine utilitaire et unioniste mérite d’autres superlatifs plus élogieux. Son rapport avec les humains est, lui aussi, plein d’affection. Cet amour passe par la paume palmaire de la main et par la plante nervurée du pied. Elle n’a ni la traîtrise des outils de charcuterie ( les bouchers dont le nombre total des doigts correspond à un chiffre impair savent de quoi je parle ) ni la prétention des Moulinex, qui après une courte période de fonctionnement, ils déclarent forfait. Elle est d’une longue longévité et de ce fait, elle mérite tout notre respect, avec bien entendu, un sincère clin d’œil louangeur, à celui qui l’avait inventée. Non seulement elle aide les pauvres, mais elle les rend humbles. Ainsi, quand on voit une jeune couturière issue d’un milieu modeste, le haut du thorax amoureusement courbé sur sa SINGER, on devine aisément qu’elle n’est pas du genre à vendre sa chair au plus offrant ; et qu’en se contentant du fruit de son labeur, elle s’endort chaque nuit, la conscience tranquille et l’hymen intact.

SINGER est un joli nom. En anglais il devient chantonnant. Comme machine ayant de la tendresse, elle fait de l’assemblage sa doctrine fonctionnaliste. Quand elle s’amuse à faire des patchworks, avec des moreaux de tissus de différentes trames et couleurs, elle s’apparente à un verrier qui fait du vitrail. La mosaïque de verres colorés est consolidée, par des plombs soigneusement incorporés. Pour SINGER, le plomb du patchwork, c’est le fil de couture qui coule en douceur du rouleau cylindrique, tournant verticalement autour de son axe, vers la place où il doit passer. Ainsi, quand cette machine veut que rien ne désagrège son ouvrage, elle s’invente un tas de passages insolites, en faisant l’aller et le retour, avec la même régularité, sans changer de style graphique, ni d’interligne, puisque l’œil de l’aiguille n’est pas assez grand. Ainsi, si certains écrivains, utilisant les ordinateurs pour leurs tapuscrits, choisissent Times New Roman, Arial ou Helvetica, comme caractères de police, SINGER dont on parle, n’en a qu’un seul et on pourrait l’Appeler : «Singeria Americana», puisque c’est un américain nommé Issac Merrit Singer qui a inventé cette machine à « écrire avec du fil ». Les vitraux de SINGER sont opaques et d’une géométrisation élémentaire. Ce qu’elle perd en transparence, elle le récupère dans la sobriété de la ligne. Les morceaux retrouvent leur cohésion. La contiguïté synergique les unissent tous. A part les tailleurs qui découpent le tissu avec une règle, les arrondis du patchwork, ainsi constitué, sont d’une circularité ovoïdale. Mais la juxtaposition des plaques de tissu leur ajoute un autre charme. Grâce à cette juxtaposition, le rapiécé devient un motif d’un assemblage esthétique. Il suffit de donner libre cours aux mains qui aiment les formes géométriques les plus originales.

Pour la petite histoire du « pyjama-moule » qu’on nous imposait, on ne devrait pas incriminer l’appareil et lui endosser les défauts de couture, car ce n’était pas lui qui, en s’auto-actionnant, avait fait fausse route, mais le travail d’usine et ses contraintes. D’ailleurs, les machines à coudre employées dans les grandes manufactures, n’avaient rien à voir avec la romantique SINGER, que l’on vient de présenter avec ferveur, nostalgie et solennité. Le travail en série les avait rendues plus robotiques. Or sensible au toucher humain, l’appareil de Meritt suivait la souplesse de la main de celle qui la manipulait. Elle était un symbole de la patience et de la régularité.

Malgré le poids des ans, elle n’a pas perdu son flegme. Elle n’aime ni précipitation, ni fainéantise. Ce n’est pas un cheval qu’on éperonne, pour courir vite ou une ’’deux-chevaux’’ qui expire à la première dénivelée du terrain ou un Solex qui, faute de carburant, sollicite des coups de pédales supplémentaires. Quand elle se met à écrire des sonnets tristes avec du fil noir, le tissu du pauvre écoute la complainte de sa poésie. Que de fils luminescents n’a-t-elle pas rêvé, pour parfaire sa broderie. L’ «aiguille-plume» dont elle se sert, écrit en cousant et coud en écrivant. Elle ébauche la structure d’une langue inédite où même les ratures ont leur beauté. Dans la régularité de son écriture réside la sobriété de ses ineffaçables prédicats et la solidité de sa grammaire. Chomsky a omis de l’ajouter à ses nombreux objets d’analyse linguistique.  La sémantique dont elle tire l’essence et la résonnance trouve tout son éclat dans l’utilitaire et dans le sauvetage de couture. Les caftans de femmes, les gilets d’hommes, chemises fleuries, persiennes brodées, housses de soie, mouchoir parfumés, tous appellent son secours, quand un clou aimant se venger des jolis tissus allonge l’incision ou quand une étincelle veut y laisser sa trace. Elle ne fait rien à la hâte et chasse la honte du cœur des pauvres, des démunis et des laissés pour compte.      

 

 

 

Tuesday, January 16, 2024

Le système éducatif dans le roman ''Le Pyjama du pauvre'' de RAZAK

 

Feuillet littéraire tiré du roman ’’Le Pyjama du pauvre’’ paru en France (2018).   On y évoque le système éducatif. Le narrateur est un interne des années 70.  

 

 

« Quel rapport y avait-il entre le baccalauréat et le pyjama ? », je m’étais toujours posé cette question, peut-être stupide, mais ayant développé la manie de m’autoanalyser, je voulais éplucher davantage ce qu’il y avait derrière l’écorce et le vernis des choses.

« Les mots ne viennent jamais par hasard. Quelque chose d’insaisissable les motive », m’étais-je dit avec la perméabilité du jeune universitaire, ébloui par les lumières du structuralisme. Ayant développé l’esprit critique, je voulais régler cette question restée en suspens, depuis le secondaire. Pour bien m’autoanalyser, je répétais plusieurs fois la question : « Quel rapport y avait-il entre le baccalauréat et le pyjama ? ». A la énième interrogation, une bribe de réponse se profilait dans mon esprit : « ils voulaient que nous dormions dans le pyjama du système, afin d’espionner nos rêves ».

Non, c’était trop enchevêtré. Ce pyjama gouvernemental n’était pas sur mesure ; et qu’entre le tissu et le cerveau, il y avait un no man’s land qu’on ne pouvait pas franchir. Par conséquent, cette folle tentative descriptiviste serait vouée à l’échec. J’avais répété encore une autre fois le même exercice interrogatif, en creusant davantage les méninges et en fouillant dans le grouillant conglomérat des superlatifs :

« Penseraient-ils qu’en portant le même pyjama, on aurait le même rêve ; et qu’en ayant le même rêve, ils allaient enfin dompter nos esprits et nous contraindre, par le contrôle rigoureux de notre onirologie, à accepter tout ce qu’ils nous dicteraient ? »

Non, c’était trop savant, pour des fonctionnaires dogmatiques et intellectuellement bornés.

« Enfin, testons la voie qui mène à l’excitabilité des cellules nerveuses et leur dépendance vis-à-vis du sommeil : Est-ce que le pyjama aidait à dormir, pour calmer les nerfs et inhiber la réactivité revendicative ? », m’étais-je interrogé de manière sécante.

Ceux qui n’étaient pas passés par l’internat, ne serait-ce que pour une courte durée, pourraient dire hâtivement : « oui ». Mais les contre-exemples qui confirmaient la négation pullulaient. Même avec les pyjamas de luxe, rien n’était garanti. Se coucher élégamment, ne voudrait pas dire, forcement, retrouver le sommeil rapidement et faire de beaux rêves. J’avais vu des insomniaques bien « pyjamantés » du cou jusqu’aux orteils, qui donneraient ce qu’ils avaient de précieux pour retrouver un court somme.

Pendant le sommeil, beaucoup d’internes déliraient bruyamment. Il pouvait se passer des phénomènes étranges. J’en avais vu un de mes propres yeux. Ayant bu beaucoup d’eau, je m’étais réveillé au milieu de la nuit, pour aller aux toilettes. En entrant dans la salle d’hygiène, qui était collée au dortoir, je voyais un somnambule qui marchait les yeux fermés ; et même en essayant de le réveiller en douceur, il était resté dans son état somnambulique. Et je me demandais comment il avait fait pour rejoindre dans l’obscurité, d’abord son box, ensuite son lit, sans se tromper d’adresse et puis, un fait étrange, sans quitter son état de « dormeur éveillé ». Le lendemain, quand j’avais raconté aux copains, ce que j’avais vu la veille, on ne m’avait pas cru. On me prenait pour un halluciné. Son pyjama semblait d’une créature fantomatique. Plus tard, quand j’avais commencé à lire des revues de parapsychologie, j’avais trouvé une bribe de réponse à ce phénomène bizarroïde. Parmi les histoires dramatiques qui étaient arrivées à des somnambules et qu’une de ces revues spécialisées racontait, il y avait celle d’un bûcheron qui, assimilant sa femme à un arbre, il s’était mis à la tronçonner, avec sa tranchante hache. Soudain, le visage effacé du somnambule de l’internat resurgissait devant moi. On avait frôlé le désastre. Comme il était assez costaud, on pourrait craindre le pire. Il y aurait des morts par strangulation ou par asphyxie, si le somnambule pacifique imitait, dans son état second, le bûcheron. Dans de telles situations, la neutralité du pyjama serait à plaindre. Elle en ferait un complice, puisqu’il imitait les gestes du somnambule. L’intransigeance des maîtres d’internat serait due à l’idée maléfique qu’ils se faisaient de certains élèves. Chaque nuit, ils se disaient avec angoisse : « que va-t-il se passer ? ».

Beaucoup de gens avaient fantasmé sur l’internat, comme univers singulier. Ils avaient longuement disserté avec des expressions bien recherchées, entre le propos didactique et le documentaire, sur les nuits qu’on y passait. Mais le point de vue de quelqu’un qui était passé par là, était différent de celui ou de celle qui voyait les choses du dehors. Il fallait être dedans, pour paraître crédible. Signalons que les internats n’étaient pas tous les mêmes. Ça changeait d’un pays à l’autre. Le nôtre était copié texto de France. 

Ainsi, après moult réflexions tourbillonnantes, j’en étais arrivé à la constatation suivante : « le pyjama est un moule, qui en cas de décès, il devient linceul. D’ailleurs, ne dit-on pas parfois qu’Untel est mort dans son pyjama ? »

Pour pouvoir décrocher le bac, nous devions d’abord porter cet uniforme, comme un archétypique signe de formatage conformiste. Ils voulaient que notre vie coïncidât avec une certaine conception formaliste, mais les mieux positionnés, étaient ceux qui manipulaient, dans les coulisses, les choses et non ceux qui en étaient manipulés. Le point de vue personnel, que j’avais consciencieusement laissé mûrir, en tant qu’ex-interne, tenait compte aussi bien du pour que du contre. Comme synthèse, j’en avais déduit, que les études réunissaient deux modes de vie, certes corrélatifs, mais distincts, notamment quand on les voyait sous l’angle végétatif, lié aux conditions vitales. La permutation était possible, mais cela pourrait changer la donne : l’interne, débarrassé de l’omniprésent « œil qui juge », retrouverait une liberté relative, mais l’externe, en arpentant le chemin épineux inverse, verrait les cercles de la flaque marécageuse se concentrer autour de lui, dans le but de lui ôter son indépendance et de le conditionner.

L’enseignement biparti ainsi élaboré, d’abord entre filles et garçons, dans les collèges mixtes, ensuite entre internes et externes, pourrait créer une émulation, entraînant une probable amélioration des résultats scolaires, mais c’est au niveau des affects de l’instinctivité subliminale et objectale, que les traits distinctifs se jaugeront. Il serait temps de le dire : le référentiel, d’où on avait puisé les méthodes éducatives, n’était pas un référentiel de la bonne humeur, mais un référentiel de la contrainte, de la peur et du travail forcé, basé sur la réprimande. C’était un référentiel au service de la rigueur disciplinaire et non de l’épanouissement de l’être. Dans les Medersa de jadis et les couvents médiévaux, on retrouvait la même rigueur, la même atmosphère d’austérité, de privations et de refoulement.