Sunday, December 06, 2009

9e FIFM : Sopyonje ouvre la rétrospective sud-coréenne

9e FIFM : Sopyonje ouvre
la rétrospective sud-coréenne



La rétrospective du cinéma sud-coréen dont le premier spécimen filmographique vient d’être présenté le 5 décembre 2009 au cinéma Le Colisée de Marrakech annonce sa couleur. En effet, Sopyonje (La Chanteuse de Pansori ) film de d'Im Kwon-taek est d’une poignante poésie dramatique. Ses séquences plongent dans un monde austère et sans pitié. Kwon qui est le plus prolixe de sa génération, s’adonne à travers ce film, à une sociologie brute du cœur. Ce long métrage de 112 minutes est plein de pudeur. Pas le moindre « kiss » ni attouchement. Eros fut obligé de céder la place au Pathos. Tourné à l’occidentale, la jeune fille même aveugle, attirante par son innocente beauté, aurait été source de harcèlements et dépassements impudiques, car avec ces gens de l’Ouest rien ne reste inviolé. Kwon reste fidèle à la tradition asiatique notamment celle qui avait donné au Bharat (ancien nom de l’Inde) ce qu’on appelle les « Navarasas » (relire notre chronique sur ces neuf sentiments de base que la culture ancestrale indienne a mis en exergue). Bravo à Kwon pour ce petit joyau de cinéma. Certaines séquences sont la transposition poétique d’une sentimentalité humaine en friction avec la rudesse de la vie et ses imprévus. C’est une réflexion sur l’écoulement des âges, entre jeunesse et vieillesse ; sur les petits bonheurs qu’on peut créer en étant au cœur de la misère la plus sordide. On en retiendrait ce goût prononcé pour le perfectionnisme artistique , même si on y est mal conditionné et qu’on y est contrarié par l’indifférence humaine , travaillée mauvaisement plus par le désir de possession et que par la vertu du partage . Le père voulait de sa fille qu’elle fasse preuve d’autodépassement et qu’en chantant elle fasse sortir les sons du fond de ses tripes. Cela nous rappelle par le caractère ambulant et désespérément existentialiste La Strada de Fellini (souvenez- vous du duo de tonnerre Anthony Quinn et Giulietta Masina). Il y a aussi du Charles Dickens dans cette histoire émotive qui , dès les premiers plans , vous serre la gorge . Malgré qu’il soit sous-titré en français, ce film (en VO) ne s’oublie pas facilement. Dommage, on n’était seulement quelques personnes se comptant sur les doigts d’une seule main à y assister.
RAZAK
(Marrakech le 6 Décembre 2009)

No comments: