Saturday, December 12, 2009

Les prétencieux du FIFM


Les internautes au Maroc ne sont pas aussi habiles qu’on le croit. Le clavier et la souris font encore peur aux vielles générations. Et même en ayant un blog populaire on est obligé de faire recours au journaux pour passer un message, au risque de le charcuter par censure ou manque d’espace. Le Journal Hebdo qui a publié notre billet critique sous un autre titre en a ôté une bonne partite (comparer avec l’original). Normal on publie dans le même numéro un entretien avec Madame Duplantier la directrice du FIFM.
LES PRETENCIEUX DU FIFM

Parmi les intellectuels marocains qui se disent cinéphiles, il y’a beaucoup de prétentieux. Il n’est pas honteux de le dire. Au FIFM, on en trouve de plus opiniâtres. Nous avions dans une chronique précédente signalé la rareté dans cette Agora des vrais cinéphiles. Ce qu’on rencontre le plus souvent ce sont des individualités pleines de zèle, si fières d’avoir eu les faveurs des organisateurs pour être de la partie. Ils font du bruit dans les couloirs et dédales labyrinthiques du Palais des Congrès. Ces intellos du cinoche dont une partie travaille pour le compte de notre pauvre téloche se démènent fiévreusement, histoire de prouver qu’on mérite le gite et la pitance. On les voit s’égosiller discutant de tout et de rien sauf des disfonctionnements que connait l’organisation dudit festival. Ces cracks des discussions byzantines ne savent pas se taire quand un sujet dépasse leur compétence.
-«Parlez-nous un petit peu du Son Hors-Champ? »
-«Connais pas ».
-«Mais qu’est-ce que vous venez faire dans ce festival ?
Les pauvres ne savent pas qu’ils ne savent rien. Ces types dont la clownerie phraséologique donne à pleurer retrouvent leur misère, le jour du smoking, c’est à dire le jour de l’ouverture et la soirée de clôture. C’est tellement grossier que ça devient comique. Avec leur polyvalence grincheuse et mal digérée, ils sautent d’un sujet à l’autre sans en maitriser aucun. Cela suscite à la fois la satire et la pitié. Dans ce pays tout le monde affirme sans sourciller qu’il n’y a pas de scénaristes patentés et cela fait une éternité qu’on entend le bruit désagréable de cette tare handicapante, sans penser un jour y mettre un terme. Un soi-disant comité de lecture de scénario se tient semestriellement, mais on ne sait toujours pas comment il fonctionne.
Le centre de tutelle aurait dû choisir des écrivains ayant l’imagination fertile et aptes pour une formation appropriée et les envoyer dans des instituts spécialisés notamment nord-américains, pour en faire éventuellement des scénaristes et cela pourrait donner, à long terme, quelques résultats. Cet atermoient symptomatique en dit long sur l’organisation de cette institution de tutelle dont des têtes bien pensantes commencent déjà à se demander à quoi elle sert, puisque les salles de cinéma ont fermé en grand nombre et la compagne de lutte contre le piratage a échoué et puis les tournages étrangers deviennent moins nombreux. De plus, le patron de la boite est visé du doigt dans un rapport critique établi par la Cour des Comptes, sans oublier qu’il a dépassé l’âge de la retraite. La tirelire appelée péjorativement « Fonds d’Aide » transformé en «Avances sur Recettes» (ne riez pas SVP) est la source de toutes les convoitises, nuisances et désordres. Les critiques intègres qui ont dénoncé ces dérapages ont été mis à l’écart croyant qu’on agissant ainsi, on allait tromper les yeux vigilants de l’Histoire. On plonge dan un univers kafkaïen où la logique est la malvenue. Reprenons le raisonnement: il n’y a pas de scénaristes professionnels, c’est un fait, alors comment font les membres du « comité de lecture » désignés par l’administration pour le tri ? Le plus drôle c’est que ces membres sont rémunérés pour «Taâb al Kiraâ» (efforts de lecture). A cette criarde aberration, s’ajoutent les fléaux dévastateurs qui guettent la cinéphilie. Les salles qui autrefois présentaient des nouveautés cinématographiques (comme la salle Renaissance à Rabat) ont disparu ou changé de patente. Alors comment ces messieurs font pour maintenir un certain niveau cinéphilique pour ne pas paraître totalement out ? On recourt sans doute aux DVD piratés de Derb Ghallaf ou à ceux de la Médina de Rabat vendus le plus souvent au prix d’un morceau de «Harcha». Mais le fameux Centre interdit les enregistrements piratés. Pour se procurer un DVD non piraté, il faudrait débourser de l’argent. Nous voilà au cœur d’une tragicomédie où les acteurs ne tiennent pas les rôles qui leur sont dévolus. Les paillettes ne font jamais les palmes d’or. Il faudrait à ces prétentieux intellos du cinoche beaucoup de détachement de soi et surtout abandonner le «gharadisme» où ils se laissent asservir, afin de voir l’autre bout du tunnel. La vile image de pique-assiette semble la plus dominante, hélas !

RAZAK

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