Friday, April 14, 2023

Séquences dialogales

Tirées du roman : ’’ Ok, on ira voir ta sœur !’’.

Livre de Razak paru en France en 2018.

En vente sur Amazon, Fnac et d’autres cyber-ibrairies.

Lieux de fiction : Paris, Marseille et la  Route Bleue reliant Paris à la Côte d’Azur.

 


-« En d’autres termes, tu veux me mettre en quarantaine, c’est ça ? Tu veux fuir ton mari. Ecoute ma vieille, je vais changer de discours. Si tu me quittes sans préavis, tu auras affaire à moi. Je porterais plainte au tribunal matrimonial, pour abandon de mari en état de détresse.

-Ecoute mon vieux. Je te rends la pareille. A malin, malin et demi. Tu n’es pas un sinistré à ce que je sache ou en agonie. Moi aussi, je peux porter plainte  pour contagion préméditée. Démarre la voiture et arrête de divaguer. Je veux sortir de l’Intramuros. J’ai besoin de voir l’horizon au crépuscule. Ces murs de béton cachent  tout  et la Seine n’est plus la même. Dans cette ville, nous sommes devenus tellement nombreux et encombrés, que l’air pur est devenu si rare. Les HLM qui poussent comme des champignons, des bousculades partout, au métro, dans les magasins de solde et dans les supermarchés. Il n’y a même pas de terrain libre pour enterrer les  mourants, dans un  cimetière digne de ce nom. Je ne sais pas ce que va devenir Paris dans les trente années à venir.

-Tu m’as percé l’ouïe avec tes jérémiades, comme si j’étais ton tortionnaire.

-Il faut se mettre à ma place. C’est au-delà de mes forces.

-Certains cancéreux ont de la chance. Ils trouvent au moins des épouses compatissantes et prêtes au sacrifice.

-Le cancer n’est pas contagieux. Ce n’est pas la même chose.

-Je ne suis pas un lépreux  et ce qui m’arrive peut t’atteindre toi aussi  de manière naturelle, car quand les anticorps baissent les bras, on s’expose à toutes les anomalies.    

 La voiture se met en marche. Les deux époux poursuivent leur chamaillerie et leur joute verbale. Il y a de l’électricité dans l’air.

     -Si j’attrape cette maladie, on sera tous les deux foutus. Ce sera toi le responsable.  N’oublie pas qu’on va vers la soixantaine et que cette saloperie de maladie guette aussi bien les hommes  que les femmes, les dévots et les mécréants, fragilisés par les ans vécus. Deux malades dans la même maison, c’est pas beau à voir.  

-Bien dit. Bravo ! Te voilà enfin remise sur orbite. Sors les  gélules de ma poche, je ne peux pas lâcher le volant.

-Tu as dit de ne toucher à rien.

Pierre freine le véhicule. Le 4x4 de couleur noire s’arrête au bord de la route. Il sort un petit flacon de sa poche, avale un comprimé. La tête dans ses mains, il pose son front sur le volant par lassitude et désespoir.

-Oh, qu’ai-je fait de grave pour mériter ce supplice ?

Il descend  de la voiture et il regarde l’horizon nerveusement. Sa femme Mélanie  le rejoint, l’air triste et inquiet.

-« Voilà ton crépuscule, lui dit-il en lui remettant  le paquet de clopes.  Brûle-toi les poumons. Moi, je me laisse consumer à petit feu par  le St doré. Contente-toi de ce petit morceau de crépuscule, car  pour avoir une vue panoramique plus large, il faudrait aller aux falaises d’Etretat en  Normandie ».

-Je n’en veux plus. Tu as tout gâché.

(A la prochaine séquence dialogale de ce roman à rebondissements)

 

 

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