Saturday, February 23, 2019

Jardin Majorelle : un succès phénoménal Par RAZAK


Jardin Majorelle : un succès phénoménal
Par RAZAK
 

Dans la gamme des bleus, il y en a deux à porter la signature de leur concepteur : le bleu d’Yves Klein  (référence IKB pour International Klein Blue) et le bleu Majorelle. La labellisation   du produit  réside dans le dosage pigmentaire. Les peintres professionnels savent en faire la nuance chromatique. Le premier peintre créa le body art,  avec la complicité bienfaitrice de Pierre Restany et s’était rendu célèbre par ses rhapsodies du bleu. Le second avait découvert le Maroc à une époque où l’Europe était embrasée par la 1ère guerre mondiale. Majorelle n’était pas le seul peintre orientaliste à s’installer au Maroc pendant le protectorat français. Jean Baldoui et bien d’autres avaient fait de même. On rappellerait  que Baldoui avait succédé à Prosper Ricard à la tête de ce qu’on appelait à l’époque le Service des Arts Indigences
Les profanes qui veulent voir le bleu Majorelle n’ont qu’à aller visiter son jardin où naguère il peignait et jardinait. Son atelier-manoir est devenu actuellement  un petit musée berbère où l’on trouve des spécimens de l’artisanat local
Enfin, Marrakech pourrait compter sur cet enclos de verdure, pour asseoir davantage sa renommée touristique. Le tourisme culturel dont nous avons regretté l’indigence (lire notre chronique du vendredi 15 février) y trouverait l’acquis qui dérogerait à la règle. La botanique y serait un ingrédient de culturation de masse, puisque l’on se bouscule aux guichets de la verdoyante enceinte. Les touristes étrangers sont plus nombreux que les locaux, mais  une fois entré à l’intérieur, on oublie le calvaire de l’accès éclaboussé.   Une autre aire d’eau  et verdure  s’est ajoutée à l’ancien jardin, au grand plaisir de ses visiteurs. Le succès est indéniable.
Il a fallu un peu de providence pour en arriver là, car à un moment précis de son histoire, le jardin avait failli périr sous les mâchoires de bulldozers, pour le raser et y ériger des immeubles. Ce sont Pierre Bergé (mécène) et Yves Saint Laurent (couturier) qui l’ont sauvé de la décrépitude en l’achetant et en le remettant au goût du jour, en  y apportant diverses espèces végétales et plantes exotiques. Après le décès d’Yves Saint Laurent, son copropriétaire en fit don à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent (sise à Paris)  et qui aura  (à partir de 2011) à Marrakech une institution auxiliaire reconnue officiellement au Maroc , comme une entité d’utilité publique.   En effet, domiciliée à Marrakech,  la Fondation Jardin Majorelle assure actuellement le fonctionnement du jardin, en veillant à son  maintien en état d’accueil. Il est non seulement bien entretenu, mais on remarque que les cactus sont  intacts, alors que les cactées qui donnent comme fruits  les figues de barbarie sont totalement ravagées  par on ne sait quel insecte destructeur et provenant d'on ne sait quelle contrée maléfique. Un paysage apocalyptique désole la région située entre  Casablanca et Marrakech.
Vu les carences culturelles précitées dans la précédente chronique, l’on souhaite, que joignant l’utile à l’agréable, l’on rajoute à  cet espace de verdure une autre dimension, en accueillant des manifestations artistiques et culturelles, afin d’exaucer les vœux des intellectuels et assouvir les désirs des passionnés d’art pictural, de poésie et d’insolite. Les signes avant-coureurs d’une telle relance  sont déjà apparus et augurent de jours meilleurs. L’esprit d’ouverture ferait le reste. Après l’expo-hommage dédié à la photographe  franco-marocaine Leila Alaoui , décédée des suites des blessures de l'attentat de Ouagadougou, la fondation Majorelle a tendu le bras amical à la fondation du FIFM , dans son comeback , en offrant son espace aux projections de films. Si Megarama s’est retiré  de la programmation de ce festival,  (sans doute à cause de l’éloignement géographique par rapport au QG du festival), le jardin Majorelle prend la relève, de manière spectaculaire.
Pourquoi le richissime ministère des Habous qui dispose à Marrakech de nombreux espaces  et infrastructures à créer des envieux brille-il par son manque d’inventivité ? Si les affaires du culte préoccupent tellement le personnel, il serait utile et judicieux de concéder ces espaces au ministère  de la culture ou à la municipalité afin de les mettre, par institution interposée,  à la disposition des créateurs marocains et des associations culturelles qui peinent  à trouver une galerie ou un hall pour exposer leurs  tableaux  ou leurs sculptures. 
On ne le répéterait qu’assez : à Marrakech la programmation culturelle laisse à désirer. Les artistes  proposent leur projet, mais ils ne trouvent pas de répondant.  Le ministère de la culture est, lui aussi, interpellé. Pourquoi laisse- t-il le  Palais  el Badiâ et la Bahia en état de dormance culturelle ? Il y a assez d’espaces pour créer une foultitude d’événements retentissants, mais où est l’esprit inventif où est la manager qui sait s’y prendre ? Pour les étiquettes, c’est  la course Ben Johnson - Carl Lewis. L’heure des purges a-t-elle sonné,  pour chasser les paresseux, les bras cassés et les pistonnés ?
Enfin, les bureaucrates haut perchés dans leur tour d'ivoire n'ont qu'à faire un petit saut pour voir comment de rien on a fait des merveilles. 
RAZAK



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