Monday, November 09, 2020

Joe Biden, le meilleur des mauvais

 

Ayant gagné les élections avec un chiffre record et historique (74 millions  de voix)  Joe Biden vient de faire une acrobatie spectaculaire, malgré le poids de l’âge. Dans les deux pays les plus peuplés  de la planète où l’on pourrait assister à de tels phénomènes qui sont l’Inde et la Chine le vote ne peut pas donner de tels scores.  En Inde, la multiplicité des partis en compétition diminue les ratios électoraux, comme la tirelire du PMU, plus il y a des concurrents pour le partage du pactole, moins il y a de parts substantielles à tirer,  alors qu’aux USA il y a deux principaux partis qui se partagent les voix. En chine, on ne peut pas parler de vote libre, car c’est un autre système politique.

Kamala Harris  est entrée, elle aussi, dans l’Histoire des Etats Unis  par la grande porte  pour deux raisons : primo,  elle  est la première femme à occuper le poste de vice-président américain aux côtés de Joe Biden, secundo elle  n’est pas de race blanche,  puisqu’elle a du sang indien dans les veines.

 Prédisons-le dès maintenant, cette juriste sera  probablement la prochaine présidente des USA dans les années à venir. Elle en a tous les atouts : le  charisme, le charme conquérant et  la compassion envers les faibles, sans oublier le fair-play dont les Indiens d’Asie en sont les détenteurs. Elle a hérité du père jamaïcain le punch et  la fermeté. Elle en use quand c’est nécessaire.

Dans le premier discours du nouveau président donné dans son fief électoral, l’on retient deux points intéressants: « mettre un terme  à la diabolisation satanique » qui hante le pays de l’oncle  Sam et « restons unis». Le premier aspect  est venu avec le populisme pervers de ces dernières années. Un populisme tout teinté d’arrogance et de débile infantilisme. Le président sortant s’y adonnait   à cœur joie et sans le moindre scrupule. Ses clowneries ont fini par ne faire jacasser personne,  même au sein de son entourage immédiat. Au vu de tout le monde, il a rançonné les oligarchies du Golfe en fermant l’œil sur les  crimes contre l’humanité, commis par des  potentats sans loi et sans foi. Il a fait  fi des résolutions internationales relatives  à l’écologie et au réchauffement de la planète. Il a coupé le lien avec l’OMS. Et puis  comme une absurdité en appelle toujours une autre, il a soutenu des principautés bananières, en oubliant qu’il est avant tout un républicain. 

L’élection de Biden a fait trembler plus d’un despote. Les plus critiqués  d’entre eux ont vite adressé  leurs félicitations non pas par courtoisie diplomatique, mais par peur. La libération  de dizaines de personnes en Égypte, emprisonnées sans procès a été dictée par la frousse et non pas par la clémente mansuétude.          

Pour le deuxième aspect on peut parler de constat sociologique. La société américaine était à deux doigts de la fissure.  En effet de  l’émotif à l’émeutier, il ne restait au président déçu que  l’ordre de la mise à  feu de  la mèche sécessionniste. L’homme à la toison enflammée a fait du vote  postal sa pomme de discorde et il voulait  l’éclater au tir à l’arc, en haranguant ses milices armées qu’il surexcite avec ses twits incendiaires. Signalons  que les stocks d’armes dont on autorise la vente au public ont été épuisés et que ce n’est pas pour la chasse de gibier  que l’on s’affaire à s’assurer des préparatifs. 

Un  président sortant qui refuse de sortir. Il  fulmine et rumine, parce qu’il croit être volé de ce  qui lui revient comme suffrages. La pratique sorcière aurait trahi le sorcier. S’il  avait gagné les élections  il n’aurait pas  à mettre en doute le procédé électoral imposé par le corona. Par ailleurs, on remarque que durant toute sa campagne électorale, il n’y a pas mis la moindre réserve. La dénonciation du système n’a débuté qu’après avoir vu la couleur ennemie (bleue en toute occurrence) se répandre sur le conglomérat départemental dont la sommation forme les USA et que le vote collégial favorisait son  adversaire. Mais comme dans les saloons  du Far-West où l’on joue au poker, le perdant  renverse la table avant de dégainer son pistolet.

Il reste tout de même une énigme. Il n’y a pas plus qu’ hier, souvenez-vous-en,  Trump  s’était déclaré corona-positif et le-voilà qui, en pleine convalescence, reprend du poil de la bête, en exhibant le lance-pierre de l’intrépide Va-t-en guerre. Le corona qui l’avait défavorisé aurait-il signé un pacte d’immunité, comme le docteur Faust avait fait avec Méphistophélès pour rester éternellement jeune ?

L’opiniâtreté exacerbée dont il a  fait montre  risque de précipiter les choses vers l’inconnu. Ainsi, par  ce biais néfaste, il jouerait le même rôle divisionniste qu’avait joué Gorbatchev dans la dislocation de l’empire soviétique. L’empire yankee était à deux doigts de la scission, car  les graines de la fracture existaient depuis l’assassinat de Kennedy et de Martin Luther King. Trump   a mis du sel sur cette  in-cicatrisable blessure. La confrontation fratricide  pourrait  avoir lieu avant la cérémonie d’investiture officielle prévue  pour le 20 janvier 2021. Tout dépend de la solidité de la structure pentagonale de l’exécutif américain  à empêcher cette scission. Les cinq piliers de la constitution américaine sont : le congrès, le sénat, la cour suprême, l’institution militaire et la présidence. La tâche du moment c’est d’apaiser les tensions et calmer les esprits.

Si par inadvertance ou par fatalisme, on  veut mener les États Unis à la désunion, ce qui plairait à de très nombreux antiaméricains dans le monde, cela voudrait dire que ces garde-fous ne sont pas aussi solides que l’on pensait.

Que peut faire Joe Biden pour atténuer l’antiaméricanisme tentaculaire, exacerbé par   tant  d’erreurs   commises par  son prédécesseur?

Pour les Arabo-musulmans, ce sera Obama-Bis, c’est-à-dire le meilleur des mauvais. Les belles paroles s’envolent , restent les actes. Attendons  voir.

RAZAKj

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