Thursday, November 26, 2020

Mettre le poing sur les «Aïe»

 


Les Français énervés par les dysfonctionnements de gouvernance macronnienne ont fini par dire : « c’est de la me… ». Les vlogs des youtubers en répercutent l’écho. Leurs antagonistes leur rétorquent : « vous n’avez rien compris ». C’est un des paradoxes caractériels qui prouve que l’accumulation des négativités  n’est pas dispersée  par le drain de l’oubli et que les satisfaits ne sont pas aussi nombreux que les déçus du système.  

Cette  ’’phrase d’interjection’’ qui s’apparente à un cri de révolte, en dit long sur le ras le bol né de l’aggravation de la situation générale. Le Covid-19 y a laissé des séquelles profondes en gâtant à l’extrême  les choses. La suspicion et l’ire en sont la résultante. L’ex-pays des droits de l’homme  n’a rien à envier  aux principautés bananières que le pétrodollar a perverties à outrance. On censure à cœur joie, comme si Voltaire,  Rousseau et Victor Hugo n’étaient pas français et que leurs précieux écrits n’avaient aucun sens et puis  comme si la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme n’avait pas eu lieu en France. 

Les Egyptiens disent « Kifaya » , quand l’intolérable dépasse le seuil de tolérance , en atteignant le summum et que tous les clignotants annoncent la descente aux enfers. Kifaya rime avec « y en a assez ». Ils l’ont dit quand Moubarak voulut introniser un rejeton de sa progéniture et ils le diront quand l’occasion se présentera. Avec l’élection de Joe Biden, on entendra prochainement son écho dans les dédales du Caire.    

Les Marocains disent « Haddek tem » signifiant : « ne franchis pas la frontière ». Quand un individu prononce cette phrase face à un autre cela signifie, que l’un menace l’autre et que si la menace persiste la bagarre s’en suivra inévitablement, pourvu que l’on ne se résigne pas à utiliser une hache, car le plus souvent un carnage résulte de cette confrontation  sanguinolente.

Le fellah qui exhibe sa chevrotine en criant : « Haddek tem », le fait quand le cours du ruisseau a été détourné, ou quand on a défoncé la clôture de son ranch.    

La première expression  en relation avec les déjections rectales a le même retentissement que « poufiasse ».  Les plus hygiéniques préfèrent le mot  « merdasse », car il  choque moins les ouïes, mais on   oublie que le suffixe « asse » a une charge grammaticale augmentative. Ainsi, le grand pouilleux se fait traiter de  « pouillasse » et celui qui de la fadeur à en revendre est un « fadasse». Les grammairiens français ont fait de ce suffixe une encre concentrée qui donne de l’esquisse crayonnée un rendu caricatural.

Les trois vocables usités sous la pression du temps qui stagne ou qui rétrograde, ou face à une défiance quelconque  ne comptent pas plus que  l’énergie qu’ils génèrent quand le singulier se conjugue au  pluriel. L’émeute est un collectif de contestataires dont l’onde de choc est l’injustice.      

Par ailleurs, de l’autre côté de l’acoustique verbeuse  la rhétorique devient fadasse comme du  maquillage sur de la morve, ou plutôt de la morve sur le maquillage quand le pouvoir des mots fléchit en cédant le terrain au langage des biceps et à la désinvolture des mains démentielles  qui appuient sur des gâchettes.

Le maquillage sur la morve, le paysage n’est pas beau à voir. Le corona de l’an 2019 a tout démaquillé. Quand est-ce que la médecine curative  vaincra la médecine défaitiste en disant au parasite envahisseur :  «Hadek Tem».

RAZAK  

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