Monday, April 28, 2008

L’incendie Lissasfa et l’atermoiement télévisuel

Pour voir la video cliquer sur le lien URL suivant:
http://fr.youtube.com/results?search_query=INCENDIE+CASA+&search_type=&aq

Quand pour la première fois, nous avons lancé notre blog razakcinema, on en avait précisé le champ : l’image dans tous ses états. Le cinéma (films de fiction, films documentaires), la télévision, la vidéo…sont des cibles de prédilection. Or les internautes qui savent lire entre les blog-lignes savent qu’un séisme, un fléau, un sinistre et tout phénomène qui intéresse l’opinion publique deviennent , en fin de compte , des images dont les chaines TV, les providers du net et les documentalistes se disputent la primeur. Il n’y a ni hors texte ni hors contexte. Donc, ne vous étonnez pas, si les circonstances comme celles d’aujourd’hui, nous incitent à parler d’un incendie qui a calciné, samedi 26 avril, dans une usine casablancaise peu respectueuse des normes de sécurité en vigueur, plus 55 personnes.
Grâce à l’Internet, l’image mouvante de ce drame émouvant , a précédé l’image fixe. Des vidéos mises en partage par des amateurs montrent le sinistre dans toute son ampleur dramatique. Leur qualité de pixellisation est moyenne, mais c’est le geste de bonne citoyenneté qui compte. Comme à l’accoutumée, le holding local dirigé d’une main de fer par une bureaucratie qui fait tout sauf s’émanciper pour créer une télévision de son temps, et être à l'écoute des citoyens marocains . Ni SNRT ni 2M ne cherchent à se débarrasser de leur mauvais tic : l’atermoiement devant l’urgence. Le séisme d’Al-Hoceima nous l’a déjà prouvé. Maintenant avec cette nouvelle tragédie, on est sûr qu’Aljazeera , la chaine Qatarienne qui se trouve à plusieurs méridiens du notre , est déjà entrée en ligne pour informer, par l’image et la parole, sa clientèle. A la SNRT, tout est raté. A 2M, on est presque dans un harem. Les deux chaînes sont tellement occupées par leur «Kadam Dahabi» dont les crampons sont souillés , «Naghma Ouatay» qui glorifie dans un mimétisme maladif la ruralisation tout azimut des programmes et «Challengers» un tremplin au service d’un lobbying économique plein de soupçons . On donne crédit à la futilité et on oublie l’essential : la proximité informationnelle. SNRT a pourtant une pseudo-émission qui s’appelle «Istahliq Blama Tehlek» (traduction: Consomme sans te faire mal). Celle-ci aurait joint l’utile l’agréable si à la place d’un animateur inculte on avait placé un érudit. On y conseille les gens de laver les pommes avant de les croquer et on oublie les facteurs dangereux qui provoquent les sinistres avec dommages collatéraux .
En effet, l’incendie qui s’est produit le weekend et qui a coûté la vie à des dizaines de prolétaires exploités inhumainement et sous- payés, aurait été évité, si cette chaîne avait fait un reportage décapant sur toutes les usines hors-la-loi implantées, non seulement dans cette zone limitrophe, mais dans toutes les villes du Maroc où les inspecteurs du travail font œil de mica comme disent les marocains et où le patronat accumule les richesses illégalement. Y a-t-il une usine dans le monde qui ferme ses portes avec des cadenas pour empêcher le personnel de sortir avant l’heure ? Y a-t-il une clause de loi qui préconise et légalise de telle incarcération abusive ? Une usine surréaliste qui crée un sinistre tragique.
Hélas ! Il ne sera ni le premier ni le dernier, dans le pays de mille et un abus. L’autre jour en prenant le train Rabat-Kenitra , on nous a fait descendre au milieu du trajet, à cause d’un incendie qui s’est déclaré dans la locomotive de traction. Pourtant, le train qui nous transportait fait partie de la dernière livraison italienne et il est, nous dit-on, toujours sous garantie. De telles anomalies ne devraient pas avoir lieu pour des machines neuves. Autre calamité: les WC installés dans les wagons de ce train de « luxe » sont une des accumulateurs orduriers. L’odeur nauséabonde de l’urine envahit les wagons et pour y remédier on a employé de femmes de ménage (surcoût au niveau du budget de fonctionnement) pour en atténuer la gravité.
Est- ce que les responsables marocains qui avaient signé le contrat d’achet manquaient de lucidité pour accepter de telles tares de fabrications ?
S’agit-il de matériel usagé vendu pour du neuf ?
Le pire, c’est d’être conscient de ces dysfonctionnements et faire œil de mica pour une raison ou une autre.
RAZAK



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