Friday, June 06, 2008

De la bédéphilie à la cinéphilie (article d'archive)

Des adaptations à l’écran d’ouvrages scéniques, de romans, de récits historiques ou autobiographiques, de faits divers ou tout simplement de nouvelles, on en voit continûment dans tous les cinémas du monde, mais transposer cinématographiquement des bandes dessinées en remplaçant les acteurs de papier par des acteurs en chair en et os, cela n’arrive et ne se produit que chez les cinéastes (ou écranistes si vous préférez le lexique début de siècle) bédéphiliquement inspirés. D’abord, il faut que l’auteur bédéiste y consente, ensuite il faut avoir de la maestria pour oser faire ce travail. Car le passage du graphisme inerte à l’incarnation physique vivante n’est pas une entreprise aisée. Et pourtant, certains cinéastes s’y sont essayés et ils s’en sont sortis sans encombre. En effet, quand on sait que le film de Jesuit Joe n’est que l’adaptation-life d’une BD originale du célèbre dessinateur Hugo Pratt le géniteur de Corto Maltes, on comprend l’importance de ce faiseur d’images dessinées qui, une année avant sa mort avait souhaité mettre en scène personnellement son compagnon de vie qu’est Maltes. De même , deux de ses confrères de métier non moins connus Morris et Hergé , créateurs respectifs de Lucky Luck et de Tintin ont quant à eux bénéficié d’un doublé cinématographique inspiré de leur œuvre. Lucky Luck et Tintin ont été portés à l’écran de deux manières: cinéma d’animation et sous forme de films avec de vrais acteurs. Pour ce qui concerne le cow-boy qui tire plus vite que son ombre, le rôle a été confié à Terence Hill (Trinita). Du papier imprimé à la pellicule, les transpositions restent marquées du sceau du subjectif. Hugo Pratt nous le précise: «Faire du cinéma c’est une très belle chose, faire de la bande de dessinée c’est sublime?»
RAZAK
(Article paru au début des années 90)

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