Friday, June 06, 2008

Regard critique sur le cinéma mondial (article d'archive )



Le pouls du cinéma mondial souffre du mal de la répétition et de la ciné-tachycardie. L’enregistrement de son ciné-électrocardiogramme montre des hauts et des bas inquiétants, des fréquences dégressives jamais remarquées auparavant. Comme si notre époque n’était guère inspiratrice, les reprises battent le plein. Remake par-ci, remake par-là, le renouveau reste à percevoir du côté de ce qu’on appelle communément cinéma expérimental. Or ce dernier est par définition anti-commercial et ne rentabilise pas sa mise.
Curieux, à chaque fois qu’on parle un peu plus que d’habitude de crise de cinéma , il se profile devant nous ce tri-pôle interrogatif et entre le CQFD (ce qu’il faut dire) et le CQFF (ce qu’il faut faire) le creuset ne fait que s’amplifier. Problème de fric, de structure ou d’imagination ? Toujours le même trièdre problématique, prétexte permanent de polémiques, coups de cœurs, coups de gueule, saine virulence, l’atmosphère générale des soi-disant concertations qu’on voulait les plus conviviales possibles virent le plus souvent du côté de pamphlétaire. Dames TV et Don vidéo ne sont pas innocents dans ce bric-à-brac. Le spectateur, vu sous le prisme du box-office , est comme l’eau, il va vers les choses où il ne risque rien, financièrement cela s’entend. L’ère des «Toujours à l’affiche» et «Enième semaine de succès» , des bousculades devant les guichets semble révolue. A part quelques survivances pour des productions mises sur rail derrière de lourdes et coûteuses locomotives publicitaires certains pays comme la France qui fut à l’avant-garde a perdu de son aura. Impossible de retrouver un Michel Simon, un Fernandel ou un Raimu en pleine gloire, pour humer la fraîcheur des films d’antan. Certes on peut ne pas le nier, des efforts considérables ont été consentis ces dernières années. Ils ont donné quelques fruits mais c’est au détriment de la langue. «L’affluence–mètre» a enregistré de légères et sporadiques hausses de fréquentations. Le cas de Luc Besson qui commence à tourner en anglais se passe de tout commentaire. Mais la situation en France apparaît moins dramatique quand on la compare à d’autres pays qui ont subi une chute brutale comme l’Italie. L’américanisme triomphant n’a laissé aucune chance aux cinéastes italiens qui pourtant font partie des meilleurs réalisateurs du monde. En Asie, seuls l’Inde et Hong Kong persistent et signent. Il fut un temps où l’Inde produisait 400 films par an et Hong Kong presque rien. Mais avant de remonter au taux annuel de 800 films l’Inde a testé tous les subterfuges. Aujourd’hui, le pays de Gandhi a baissé momentanément sa production mais avec une révision de sa politique des doublages en dialectes locaux, il y’a possibilité de revitalisation. De même Hong Kong avec «un Etat deux systèmes» peut revigorer son tonus, mais il faut penser déjà à qui va reprendre le flambeau après la retraite de Jackie Chan, comme cet acteur-athlète a fait après la mort tragique de Bruce Lee. Le cinéma c’est d’abord une question de vedettes doit-on l’oublier?
Ainsi va le train du monde des images. Mais sans trop verser dans le pessimisme, tout questionnement fait autour d’un malaise quelconque c’est déjà une manière d’anticiper les remèdes. Espérons que les réponses à venir seront convaincantes.
RAZAK

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