Poil du shérif
(2ème et dernière partie)
Par RAZAK
Du point de vu opérationnel, le fait d’être nommé
shérif de comté ou de district, suppose que l’on en a le profil, l’aptitude et
la carrure, car les hors-la-loi qui sévissaient dans le Far West
n’étaient pas des enfants de chœur et ne plaisantaient pas avec le joujou
mortel attaché au ceinturon. Certains d’entre eux étaient devenus si célèbres,
dans un monde plein d’interrogations, qui se cherchait et qui était régi par la
seule loi du colt. Laquelle loi factice avait paralysé celle de la raison
et de la coexistence pacifique. La légende se substituait à la vérité historique.
Les voies et supports de communications (train, télégraphe, journaux…) étaient
à l’état embryonnaire. Les Indiens voyaient la menace du ’’visage pale’’
s’approcher d’eux comme une pieuvre tentaculaire. Les petites villes
naissantes de l’Ouest américain et les villes-réceptacles du
Mexique vivaient à la merci des bandits. Les bons shérifs se
faisaient rares et pour faire face à la pénurie on fit recours à
des régulateurs et des mercenaires. (2ème et dernière partie)
Par RAZAK
Parmi les hors-la-loi qui sont devenus des célébrités du Far West, il y a, outre William Bonney, que l’on a cité précédemment, Jesse James et son Frère Frank, les frères Dalton (dont le bédéiste Moris a dénombré les méfaits dans les albums de Lucky Luck), Robert LeRoy Parker (alias Butch Cassidy), Bill Doolin, Sam Bass, William Brocius, (alias Curly Bill), James Miller, Thomas Coleman Younger, John Wesley Hardin….
Beaucoup
de hors-la-loi étaient au départ des personnes braves, honnêtes
et correctes, mais ils ont dû changer de vie, soit pour venger un frère
tué injustement, soit par l’envie revancharde de saboter le nouveau
pouvoir yankee, mis en place après la défaite des Sudistes. Les voleurs
les plus manichéens, voulaient ressembler à Robins du bois, ils
braquaient les banques pour aider les démunis.
Parmi les redoutables pistoleros devant qui il fallait hésiter avant de les affronter en duel, Bill Hilkock figurait au premier peloton. Il sortait toujours indemne de l’échange de coups de feu. Il se reconnaissait par sa moustache touffue et son imposant physique. Pour briser cette exclusivité masculine, deux femmes se distinguèrent par leur punch et par leurs tirs de pistolet. L’une se faisait appeler Calamity Jane, l’autre Myra Maybelle Shirley Starr. On l’a surnommait “The Bandit Queen”. Elle aurait dû avoir un autre surnom: ’’Maybelle la pianiste’’, car elle était une bonne instrumentiste.
Parmi les redoutables pistoleros devant qui il fallait hésiter avant de les affronter en duel, Bill Hilkock figurait au premier peloton. Il sortait toujours indemne de l’échange de coups de feu. Il se reconnaissait par sa moustache touffue et son imposant physique. Pour briser cette exclusivité masculine, deux femmes se distinguèrent par leur punch et par leurs tirs de pistolet. L’une se faisait appeler Calamity Jane, l’autre Myra Maybelle Shirley Starr. On l’a surnommait “The Bandit Queen”. Elle aurait dû avoir un autre surnom: ’’Maybelle la pianiste’’, car elle était une bonne instrumentiste.
Pour
faire face aux fauteurs de trouble dont certaine ont les gènes héréditaires
du tueur-né, le shérif de la ville devait faire preuve d’une
vigilance extrême et d’une audace exceptionnelle.
Ainsi, quand on roule sa bosse dans le métier en sortant indemne des différentes fusillades et des duels décisifs, on devient marshal. Son domaine de juridiction est relativement plus étendu, mais les dangers sont proportionnels à la vastitude du territoire sous sa responsabilité.
Ainsi, quand on roule sa bosse dans le métier en sortant indemne des différentes fusillades et des duels décisifs, on devient marshal. Son domaine de juridiction est relativement plus étendu, mais les dangers sont proportionnels à la vastitude du territoire sous sa responsabilité.
Le
cinéma américain s’est intéressé à ces tireurs hors du commun, qu’ils
soient au service de la légalité comme les shérifs ou des
hors-la-loi. Evidemment, le traitement cinématographique et l’esquisse des
caractères sont souvent plus exagérés par rapport à la réalité. Il
y a une grosse différence entre le vrai Billy The Kid et ceux qui
l’incarnent au cinéma. Il était beaucoup plus laid que les
acteurs Paul Newman et Cristofferson. Mais pour Pat Garrett
le casting a trouvé quelques similitudes physionomiques au sein du vaste
panorama de visages d’acteurs. La moustache en est une indication
nécessaire. Le casting n’a pas trouvé de difficulté à choisir l’acteur
adéquat. Toutefois, si Charles Bickford, James Coburn et John Dehner ont
restitué l’apparence de ce shérif qui ne craignait pas la mort , c’est au
niveau des mœurs qu’il y a un net distinguo. Sam Peckipah en fait
un libertin qui trompe sa femme. Quant à Arthur Penn, il en fait un époux
exemplaire. Deux attitudes diamétralement opposées pour le même
personnage.
Dans
toute la filmographie dédiée au genre, les chérifs, souvent moustachus, avaient
les mêmes réflexes: maintenir l’ordre, arrêter les méchants en les mettant
hors d’état de nuire, et en cas de banque dévalisée, il devaient
organiser une expédition de cavaliers pour attraper le plus vite possible les
voleurs avant qu’ils traversent la frontières mexicaine.
Dans
cette ’’ciné-moustchomanie’’, il y a des personnages historiques comme
les deux révolutionnaires mexicains Pancho Villa et Zapata qui imposent leur
moustache aux acteurs qui veulent s’y identifier à eux. Idem pour la barbe.
Peut-on imaginer un Abraham Lincoln sans sa barbe spécifique?
Dans ce mythique Far West, les poilus étaient dans leur fief naturel qu’il s’agisse des bipèdes (cow-boys) ou des quadrupèdes (bisons, castors …). Les trappeurs, les cochers de diligence et les chercheurs d’or n’étaient pas des férus du rasage. Inutile de leur ôter du poil, quand on est réalisateur de cinéma. C’est contre nature. Les cinéastes qui oublient ces détails ratent leurs films de manière stupide. Un trappeur sans barbe, ça fait cliché. C’est dans la BD qu’on en trouve ces spécimens , comme Blek le Roc.
Dans ce mythique Far West, les poilus étaient dans leur fief naturel qu’il s’agisse des bipèdes (cow-boys) ou des quadrupèdes (bisons, castors …). Les trappeurs, les cochers de diligence et les chercheurs d’or n’étaient pas des férus du rasage. Inutile de leur ôter du poil, quand on est réalisateur de cinéma. C’est contre nature. Les cinéastes qui oublient ces détails ratent leurs films de manière stupide. Un trappeur sans barbe, ça fait cliché. C’est dans la BD qu’on en trouve ces spécimens , comme Blek le Roc.
L’immense
variété de moustaches reflète la diversité des caractères de ceux qui les
portaient. Avec ce petit amas de poil sur la lèvre supérieure, plus ou moins
ajusté au faciès, par le make-up de service, certains acteurs deviennent
inidentifiables, d’autres deviennent plus photogéniques et gagnent en
prestance, comme Rock Hudson et Ben Johnson.
En
effet, dans ’’ Duel dans la poussière’’ de George Seaton, Hudson
fait figure de bon chérif. D’ailleurs, dans ce film, il va le prouver en
pourchassant à mort son ami d’enfance qui a attaqué un train, mais dans ’’El
Perdido’’ film produit par Kirk Douglas, il rate le coche. Quand à Ben Johnson
qui est connu par ses prouesses de bon cavalier, la moustache du chérif lui
sied impeccablement (’’Hang 'Em High’’En effet, dans ’’ Duel dans la
poussière’’ de George Seaton, Hudson fait figure de bon chérif.
D’ailleurs, dans ce film, il va le prouver en pourchassant à mort son ami
d’enfance qui a attaqué un train, mais dans ’’El Perdido’’ film produit par Kirk
Douglas, il rate le coche. Quand à Ben Johnson qui est connu par ses prouesses
de bon cavalier, la moustache du chérif lui sied impeccablement (’’Hang 'Em
High’’ de Ted Post et ’’Le Solitaire de Fort Humboldt’’ de Tom Gries).
De
l’autre côté de la palette, on trouve de fausses moustaches qui faussent
l’image cinématographique. Kevin Costner dans ’’White Earp’’ ressemble à
un chérif de devinette. Le make-up lui a collé une mauvaise moustache. Il
aurait laissé pousser le poil sur le visage comme faisait Henry Fonda.
Avec
ou sans moustache, Fonda reste égal à lui-même. Il en est de même pour
James Stewart ( voir ’’Bandolero !’’ réalisé par Andrew
McLagle et ’’Attaque au Cheyenne Club ’’ de Gene Kelly). Cependant,
les acteurs qui comme John Wayne, Gary Cooper et Robert Mitchum ont porté
l’étoile du chérif sans être obligé de porter une moustache, doivent leur
renommée à leur carrure et leur gueule de cinéma.
Curieusement,
on trouve dans les films westerns presque les mêmes ingrédients: un bureau de
chérif ‘(doté d’une cellule d’emprisonnement ), une banque (à dévaliser),
un saloon (parfois doté de chambres de passage) , une quincaillerie (drugstore)
où l’on vendait aussi des victuailles, une paroisse, un maréchal-ferrant,
une écurie pour garder les chevaux, mais ce qui compte pour le film, c’est ce
qui va se passer dans cet conglomérat de baraques en bois épais. Les villes les
plus citées sont Santa Fe, El Paso, Abilene et Dodge City. Un fleuve revient
comme un leitmotiv : Rio Grande. Servant de frontière entre les Etats-Unis et
le Mexique, ce fleuve servait aussi d’échappatoire aux hors-la-loi. Ceux qui ne
savaient pas nager y laissaient leur dépouille.
Pour
aller vers ces villes ou s’en enfuir, il fallait un cheval. Ce compagnon de
l’homme de l’Ouest avait subi les pires chevauchées. Beaucoup de mustangs
ont été euthanasiés par ceux qui les montaient, parce que épuisés, ils ne
pouvaient pas aller plu loin. A la première tendinite on les abattait.
Les grands acteurs de cinéma dont on voit rarement la moustache dans les films westerns sont : Gary Cooper, Randolph Scott, Steve Me Quenn, Richard Widmarck, Dean Martin, Audie Murphy et Robert Taylor. D’autres s’ajoutent un dièse de photogénie en arborant une moustache, comme Jack Palance, Gene Hagman, Robert Ryan, Glenn Ford, William Holden, Ed Lauter et Lee Marvin.
Les grands acteurs de cinéma dont on voit rarement la moustache dans les films westerns sont : Gary Cooper, Randolph Scott, Steve Me Quenn, Richard Widmarck, Dean Martin, Audie Murphy et Robert Taylor. D’autres s’ajoutent un dièse de photogénie en arborant une moustache, comme Jack Palance, Gene Hagman, Robert Ryan, Glenn Ford, William Holden, Ed Lauter et Lee Marvin.
Tout
ce que l’on a évoqué à propos du shérif concerne l’apparence générale et la
parure. Quant aux irrégularités que son comportent frivole pourrait
infliger à la justice, cela dépendait de ses convictions et de sa
conscience. En effet, si dans ce Far West grouillant d’immigrants, de
maraudeurs et de voleurs de chevaux, il y avait des chérifs qui
défendaient véritablement la loi, il y avait leurs contraires qui la
transgressaient, en la mettant au service des gros éleveurs de bétails et des
concessionnaires de mines. Les juges honnêtes devaient non seulement combattre
les bandits de grands chemins, mais aussi ceux qui travaillaient sous ses
ordres. Quand un shérif donnait des signes de fatigue, on le remplaçait par un
autre.
«On
peut servir la loi, mais pas la justice», la récurrence n’était pas aussi
évidente. Les bavures policières étaient dues à ce clivage. Dans
tout jugement, le facteur temps est primordial. Malheureusement, dans ce Texas de
règlements de comptes, la célérité des sentences entraînant la pendaison
gâchait tout le processus. Quand un présumé coupable est mort injustement, ça
devient un assassinat et il est trop tard pour réparer le tort.
Dans le film ’’L’Etrange incident ’’ de William Wellman, le groupe de
volontaires guidé par le suppléant du shérif, ont voté démocratiquement
la peine de mort des trois accuses attrapés. On les a pendus à un arbre. Mais
tout juste après l’exécution de la sentence, le shérif en chef les rejoint pour
leur annoncer qu’il a pris le vrai coupable. Pour le vol d’un cheval, on a
assassiné trios innocentes personnes. C’était comme ça que les choses
fonctionnaient. Quant à la vraie justice elle était absente. Elle errait dans
les déserts de la terre et des cœurs.
Pour
mieux visualiser cette dualité, on peut se référer à deux répliques
significatives tirées toutes deux du film ’’L’Homme au colt d’or’’, celle du
juge Halloway et celle du nouveau marshal Blaisedell incarné par Henry
Fonda :
- Halloway: « Quiconque s’érige en justicier, sans rendre compte de ses actes à d’autres plus qualifiés que lui est un ignoble assassin ! »
- Blaisedell (s‘adressant au comité représentant les citoyens de Warlock): « Je rétablis l’ordre. Je détruis les fauteurs de trouble. D’abord vous êtes contents parce qu’il n’y a pratiquement plus de bagarre et ensuite une chose étrange se passe, vous commencez à trouver que je suis trop puissant. Vous commencez à me craindre, pas moi, mais ce que je représente. Quand ça arrivera, ça signifiera que nous avons reçu mutuellement satisfaction et qu’il sera temps que je parte ».
RAZAK
- Halloway: « Quiconque s’érige en justicier, sans rendre compte de ses actes à d’autres plus qualifiés que lui est un ignoble assassin ! »
- Blaisedell (s‘adressant au comité représentant les citoyens de Warlock): « Je rétablis l’ordre. Je détruis les fauteurs de trouble. D’abord vous êtes contents parce qu’il n’y a pratiquement plus de bagarre et ensuite une chose étrange se passe, vous commencez à trouver que je suis trop puissant. Vous commencez à me craindre, pas moi, mais ce que je représente. Quand ça arrivera, ça signifiera que nous avons reçu mutuellement satisfaction et qu’il sera temps que je parte ».
RAZAK