Friday, June 03, 2016

Le journalisme de petite besogne et la contagion suicidaire


Le journalisme de petite besogne

et la contagion suicidaire

C’est un journalisme mercantile où l’on va doit au but matériel recherché et au diable la vérité historique. S’offrant aux plus offrants, il fait du décousu de belles étoffes. Les journaleux qui s’y adonnent à cœur joie ou à contre cœur  sont des  costumiers de mauvais vaudevilles. Des farceurs impénitents. D’abord ils ne respectent ni l’intimité des mots, ni la déontologie en vigueur. De l’adverbe muet  on fait un ourlet et de la majuscule une dentelle. Ensuite comme des écervelés  amnésiques, ils ne se rendent même pas compte des méfaits commis. Comme ils sont incultes, ils sautent du coq à l’âne et du lièvre à la vache avec une aisance inouïe. Chez eux tout est galvaudé à outrance. Cependant, c’est l’autre côté de cette miteuse cavalcade qui inquiète. Comme par paradoxe , cette désinvolture mesquine plait aux magnats outrageusement argentés,  imbus de leur personne et plus que Narcisse ils sont fous de leur piètre parure. Les portraits que l’on brosse d’eux avec de la  cannelle alphabétique et que l’on épice avec du girofle-somnifère sont en réalité des caricatures. Ces tatoueurs de pacotille qui (ô malheur !) ont une carte de presse se moquent de l’imbécile crédulité  des demandeurs. Le but est de gagner de l’argent en écrivant des sottises. Les commanditaires de cette loto-rature qui misent sur des chiffres poisseux tombent dans le gouffre qu’ils ont creusé de leurs propres poches. Ce qu’il y a de tentaculaire dans cette pratique journalistique sans  ennoblissement, c’est qu’elle est contagieuse et fâcheusement exhibitionniste.  
Avant la duplication  sonore et visuelle, elle a gâché l’écriture. L’odieux visuel qui a avachi le peuple est plein de ratures,  de fanfaronnades , de sornettes  et d’histoires à dormir debout.
Autre lacune misérabiliste, ces petits capitalistes de la presse vendue sont incorrigibles et indomptables. On ne peut pas les dissuader par une quelconque argumentation, car ils s’associent avec le diable.  Ne demandez pas à Marx de corriger leurs erreurs, c’est inutile. Le pavlovisme le plus castrateur les a formatés à jamais. Ne dit-on pas: « affamez votre chien il vous suit ». Ce pauvre Marx a été exploité par des demandeurs de profits rentiers. Ils ont fait de ce philosophe de l’économie une passerelle pour accéder à des postes rémunérateurs.
Monsieur le gauchiste est devenu ambassadeur, Bravo pour l’ascension. Mais où sont vos diatribes  et vos tonitruants coups de gueule ? Qu’est-ce qui a changé pour changer le fusil d’épaule ? La lutte des classes a fini par de gros billets  de banque. Marx devrait s’arracher la barbe dans son caveau. Les Retourne-vestes veulent rattraper le temps perdu. Il faut profiter du système avant que ce ne soit trop tard. C’est une nouvelle doctrine plus forte que la religion et comme elle est contagieuse elle est devenue l’apanage de ceux qui jonglent avec les mots complaisants et qui acceptent de faire le singe dans cette jungle urbaine où le plus riche dicte la ligne à suivre au  plus pauvre.
Chez les journaleux carriéristes, il n’y a pas de place au militantisme. Il faut  nourrir la  progéniture d’abord, en vendant aux magnats publics ou privés des mots tirés par les cheveux et griffonnés à la hâte, mais bien astiqués et alambiqués pour ne vexer personne. Comme la multitude n’aime pas les loosers, ces crieurs de la presse ne chôment pas. Ils vivent à la merci de ceux qui gagnent.
«Démocratie religieuse, unanimité électorale, guerre propre, générosité bancaire…» il faut être dans un état d’ébriété excessif pour pondre de telles difformités langagières. Ainsi quand l’ivresse s’empare des mots lucides, ce n’est pas la peine d’aller fouiller dans les dictionnaires. Les mots insalubres ont souillé leurs pages. Tout va à la trappe. Avec ces cafouilleurs la vérité est et sera toujours en détresse.
RAZAK

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