Monday, December 02, 2019


Tifos contestataires
Par Razak

Des tribunes au tribunat, les irréductibles aficionados du Raja Club de Casablanca ( ainsi que d’autres clubs lui ressemblant ) ont transformé,  au fil des matchs disputés  l’arène de jeu en un immense amplificateur d’idées contestataires ne manquant pas de perplexité et en un véritable incubateur d’images allégoriques  que  les réseaux sociaux (y compris la plateforme youtubaire) se partagent en toute facilité.
Ainsi, vibrant à l’unisson, les voix de milliers de jeunes supporters, ayant ras le bol de la situation politique que le  pays  traverse, passent du déclamatoire sportif au déploiement revendicatif, avec une connotation sociopolitique évidente. Ces ultras qui exhibent des tifos d’un genre inédit  effraient les conservateurs et inquiètent les sécuritaires au plus haut  niveau.
La lourde peine infligée au rappeur-youtuber Lagnaoui a ravivé la flamme contestataire. Chaque match son cri et à peine lancé, son écho retentit plus loin que le coup de fusil. Mais les politiques ( toutes tendances confondues ) semblent en quadrature retard par rapport à  cette mouvance juvénile.
Hier on parlait de footite virale, aujourd’hui cette footite se politise à vue d’œil et d’allégorie en allégorie, la galerie des images ainsi composées se diversifie. Cette mouvance où le contestataire prend des formes insoupçonnées,  a été initialement entamée avec le boycott commercial ( Moqataâ ) qui a  porté préjudice à des sociétés ayant un gros chiffre d’affaires  et se poursuivant avec des tifos d’initiés. Celui  que le derby casablancais a engendré fait référence au célèbre roman de George Orwell  intitulé « 1984 » et précisément au «Room 101», lieu de torture et de lavage de cerveaux. Les autres  thèmes abordés  renvoient  à des ouvrages littéraires adaptés au grand écran ou au théâtre comme « Orange mécanique » et « La Cantatrice chauve » .
L’issue du derby est allé au plus chanceux  après une époustouflante remonatada  mais ce « Room 101 » répandu à la vitesse de l’éclair aux quatre coins du monde via Internet est resté chez certains comme un os en travers de la gorge car ils craignent  que la gronde, quittant les gradins, puisse s’installer dans les places publiques. Enfin, mieux vaut gueuler dans un espace clos  que déferler dans les  rues.

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