Tifos contestataires
Par Razak
Des tribunes au tribunat, les irréductibles aficionados
du Raja Club de Casablanca ( ainsi que d’autres clubs lui ressemblant ) ont transformé,
au fil des matchs disputés l’arène de jeu en un immense amplificateur d’idées
contestataires ne manquant pas de perplexité et en un véritable incubateur d’images
allégoriques que les réseaux sociaux (y compris la plateforme youtubaire)
se partagent en toute facilité.
Ainsi, vibrant à l’unisson, les voix de
milliers de jeunes supporters, ayant ras le bol de la situation politique que
le pays traverse, passent du déclamatoire sportif au déploiement
revendicatif, avec une connotation sociopolitique évidente. Ces ultras qui exhibent
des tifos d’un genre inédit effraient les
conservateurs et inquiètent les sécuritaires au plus haut niveau.
La lourde peine infligée au rappeur-youtuber Lagnaoui
a ravivé la flamme contestataire. Chaque match son cri et à peine lancé, son
écho retentit plus loin que le coup de fusil. Mais les politiques ( toutes
tendances confondues ) semblent en quadrature retard par rapport à cette mouvance juvénile.
Hier on parlait de footite virale,
aujourd’hui cette footite se politise à vue d’œil et d’allégorie en allégorie,
la galerie des images ainsi composées se diversifie. Cette mouvance où le
contestataire prend des formes insoupçonnées,
a été initialement entamée avec le boycott commercial
( Moqataâ ) qui a porté
préjudice à des sociétés ayant un gros chiffre d’affaires et se poursuivant avec des tifos d’initiés. Celui que le derby casablancais a engendré fait
référence au célèbre roman de George Orwell
intitulé « 1984 » et précisément au «Room 101», lieu de torture et
de lavage de cerveaux. Les autres thèmes
abordés renvoient à des ouvrages littéraires adaptés au grand écran ou au théâtre comme « Orange mécanique » et « La Cantatrice chauve » .
L’issue du derby est allé au plus
chanceux après une époustouflante
remonatada mais ce « Room 101 »
répandu à la vitesse de l’éclair aux quatre coins du monde via Internet est resté
chez certains comme un os en travers de la gorge car ils craignent que la gronde, quittant les gradins, puisse s’installer
dans les places publiques. Enfin, mieux vaut gueuler dans un espace clos que déferler dans les rues.
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