Monday, April 24, 2006


LE CINEMA MENACE PAR LE COMPUTER
On n’est pas passéiste si on est amené à dire que le passé du cinéma est plus riche et plus intéressant que le présent. Aujourd’hui , avec le recours massif et effréné aux images de synthèse , une sorte de perversité s’empare du cinéma. La manipulation du « virtuel » a atteint son paroxysme. Le doute s’installe .L’overdose est largement dépassée dans Matrix-2 et Spider Man destinés aux adolescents .Or le doute en matière de cinéma mène au dégoût et à la désaffection. C’est inéluctable. Jadis, lorsqu’un cascadeur réalise une prouesse à couper le souffle, le spectateur applaudit, car il sait que cette performance est réelle, puisqu’elle est effectuée par un être humain qui lui ressemble . Même prêtée à un acteur , ce qui est très fréquent dans les films d’action , elle reste du domaine de l’insolite . En général les spectateurs se remémorent plus des scènes dangereuses que des titres de films .Dans Papillon par exemple ( film tiré d’un best-seller) c’est le saut final de l’évadé qui reste vivace dans les esprits. Papillon c’est ce plongeon du haut de la falaise et le grand bleu de la liberté gagnée au prix de milles sacrifices et sévices corporels . Aujourd’hui, avec la surabondance des techniques de clonage électronique, le spectateur perd ses repères de lecture de film. Le cinéma assisté par l’ordinateur est un cinéma du jetable après visionnage . L’épithète « classique » lui serait interdite car le genre , si l’on peut parler ainsi , est en fait une multitude de genres et chaque jour qui vient s’ajouter à l’éphéméride de nouvelles inventions viennent effacer celles de la veille .L’on assiste à un phénomène étrange qui va inévitablement anticiper la mort de cet art né au 19eme siècle et auquel on a attribué le chiffre 7. Il s’agit de l’extinction, à petit feu, de ce qu’on appelle « vedette de cinéma » puisque c’est l’ordinateur qui est devenu la véritable vedette. Cette chosification de l’art et cette mécanisation porteront un coup fatal au « star-system » qui est considéré par les professionnels comme l’élément de base dans la carrière d’un film. Les stars, têtes d’affiches, attirent du public, mais l’ordinateur ne peut pas en fabriquer . Cette stérilité le contraint d’être l’instrument de son maître . Ainsi, les dinosaures imaginés par Spielberg et qui ont connu une certaine aura à leur apparition ont été vite remplacés par des créatures facétieuses de Freddy , un film désagréable où la virtualité et la fantaisie l’emportent sur le réalisme . Elles n’ont rien d’émotionnel . Que de l’épouvante et d’agacement pour la retire à chaque tour de bobine , alors que (si l’on reste dans le même registre ) les créatures étranges mises en image aux années héroïques de Hollywood en avaient à revendre. Parce qu’elles sont l’oeuvre géniale de talentueux plasticiens et maquettistes. L’on est actuellement submergé par un grand déluge d’images insipides obtenues par digitalisation .Certes, cette dernière technique a apporté des améliorations appréciables au niveau du son ( Dolby Digital Sound) mais au niveau de l’image elle a créé une débauche déontologique , puisqu’il suffit d’une photo d’un personnage quelconque , pour en faire un acteur . Au début on en fit un usage modéré car le procédé venait d’être mis au point . Dans Forest Gump cela a apporté une touche de gaîté au scénario avec un Nixon ressuscité pour les besoins de narration , mais à partir de The Mask la diarrhée commence. A la longue , on a fini par s’en lasser , car ces images sont froides et sont d’une brillance métallique. Elles épuisent le regard et atténuent la mémoire. Faire l’éloge du technologique c’est bien mais garder le sens de la mesure c’est meilleur. L’entrée impétueuse de l’ordinateur dans le domaine onirique et iconologique a perverti les standards de réception et bouleversé les valeurs de perception . La dimension humaine a tendance à disparaître au détriment du « machinal ». Les acteurs ne comptent plus sur leur « gueule » photogénique et sur leur carrure physique comme de fut le cas pour Charles Bronson , Anthony Queen et Yul Bruner , mais sur les output du computer .L’acteur devient alors prétexte d’un personnage. Cette luxuriance anormale d’images informatisées a créé un sentiment de nostalgie chez les cinéphiles qui aiment la sobriété et la prestance. Au lieu du clownesque Jim Carey et ses semblables qui se font assister par les infographistes et plus qui se prennent pour Zeus de leur génération les cinéphiles ont envie des lumières et des gloires du passé. Parce qu’ils en ont marre des robots d’aujourd’hui .Ils veulent revoir du vrai cinéma celui des bosseurs qui n’ont été propulsés au firmament des superstars qu’après des années de labeur et de persévérance .On en citerait pour mémoire : John Wayne, Humphrey Bogart, Gary Cooper , Fred Astaire, Burt Lancaster , Gary Grant , Kirke Douglas, Sidney Poitiers, Marlon Brando , Charles Bronson, Lee Marvin , Gregory Peck, Paul Newman , Steve mc Queen , Robert Redfort, Clint Eastwood , James Coburn , Clark Gable, Charlie Chaplin , Elisabeth Taylor, Ingrid Bergman , Amitabh Bachchan, Omar Charif , Greta Garbo , Marlene Dietrich, Katherine Hepburn , Luren Bacall, Sophia Loren …

RAZAK

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