Wednesday, April 26, 2006

SCIENCE-FICTION-FACT



SCIENCE-FICTION-FACT



Robert Wise le co-réalisateur de ’’West Side Story’’(comédiemusicale pour laquelle il eut en 1961deux oscars, dont celui de la meilleure mise en scène) aimait employer le mot «science-fact» au lieu de «science-fiction» surtout lorsqu’il évoque son film ’’Le Mystère Andromède’’ (1971).Le mot «science-fiction» est connu par tous les cinéphiles du monde, parce qu’ils ont les yeux gavés par beaucoup de films du genre. Le terme «science-fact» a une connotation wisienne: «Le film est imprégné de faits d’éléments scientifiques qui existent ou dont la réalité est imminente» explique-t-il. La démarche de Robet Wise est on ne peut plus claire: «se ressourcer dans la science sans en être conditionné».
En bref, on peut dire sans risque d’être contrarié qu’il met en fiction des faits scientifiques, car après tout, un film de narration scientifique de quelque genre qu’il soit, reste une fiction. Autrement dit, ce serait un film documentaire et dans ce cas l’objectivité et la rigueur scientifique s’imposent d’elles mêmes. Le film de «science-fact» qu’il défendait n’avait rien à voir avec le cinéma scientifique dont le cinéma médical est un sous-genre.(Je signale en passant qu’à Rabat des années 80 un centre culturel européen consacrait un programme hebdomadaire au cinéma médical. Aussitôt, il devint un petit ciné-club scientifique où professeurs universitaires, docteurs et élèves en médecine viennent discuter des films projetés. L’auteur de ces paragraphes y participait par curiosité scientifique et cinéphilique, mais regrette sa disparition prématurée).
Revenons à Wise et à son «science-fact» pour dire que le genre aurait été mieux désigné si on avait inséré le mot fiction entre «science» et «fact» pour former le bloc sémantique «science-fiction-fact».Laissons à part ce jeu de sémiologie et examinons la thèse de RobetWise. Ce qui intrigue dans son raisonnement c’est cette allusion au (je cite) «retour hypothétique d’une fusée lancée dans l’espace et qui serait susceptible de ramener sur terre une bactérie qui anéantirait l’espèce humaine».
En y réfléchissant avec un peu de latence et de pesanteur, on trouve que l’idée ne manque ni de pertinence, ni de signes annonciateurs.En fin de compte, reconnaissons volontiers, que nul ne peut dire aujourd’hui, avec la multiplication de navettes spéciales et de sondes voyageuses, de plus en plus rapides et de plus en plus gourmandes du cosmos, que cette invasion bactérienne venue d’un autre monde serait impossible à admettre. Vu d’une part la petitesse de l’homme, par rapport à l’infinitude de l’univers et d’autre part, le fait que l’on n’a (malgré les progrès de l’astronomie de la cosmologie) qu’une connaissance imparfaite des galaxies qui nous environnent, toutes ces faiblesses humaines autorisent à croire en la probabilité de tels évènements tragiques. Le moindre indice de dysfonctionnement stellaire nous met en état de désarroi. Rappelez-vous la petite farce radiophonique qui a failli chavirer l’Amérique du behaviorisme, des lumières et de la haute technologie, dans la psychose. Il s’agit de ’’La Guerre des Mondes’’ qu’un jeune comédien inconnu appelé Orson Welles a diffusée le 30 octobre 1938 sur les ondes de la radio. Il aimait les canulars et  c’était pour cela  que le jeu de narration était tellement vraisemblable qu’on avait cru sérieusement à l’apocalypse. Ce diable d’homme fomentateur devint par la suite un des maîtres du septième art notamment après ’’Citizen Kane’’. Sa facétieuse prestation a été retenue par tous les historiens de cinéma, comme étant une des plus originales. Un canular qui secoua violemment la crédulité des Nord-Américains. Outre le spectre  zodiacal de l’horoscope, le sidéral et l’activité astrale semblent avoir une incidence sur le comportement humain. Cette désinvolture humaine prouve que l’assurance, le fair-play et surtout la gestion raisonnable de la peur collective, c’est ce qui fait défaut chez les humains, dès qu’un phénomène cosmique étrange apparaît dans la lithosphère. La chute des météorites en est un des plus inquiétants.
Le cinéma s’est déjà saisi du phénomène. Wise tout comme Welles aimaient le suspense engendré par le fantastique. Si cette réalité hypothétique devient factuelle (le mot fact en anglais signifie fait) ce serait une prémonition désagréable.
En poseurs d’énigmes, ces deux hommes voulaient nous dire qu’il ya menace en la demeure. Notre terre n’est pas suffisamment protégée. Au début, on prenait leurs idées pour du délire d’hommes dérangés, mais le temps leur a donné raison.Espérons qu’il n’en serait pas ainsi pour l’hypothétique invasion bactérienne mise en exergue par Robert Wise, car notre quiétude et notre survie en dépendraient.

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