SCIENCE-FICTION-FACT
Robert Wise le co-réalisateur de ’’West Side Story’’(comédiemusicale pour
laquelle il eut en 1961deux oscars, dont celui de la meilleure mise en scène)
aimait employer le mot «science-fact» au lieu de «science-fiction» surtout
lorsqu’il évoque son film ’’Le Mystère
Andromède’’ (1971).Le mot «science-fiction» est connu par tous les
cinéphiles du monde, parce qu’ils ont les yeux gavés par beaucoup de films du
genre. Le terme «science-fact» a une connotation wisienne: «Le film est imprégné de faits d’éléments scientifiques qui existent ou
dont la réalité est imminente» explique-t-il. La démarche de Robet Wise est
on ne peut plus claire: «se ressourcer dans la science sans en être
conditionné».
En bref, on peut dire sans risque
d’être contrarié qu’il met en fiction des faits scientifiques, car après tout,
un film de narration scientifique de quelque genre
qu’il soit, reste une fiction. Autrement dit, ce serait un film
documentaire et dans ce cas l’objectivité et la rigueur scientifique s’imposent
d’elles mêmes. Le film de «science-fact» qu’il défendait n’avait rien à voir
avec le cinéma scientifique dont le cinéma médical est un sous-genre.(Je
signale en passant qu’à Rabat des années 80 un centre culturel européen
consacrait un programme hebdomadaire au cinéma médical. Aussitôt, il devint un
petit ciné-club scientifique où professeurs universitaires, docteurs et élèves
en médecine viennent discuter des films projetés. L’auteur de ces paragraphes y
participait par curiosité scientifique et cinéphilique, mais regrette sa
disparition prématurée).
Revenons à Wise et à son
«science-fact» pour dire que le genre aurait été mieux désigné si on avait
inséré le mot fiction entre «science» et «fact» pour former le bloc sémantique
«science-fiction-fact».Laissons à part ce jeu de sémiologie et examinons la thèse
de RobetWise. Ce qui intrigue dans son raisonnement c’est cette allusion au (je
cite) «retour hypothétique d’une fusée
lancée dans l’espace et qui serait susceptible de ramener sur terre une
bactérie qui anéantirait l’espèce humaine».
En y réfléchissant avec un peu de
latence et de pesanteur, on trouve que l’idée ne manque ni de pertinence, ni de
signes annonciateurs.En fin de compte, reconnaissons volontiers, que nul ne
peut dire aujourd’hui, avec la multiplication de navettes spéciales et de
sondes voyageuses, de plus en plus rapides et de plus en plus gourmandes du
cosmos, que cette invasion bactérienne venue d’un autre monde serait impossible
à admettre. Vu d’une part la petitesse de l’homme, par rapport à l’infinitude
de l’univers et d’autre part, le fait que l’on n’a (malgré les progrès de
l’astronomie de la cosmologie) qu’une connaissance imparfaite des galaxies qui
nous environnent, toutes ces faiblesses humaines autorisent à croire en la
probabilité de tels évènements tragiques. Le moindre indice de
dysfonctionnement stellaire nous met en état de désarroi. Rappelez-vous la
petite farce radiophonique qui a failli chavirer l’Amérique du behaviorisme,
des lumières et de la haute technologie, dans la psychose. Il s’agit de ’’La Guerre des Mondes’’ qu’un jeune
comédien inconnu appelé Orson Welles a diffusée le 30 octobre 1938 sur les
ondes de la radio. Il aimait les canulars et
c’était pour cela que le jeu de
narration était tellement vraisemblable qu’on avait cru sérieusement à
l’apocalypse. Ce diable d’homme fomentateur devint par la suite un des maîtres
du septième art notamment après ’’Citizen
Kane’’. Sa facétieuse prestation a été retenue par tous les historiens de
cinéma, comme étant une des plus originales. Un canular qui secoua violemment
la crédulité des Nord-Américains. Outre le spectre zodiacal de l’horoscope, le sidéral et
l’activité astrale semblent avoir une incidence sur le comportement humain.
Cette désinvolture humaine prouve que l’assurance, le fair-play et surtout la
gestion raisonnable de la peur collective, c’est ce qui fait défaut chez les
humains, dès qu’un phénomène cosmique étrange apparaît dans la lithosphère. La
chute des météorites en est un des plus inquiétants.
Le cinéma s’est déjà saisi du
phénomène. Wise tout comme Welles aimaient le suspense engendré par le
fantastique. Si cette réalité hypothétique devient factuelle (le mot fact en
anglais signifie fait) ce serait une prémonition désagréable.
En poseurs d’énigmes, ces deux
hommes voulaient nous dire qu’il ya menace en la demeure. Notre terre n’est pas
suffisamment protégée. Au début, on prenait leurs idées pour du délire d’hommes
dérangés, mais le temps leur a donné raison.Espérons qu’il n’en serait pas
ainsi pour l’hypothétique invasion bactérienne mise en exergue par Robert Wise,
car notre quiétude et notre survie en dépendraient.
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