Saturday, May 06, 2006

Le cinéma indien élargit son public



Le cinéma indien élargit son public
Négligé pendant longtemps par l’Occident, le cinéma indien est maintenant en train de conquérir de nouveaux espaces cinéphiliques et d’élargir son public. Il change progressivement d’image aux yeux de l’Occident.
La presse occidentale, habituée à louer sans retenue le cinéma américain, et acculée à ne s’intéresser que sporadiquement au cinéma hindou, semble revenir sur ses préjugés pour en rectifier les plus hâtifs. Aussi, les critiques européens et anglo-saxons qui aimaient répéter les mêmes idées préconçues sur le cinéaste Satyajit Ray, sans étendre le champs d’analyse aux autres faiseurs d’images, anciens et nouveaux, commencent à prendre au sérieux les avancées de Bollywood (mot formé à partir de Bombay et de Hollywood, il désigne les studios de Bombay). Les stars des mélos « Masala » font ravir les foules. Là où elles vont, elles sont accueillies avec déférence, choyées et applaudies copieusement. Sahrukh Khan trône sur les cœurs de millions de teen-agers indiens. Ses admirateurs ne cessent de se multiplier et son aura a dépassé les frontières du sous-continent. Au Maroc, le phénomène « charokhane » est à décrypter sous différents angles : sociologique, ludique et culturel... Madhuri Dixit, au sommet de sa popularité, trouve des difficultés à se déplacer dans sa propre ville. Les fans rassemblés quotidiennement par centaines devant sa résidence, l’empêchent de vivre sa vie normalement. Le vétéran Amitabh Bachchan, déjà considéré comme un demi dieu dans son pays, ne sait plus comment répondre aux nombreuses sollicitations. A Marrakech, lors de sa visite au Maroc, il mobilisa une foule immense. Aishwarya Rai, l’héroïne du flamboyant Devdas, est devenue une vedette très demandée. Après le tournage de Bride and Prejudice, elle partagera très prochainement l’affiche avec la star hollywoodienne Meryl Streep dans un film intitulé Chaos et signé Coline Serreau. Le tournage est prévu pour mars 2004. Amisha Patel, une actrice photogénique, sera visible dans « The Rising » un film produit par Bobby Bedi, après le désistement de dernière minute de sa compatriote Aishwarya Rai, la Miss Monde 1994. D’autres sont en train de forger leur image sur du métal dur et luisant. Ils se nomment : Hrithik Roshan, Anil Kapoor, Vivek Oberoi, Ajay Devgan, Akshay Kumar, Bobby Deol, Sunil Shetty, Sunny Deol, Govinda, Rani Mukherjee, Kajol, Raveena Tandon, Kareena Kapoor, Karisma Kapoor, Juhi Chawla, Preity Zinta, Manisha Koirala, Philpa Shetty, Sushmita Sen... Des réalisateurs talentueux comme Yash et Aditya Chopra, Sanjay Leela Bhansali , Ashutosh Gowariker, Shekhar Kapur, Rakesh Omprakesh Mehra, Karan Johar, Aziz Mirza, Sudhir Mishra, commencent à faire parler d’eux en Occident. Bref, les films hindis, qu’ils soient en langue tamoule, en Malayan ou en « Hinglish » (mélange d’hindi et d’anglais, l’équivalent du « franglais ») présentent cette particularité séduisante : Le dépaysement. Certes, parmi les 800 films que le pays produit annuellement, il y a beaucoup de navets et de films de propagande (cachemirophobie oblige). Mais les plus réussis, comme ceux où l’on glorifie l’amour, l’amitié et la coexistence pacifique entre les peuples, ont réussi à être exportés. Certains films comme « Dil To Pagal Hai », « Dilwale Dulhania Le Jayenge » et « Mohabbatein » ont une valeur thérapeutique. On devrait les prescrire aux stressés.
Résumons, le cinéma indien commence à faire bonne presse. Tant mieux. Il a dépassé le stade de curiosité exotique, Il y a belle lurette . Les réfractaires qui reprochaient au film hindi sa langueur et sa longueur, finiront par succomber à la « masalamania » envahissante. Certains disent qu’il y a trop de chansons et que l’intrigue est absente. Or, un film indien ne peut se concevoir sans chansons et sans spectacle de danse. Le genre en dépend organiquement comme le Western dépend des ingrédients du Far Ouest : cheval, cow-boy armé, banque, saloon, shérif, hors la loi, diligence... Le film hindi a ses propres codes comme le Western a les siens. On aime ou on n’aime pas. Du point de vue évolutif, l’on peut dire que le cinéma made in India n’est pas celui qu’on croit. Des progrès appréciables ont été réalisés ces dernières années par cette cinématographie émergeante. Il faut être aveugle et anti-tiers-mondiste pour le nier. Dorénavant, Hollywood doit compter avec Bollywood comme émule incontournable. Après le fighting quantitatif dont les Hindous savourent les joies d’une domination absolue, c’est au niveau qualitatif que se dispute maintenant le challenge. Malgré la flagrante disparité des capitaux de production, les Indiens, utilisant les moyens du bord, arrivent à faire de belles choses. Cela mérite toute notre éloge. Est-ce un hasard si le très américanisé festival de Cannes a dérogé à la règle en programmant le très beau remake Devdas, ou si, outre-Atlantique, l’Academy Awards a sélectionné le film Lagaan où le jeune et talentueux acteur Aamir Khan tient le principal rôle ? L’année 2004 confirme la tendance déjà entamée avec une grande plus-value médiatique. L’événement de ce début d’année est sans conteste la retrospective du cinéma indien que le Centre Pompidou organise à Paris. Aussi, le festival de Berlin propose une sélection aussi riche que variée. Comme le cinéma indien est extrêmement prolifique, les aficionados auront l’embarras du choix.

RAZAK
(Parue le 31 janvier 2004)


NOTE DE L’AUTEUR : Bollywood affronte actuellement un problème inhérent au mariage des actrices les plus célèbres .Madhuri Dixit ,Kajol , Karisma Kapoor et bien d’autres ont préféré la vie de mère à la vie d’actrice . Kajol a pu retourner au plateau de tournage (Fanaa avec Aamir Khan).On annonce incessemment le comeback tant attendu de la sublimissime Madhuri Dixit. Concernant la "masalamania" envahissante , on remarque qu'elle a atteint la Russie après avoir enivré la Hollande et la Suisse. L'accueil chaleureux que Paris a réservé au King et à la Queen de Bollywood SRK et Rani à l'occasion de l'avant-premiere de Veer-Zaara montre que cette "masalmania" contagieuse est passée par là hexagonalement .

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