Wednesday, May 31, 2006
Râ des salles obscures
Râ des salles obscures
Le monde du cinéma est en perpétuelle mutation . Même la terminologie utilisée par les différents protagonistes du métier est sujette à des variations ininterrompues. Le progrès technologique en constitue le principal élément inducteur. Tenez, autrefois, pour parler des artifices visuels créés, soit dans la camera, soit par les décorateurs , on disait «trucages», aujourd’hui, à l’ère du multimédia et du Web, on dit «effets spéciaux».Mais en fin de compte, le cinéma dans sa genèse, n’est-il pas qu’un «effet spécial», une tricherie visuelle, puisque notre œil, si facile à tromper, ne peut percevoir le mouvement normal , par persistance rétinienne, qu au delà d’une certaine cadence (24 images par seconde)?L’euphorie des découvertes nous fait oublier la justesse des mots .Les historiens des sciences du cinéma se sont beaucoup appesantis sur l’apport des pionniers du cinéma et des physiologistes qui ont étudié le phénomène de fixation des images dans le cerveau humain, mais le plus souvent, ils omettaient de citer les premiers savants qui ont créé les lois de l’électricité, avec à leur tête Coulomb, Watt, Ampère et Pouillet. Car comment peut-il y’ avoir cinéma sans le courant électrique? Impossible. Pour plus d’honnêteté lexicographique, l’on devrait appeler le cinéma «électri-cinéma». N’importe quel projectionniste de n’importe quelle salle de cinéma du monde vous dirait qu’il faudrait des ampoules spéciales d’une forte puissance électrique pour que la projection du film se fasse normalement. De même, la bande-son ne serait que muette sans la liaison électrique. Les premiers magnétophones (à bande magnétique), tout comme les cédéroms, ont besoin d’une source électrique. Même le DVD (Digital Versatil Disk) qui est entrain de révolutionner les moeurs cinéphiliques en apportant le cinéma jusque chez soi (Système Home cinéma) ne jure que par Deus Electricus, c’est à dire Râ des salles obscures.
Que peut-on dire en conclusion après avoir survolé les principaux points culminants de la nébuleuse «électri-cinématographique» sauf rappeler le rôle moteur joué par cette source d’énergie et qu’on a, par inadvertance, tendance à sous estimer? Et aussi curieux que cela puisse surprendre, le phénomène électrique mis en évidence à l’origine par ses propriétés attractives ou répulsives (électrostatique) a transmis au cinéma (de manière je dirais consanguine) cette dualité, puisqu’on trouve d’un côté des gens sur lesquels, le cinéma exerce un pouvoir attractif (cinéphiles) et de l’autre, ceux qui manifestent leur pulsion répulsive (iconoclastes, cinéphobes). La grande découverte des siècles à venir serait un cinéma fonctionnant sans énergie électrique. Mais l’on imagine mal quel en serait le dispositif.
RAZAK
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